Les étapes de l'analyse des pratiques après l'audit clinique

Par Thomas Cornet

7 novembre 2022

8 min

L’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) est l’une des 3 actions permettant aux professionnels de santé de valider leur DPC. La Haute Autorité de Santé (HAS) définit les EPP comme « des activités qui conduisent les professionnels de santé à porter un regard critique sur leurs pratiques pour les améliorer en se fondant sur les recommandations de bonnes pratiques ».

L’audit clinique fait partie des outils d’analyse de pratiques professionnelles dans le cadre préconisé par la HAS. Mais une fois cette analyse des pratiques professionnelles réalisée, que faut-il en faire ? Comment analyser les données recueillies à la suite d'un audit clinique ? À quoi servent le plan d’action d’amélioration et la réévaluation ? Découvrons cela ensemble dans cet article.

La phase finale de l'EPP

Objectif de l’EPP

La phase finale de l’EPP, appelée “réévaluation”, vise à vérifier l’efficacité des actions mises en place suite à l’audit clinique. Les objectifs d’un audit clinique étant les suivants :

  • mesurer l’écart entre la pratique du professionnel et le référentiel de la HAS  ;
  • définir et instaurer des actions d’amélioration ;
  • s’assurer de l'efficacité des actions d’amélioration.

Un audit clinique vise à améliorer la qualité des soins aux patients et les résultats cliniques grâce à l'examen des pratiques par les pairs en fonction de normes fondées sur des données probantes. En tant que processus d'amélioration de la qualité, les audits cliniques peuvent aider les professionnels de la santé à identifier les lacunes dans leurs pratiques actuelles, à offrir de meilleurs soins à leurs patients et à respecter les normes professionnelles.

Pour résumer

Lors d’une EPP, le/la professionnel(le) de santé doit auto-analyser sa pratique pour comparer une situation clinique vécue aux recommandations de bonnes pratiques en vigueur.

La réalisation d’un audit clinique se déroule en plusieurs étapes :

  1. choix du thème ;
  2. choix des critères ;
  3. choix de la méthode de mesure ;
  4. recueil des données ;
  5. analyse des résultats ;
  6. élaboration d’un plan d'action d'amélioration ;
  7. réévaluation.

Plan d'amélioration et réévaluation

L’audit clinique consiste donc à identifier les écarts entre ses pratiques et les pratiques attendues, pour construire un plan d’action visant à améliorer la qualité des soins. L'analyse des écarts observés sert à identifier les différentes causes qui peuvent provenir de plusieurs dysfonctionnements :

  • manque de connaissances de la part du professionnel ;
  • manque de méthode et/ou de matériels inadéquats ;
  • manque de coordination dans la prise en charge du/de la patient(e) ;
  • manque de conviction et de motivation de la part du personnel.

Une fois les causes des écarts identifiées, il convient de mettre en place un plan d’amélioration afin de combler ces écarts. Enfin, il faudra procéder à une réévaluation afin de mesurer les résultats des actions réalisées. 

Bon à savoir

La phase finale de l’EPP, appelée réévaluation, consiste donc à analyser les résultats suite à l’audit clinique réalisé après la mise en place du plan d'action d'amélioration.

L'importance de la réévaluation

L’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) se termine toujours par une phase de réévaluation. Cette réévaluation a généralement lieu un an après la première étude. Dans le cas où la sécurité du patient est en cause, les actions d'amélioration s'imposent de façon urgente et la réévaluation doit avoir lieu plus rapidement.

Important

Son rôle est primordial, car elle permet de mesurer l'impact des actions correctives qui ont été mises en place en réponse aux écarts observés lors de l’analyse des premiers résultats de l’audit. 

Ainsi, suite à la réévaluation, le professionnel peut confirmer que son plan d’action d’amélioration a porté ses fruits et que les écarts avec le référentiel de la HAS ont été comblés.

Le plan d'amélioration

L’audit clinique permet de mettre en évidence les écarts observés entre les pratiques réalisées et celles attendues par la has. L’objectif est ensuite de parvenir à combler ses écarts en mettant en œuvre un plan d’amélioration. Celui-ci identifie les éléments suivants :

  • les mesures correctives (à prioriser en fonction de la gravité des écarts et de la nature des actions à mettre en place) ;
  • le calendrier prévisionnel ;
  • le responsable de chaque action.

En réponse à l’analyse des causes des écarts, le professionnel de santé peut définir les
thèmes ou les axes d’amélioration des actions à mener dans le cadre du plan d’amélioration. Les objectifs à atteindre peuvent être divers.

  • Résoudre les dysfonctionnements : si les écarts de conformité identifiés comportant des risques importants, le professionnel de santé doit immédiatement mettre en place des mesures correctives et prévoir une réévaluation rapide.
  • Agir sur les causes des problèmes en rapport avec le personnel ou les équipements à disposition.
  • Améliorer les pratiques professionnelles.
  • Pérenniser les acquis, en suivant par exemple une formation suite à l’EPP.

Comment améliorer les pratiques professionnelles ?

L’objectif final de l’analyse de la pratique professionnelle est d’améliorer la qualité des soins administrés aux patients. Pour cela, suite aux écarts observés lors de l’audit de recherche clinique réalisé, le praticien doit mettre en place un plan d'amélioration qui peut revêtir plusieurs approches.

  • Une approche « processus ». Cela peut se traduire par l’amélioration d’un processus transversal ou d’un segment de processus de prise en charge. Il peut également s’agir de  l’actualisation, la rédaction, la validation de procédures de soins, de protocoles thérapeutiques ou de documents.
  • Une approche « ressources ». Dans ce cas, il s’agit de faire l’acquisition de nouveaux matériels ou équipements.
  • Une approche « résultats ». Ici, le professionnel s’intéresse à des données chiffrées (exemple : diminuer de 30 % le taux d’escarres d’ici deux ans).

Une fois l’approche définie, le professionnel doit soumettre son plan d’action d’amélioration pour validation aux directions et instances concernées. Ces actions nécessitent en effet leur engagement et la négociation de ressources (humaines, matérielles et/ou financières).

Important

Si l’audit clinique concerne un nombre important d’unités ou que l’axe d’amélioration choisi suppose des changements importants, la recherche des stratégies, la sélection des actions et leurs modalités de mise en œuvre devront être précisées dans un second temps, par le chef de projet et l’équipe projet en charge du plan d’amélioration. 

Dans le cas des petites structures ou pour des audits portant sur une pratique de soins spécifique, ciblée, la présentation des résultats, la validation des axes d’amélioration, la définition du plan d’action ainsi que la négociation des ressources nécessaires peuvent faire l’objet d’une seule opération.

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