Épidémiologie actualisée des cancers féminins
Les dernières données issues du Panorama des cancers en France – édition 2024 de l'INCa révèlent des chiffres toujours élevés :
- Le cancer du sein reste le plus fréquent, avec plus de 61 000 cas annuels. Il est responsable de près de 12 000 décès par an.
- Le cancer du col de l’utérus, bien que largement évitable, concerne encore environ 3 000 femmes par an.
- Le cancer de l’ovaire est souvent diagnostiqué tardivement, avec environ 5 000 nouveaux cas chaque année.
- Le cancer de l’endomètre enregistre près de 8 000 cas, avec une incidence en hausse liée à la sédentarité et à l’obésité.
- Le cancer du poumon touche désormais près de 20 000 femmes chaque année, conséquence directe de l’augmentation du tabagisme féminin.
Des freins persistants au dépistage
Malgré des campagnes régulières, la participation aux programmes de dépistage reste insuffisante :
- Pour le cancer du sein, le dépistage organisé vise 70 % de participation, mais ne dépasse pas 50,6 % selon l’INCa.
- Concernant le cancer du col de l’utérus, seules 50 % des femmes sont à jour du dépistage HPV, d’après les données de l’INCa.
- Les freins sont multiples : méconnaissance des dispositifs, difficultés d’accès, gêne liée aux examens, peur du diagnostic ou charge mentale élevée.
L’impact psychologique à ne pas sous-estimer
Les cancers féminins engendrent souvent une souffrance psychologique intense. La nature intime des organes concernés peut affecter l’image corporelle, la sexualité, voire l’identité de genre.
Les patientes évoquent fréquemment :
- une anxiété importante lors des examens et de l’attente des résultats ;
- un sentiment de perte de féminité après chirurgie ;
- des troubles de l’humeur accentués par les traitements hormonaux ;
- une peur de la récidive durable, même en rémission complète.
L’INCa recommande un accompagnement psychologique adapté dès le diagnostic, dans une logique de soins de support.
Le rôle central de la médecine de ville
Les médecins généralistes sont des relais essentiels pour :
- initier le dépistage ;
- évaluer les facteurs de risque ;
- suivre les patientes après traitement ;
- coordonner les soins avec les spécialistes.
Les sages-femmes participent activement au dépistage du col de l’utérus et à la vaccination HPV, autorisées à réaliser les frottis et à accompagner les femmes dans la prévention.
Les gynécologues assurent le suivi spécialisé, la gestion des lésions précancéreuses, et travaillent en lien avec les oncologues pour les traitements.
Soins de support et accompagnement global
Les soins de support améliorent la qualité de vie pendant et après les traitements. Ils incluent :
- l’activité physique adaptée, pour atténuer la fatigue et renforcer la récupération ;
- une nutrition personnalisée, adaptée aux effets secondaires ;
- la sophrologie ou l’hypnose, pour mieux gérer l’anxiété ;
- un soutien psychologique, souvent encore sous-utilisé.
Ces dispositifs sont disponibles via les réseaux régionaux de cancérologie et doivent être intégrés dans le parcours de soins.
Des innovations à surveiller
Plusieurs innovations améliorent la détection et la prévention :
- La tomosynthèse mammaire (ou mammographie 3D) augmente la sensibilité du dépistage, notamment pour les seins denses.
- Le test HPV autoprélévé, en cours d’expérimentation, facilite l’accès pour les femmes éloignées du système de soins.
- La vaccination HPV en milieu scolaire, généralisée depuis 2023 en classe de 5e, constitue un levier important vers une meilleure prévention.
Objectifs nationaux à horizon 2030
Le Plan cancer 2021–2030 a fixé plusieurs ambitions :
- réduire de 60 000 cancers évitables par an ;
- proposer 1 million de dépistages supplémentaires dès 2025 ;
- atteindre 80 % de couverture vaccinale HPV ;
- renforcer la coordination entre ville et hôpital.
Se préparer dès maintenant
Les professionnels de santé sont des piliers dans cette stratégie nationale. Pour répondre aux nouveaux enjeux, il est essentiel de :
- mettre à jour ses connaissances médicales ;
- intégrer les recommandations de la HAS et de l’INCa ;
- améliorer l’approche relationnelle et la prise en charge globale ;
- maîtriser les innovations techniques et les messages de prévention.
Une formation dédiée aux cancers féminins sera prochainement disponible sur notre site Walter Santé. Elle visera à accompagner les médecins généralistes, sages-femmes et gynécologues dans la compréhension des enjeux, la mise en œuvre du dépistage, et l’amélioration du parcours patient.
Conclusion
Prévenir, repérer, accompagner. Les cancers féminins exigent une approche médicale complète, sensible et coordonnée. Les professionnels de santé ont un rôle décisif à jouer pour renforcer l’efficacité des dispositifs existants. Pour anticiper les évolutions et mieux accompagner leurs patientes, ils peuvent dès maintenant se préparer à se former. Restez informé·e du lancement de la formation cancers féminins sur le site Walter Santé !