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Par Alphonse Doutriaux
Pour les patients atteints de difficultés respiratoires, et particulièrement les malades BPCO, la dyspnée peut être quotidienne. Elle se définit par un essoufflement ressenti à différents stades de l’effort. La respiration devient difficile et le geste inconfortable. Elle peut avoir différents stades et dépend de l’état de santé de la personne suivie. Vous souhaitez accompagner au mieux vos patients ? Découvrez la définition de la dyspnée et les outils pour l’évaluer lors d’un accompagnement en kiné respiratoire.
Sommaire
Le patient BPCO présente une difficulté clinique majeure : la dyspnée. C’est une gêne respiratoire perçue et exprimée par le patient. Aucun personnel médical ne peut la percevoir pour lui. Son témoignage fait foi.
Cette gêne se manifeste souvent pendant une activité particulière. Elle génère chez le patient l’arrêt de l’effort et le fait de ne plus vouloir recommencer cet exercice. Cela correspond vraiment à une sensation de manque d’air angoissante pour le malade.
La dyspnée peut devenir invalidante et s’approcher de l’étouffement. Donc, elle correspond à une perception pénible d’un désaccord entre la demande ventilatoire et les possibilités mécaniques du système thoracopulmonaire. Autrement dit, il y a une demande neurologique d’augmenter la ventilation, et l’incapacité physique de la réaliser. Pour définir la dyspnée, on parle donc de dissociation ventilo-mécanique.
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La BPCO en kinésithérapie : identification du déconditionnement à l’effort, évaluation de la dyspnée, mise en place d’un programme de réentraînement et renforcement musculaire.
Découvrir la formationEn règle générale, le malade BPCO a tendance à minimiser son problème respiratoire, car il s’est installé progressivement. Petit à petit, il marche moins vite, s’arrête à chaque étage, avant de ne plus marcher du tout ou de prendre l’ascenseur. Dans ces cas-là, et sans s’en rendre compte, la personne malade est en train de s’adapter à l’effort. C’est un cercle vicieux :
Bon à savoir
L’inactivité musculaire se traduit par une perte de force, mais aussi par une modification de la typologie musculaire.
Les fibres musculaires de type 1 sont détruites au profit de fibres de type 2. En raison de leur constitution, les fibres musculaires de type 1 (ou fibres à contraction lente) sont plus efficaces dans l’utilisation de l’oxygène. Elles favorisent l’effort de longue durée. Les fibres de type 2 (ou fibres à contraction rapide) utilisent la respiration anaérobie pour nourrir un mouvement prolongé. Donc, les muscles de type 1 résistent mieux à la fatigue que ceux de type 2. Quand le patient dyspnéique veut faire un physique, il n’en est plus capable et ressent cette sensation d'impossibilité à respirer.
Ainsi, la dyspnée du patient BPCO s’inscrit de deux façons :
La gêne respiratoire du patient BPCO peut être évaluée, dans le cadre d’un suivi en kiné respiratoire, avec plusieurs outils. L'examen le plus courant, car non invasif et simple à mettre en œuvre, est la spirométrie, toujours prescrit par un médecin, Ils fonctionnent tous sur le même principe : l'évaluation de la difficulté respiratoire par le patient. On retrouve l’échelle de BORG, celle de Sadoul ou celle du MRC. Ces outils vont vous permettre de diriger la dyspnée vers une réhabilitation respiratoire BPCO. Découvrons-les.
C’est une graduation subjective, représentée par une bande horizontale de dix centimètres. D’un côté, il y a l’asphyxie et de l’autre aucune gêne respiratoire. Comme pour la douleur, le patient se positionne sur cette graduation.
Important
Cette graduation est linéaire alors que la sensation de dyspnée inspiratoire ne l’est pas. Elle est même exponentielle : elle apparaît et évolue pour devenir de moins en moins tolérable avec un effort de moins en moins intense.
L’échelle alphanumérique de BORG modifiée (ou CR10) donne une représentation plus précise de la sensation de dyspnée. Elle permet également au patient de s’approprier ses difficultés. L’échelle de BORG associe à chaque chiffre une difficulté d’effort, en prenant en considération la fatigue musculaire et la fatigue générale ressentie.
Évaluation de la dyspnée | Intensité de la sensation |
0 | Rien |
0,5 | Très, très légère |
1 | Très légère |
2 | Légère |
3 | Modérée |
4 | Un peu forte |
5 | Forte |
6 | |
7 | Très forte |
8 | |
9 | Très, très forte |
10 | Maximale |
Les expériences montrent une bonne corrélation entre cette échelle de mesure de la difficulté physique et l’augmentation du rythme cardiaque. Ses autres avantages sont qu’elle est simple, rapide, et peu coûteuse.
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Découvrir les formationsL’échelle de Sadoul est divisée en 5 parties. Elle permet de scinder les stades de la dyspnée en fonction de l’effort fourni. Ainsi :
Effort fourni | Stade de la dyspnée |
Difficulté respiratoire lors de la montée de deux étages | Stade 1 |
Difficulté respiratoire lors de la montée d'un étage ou de la marche rapide | Stade 2 |
Difficulté respiratoire lors de la marche lente en terrain plat | Stade 3 |
Difficulté respiratoire lors de la marche lente à une vitesse lente | Stade 4 |
Difficulté respiratoire lors des gestes quotidiens | Stade 5 |
Bon à savoir
En associant l’évaluation de la gêne ressentie à des efforts concrets, que tout le monde connaît, l’échelle de Sadoul offre une estimation plus objective.
Une autre proposition se rapproche de celle de Sadoul : l’échelle du MRC (ou Medical research council). Cette dernière est divisée en 4 stades :
Effort fourni | Stade de la dyspnée |
Effort intense | Stade 0 |
Effort important (selon l'âge) | Stade 1 |
Montée d'un étage ou d'une côte à marche normale | Stade 2 |
Marche sur terrain plat, en suivant une autre personne du même âge | Stade 3 |
Moindre effort | Stade 4 |
Ces deux échelles se ressemblent, mais celle proposée par le MRC participe à d’autres tests, notamment sur la résistance physique. Dans votre cas, kiné suivant des patients BPCO, si vous souhaitez évaluer la force musculaire de votre patient, il est préférable d’utiliser un examen fonctionnel. L’échelle du MRC reste subjective.
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