La mémoire immunitaire et le rôle du pharmacien dans la vaccination

Par Alphonse Doutriaux

6 mai 2025

7 min

Dans le cadre d’une vaccination, le procédé consiste à compter sur la mémoire immunitaire de l’organisme. Si ces termes sont encore peu familiers du grand public, ils illustrent pourtant parfaitement la réaction du corps. Il se rappelle du pathogène et de la réponse appropriée pour pouvoir se préserver. C’est donc sur ce principe que fonctionnent la plupart des vaccins. Cependant, il est important de pouvoir distinguer la réponse dite « innée » et la réponse « acquise ». Le pharmacien doit en effet comprendre ces notions pour pouvoir rassurer le patient, le conseiller et l’accompagner dans le cadre d’une vaccination.

Comprendre le rôle de la mémoire immunitaire

Le système immunitaire est le système de défense de l’organisme. C’est lui qui est en charge de lutter contre les virus, bactéries et autres agressions pour préserver le corps. On dit que ce système a une mémoire qui lui permet d’apporter une réponse adaptée en fonction du pathogène qu’il identifie. L’efficacité de la vaccination repose notamment sur cette mémoire immunitaire. On parle alors de réponse acquise. Cela étant, on considère également que le système immunitaire est capable d’apporter une réponse innée.

Réponse innée

Celle que l’on nomme la réponse innée est la réponse exercée par les phagocytes de l’organisme. Cette réponse est présente dès la naissance, elle est immédiate et non spécifique de l’agent pathogène. Même si elle induit plus de 90% de la destruction de l’agent, elle ne produit pas de mémoire immunitaire et ne s’améliore pas au fil des expositions. 

 

On considère cette réponse innée comme étant la première barrière de défense contre un pathogène. 

Réponse acquise

La réponse acquise, à l’inverse, se constitue après un premier contact avec un pathogène. Elle intervient quelques jours à quelques semaines après la contamination, mais elle permet d’obtenir une défense plus spécifique. Cela entraine ce que l’on appelle :

 

-        Une immunité humorale : L’immunité humorale résulte de la transformation des lymphocytes B en plasmocytes pour produire des anticorps qui neutraliseront les agents pathogènes.
-        Une immunité cellulaire : L’immunité cellulaire résulte de l’action cytotoxique et anti-infectieuse des lymphocytes T CD8+.

 

Par ailleurs, les lymphocytes T CD4+ régulent l’activation de l’immunité humorale et de l’immunité cellulaire pour construire un système d’immunité durable. 

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Le principe de la vaccination

Le principe de la vaccination repose sur le principe de réponse acquise et de mémoire immunitaire. En introduisant une préparation inactivée ou similaire à un agent pathogène à l’organisme, on provoque une réponse de ce dernier. Des anticorps sont produits et dirigés vers le contenu du vaccin. Dès lors, on crée une mémoire au sein même de l’organisme qui sera en mesure de se réactiver si l’agent pathogène se présente à nouveau (sous sa forme classique et donc potentiellement dangereuse). Cette mémoire immunitaire créée permet donc de se défendre avec une réponse adaptée si l’on rencontre à nouveau l’agent infectieux. 

Les réponses immunitaires obtenues grâce aux rappels de vaccination

Si les avantages de la vaccination se font généralement sentir après plusieurs injections, c’est que le corps a besoin d’être confronté plusieurs fois à certains pathogènes pour les reconnaitre et développer une immunisation adaptée.
 

Le principe de la vaccination offre une immunité acquise dès la première injection, mais elle est souvent incomplète. En effet, la réponse primaire correspond à celle provoquée par la primo-vaccination. Généralement, elle est tardive et les anticorps augmentent lentement puis décroissent rapidement. C’est pour cette raison que le principe de la vaccination demande souvent un ou plusieurs rappels afin d’obtenir une réponse secondaire.

 

Cette fois, la réponse des anticorps est bien plus rapide, plus efficace et sur une plus longue durée. L’immunité acquise ici est optimale au cas où le pathogène se présentera suite à une contamination (et non suite à un vaccin). Pour une immunisation optimale, il est donc primordial de suivre le plan vaccinal à la lettre afin de s’assurer de se prémunir contre les maladies évitables par la vaccination. Système immunitaire et vaccin travaillent ensembles.

La mémoire immunitaire : Clé de la protection à long terme

Système immunitaire et vaccin sont donc intimement liés pour que l’un soit sollicité par l’autre. Le principe de vaccination permet donc d’obtenir une immunité acquise fiable contre de nombreuses maladies. Ainsi, c’est dès le plus jeune âge que les enfants sont vaccinés afin de se protéger contre les affections les plus graves et ainsi bénéficier d’une immunisation des plus efficaces. La mémoire cellulaire est donc la clé de l’immunisation et offre des effets à long terme.

Les avantages de la vaccination pour la santé publique

Si les avantages de la vaccination sont pris en compte au niveau de la santé publique, c’est qu’ils sont importants à titre individuel, mais aussi à titre collectif. On peut notamment citer parmi les avantages de la vaccination pour la santé publique :

 

-        La prévention de maladies infectieuses : pour réduire le nombre de cas, mais aussi de décès et de complications. Aujourd’hui, des maladies comme la poliomyélite, la rougeole, la diphtérie, la coqueluche ou encore la COVID-19 se font de plus en plus rares grâce aux campagnes de vaccination.
-        La protection collective : le fait qu’une grande partie de la population soit vaccinée ralentit la circulation des pathogènes. Les personnes vulnérables qui ne peuvent pas être vaccinées sont ainsi d’autant plus préservées. Nous l’avons vu durant l’épidémie de la COVID-19, se faire vacciner est un geste pour soi et pour les autres. 
-        La réduction des coûts pour le système de santé : qui dit moins de malades dit aussi moins d’hospitalisations, de traitements ou encore d’arrêt de travail. La vaccination offre donc une réduction des coûts considérable pour le système de santé en France.
-        L’éradication de certaines maladies : À force de lutter contre certaines maladies, elles sont éradiquées ou en passe de l’être. C’est notamment le cas de la variole qui est éradiquée depuis 1980. Plusieurs autres maladies sont évitables par la vaccination.

Le rôle essentiel du pharmacien dans le renforcement de la mémoire immunitaire

Le pharmacien tient une place essentielle dans le renforcement de la mémoire immunitaire puisqu’il est habilité à prescrire et administrer certains vaccins. Il est donc entièrement partie prenante du parcours vaccinal des patients. Dès lors, être en mesure d’expliquer simplement le concept de mémoire immunitaire et de faire de la prévention est un pré-requis pour les pharmaciens en officine. La formation vaccination en officine entre parfaitement dans le cadre de la formation DPC et donnera toutes les clés nécessaires aux pharmaciens pour aborder cette thématique. Elle se compose de plusieurs modules dont :


-        Les maladies à prévention vaccinale
-        Le calendrier vaccinal
-        La traçabilité et la transmission de l’information
-        Savoir prescrire en pratique

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