Comment analyser les mesures par spirométrie du patient BPCO ?

Par Alphonse Doutriaux

16 octobre 2023

6 min

Le kinésithérapeute peut réaliser des mesures par spirométrie afin de poser un diagnostic BPCO et de mettre en place une rééducation adaptée pour ses patients. Cet examen permet d’enregistrer et de mesurer les volumes et les débits respiratoires, en calculant la capacité vitale forcée, le débit expiratoire forcé ou encore la capacité pulmonaire totale des patients.
Dans cet article, retrouvez les informations essentielles sur la spirométrie dans la prise en charge d’un patient BPCO d’après notre formation kiné BPCO.

Qu'est-ce que la spirométrie ?

La spirométrie consiste à enregistrer les différents volumes et débits respiratoires qu’un patient peut faire. L’appareil respiratoire peut être considéré comme un soufflet, capable de se déformer, composé de la cage thoracique, des poumons, de la plèvre, des muscles et des bronches. Lors de l’inspiration, on observe plusieurs phénomènes :

  • un élargissement de la base de la cage thoracique ;
  • une augmentation du diamètre latéral ;
  • un déplacement crânial du thorax ;
  • une extension de la colonne vertébrale ;
  • une augmentation du diamètre vertical.

Ce soufflet déformable permet l’entrée et la sortie d’air dans le poumon, afin d’assurer une hématose (un échange gazeux dans les bronches).

Maîtrisez la prise en charge du patient BPCO

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La courbe débit volume

Qu’est-ce que la courbe-débit volume ?

Lors du bilan respiratoire d’un patient, pour poser un diagnostic BPCO, la spirométrie est un examen intéressant. La spirométrie BPCO permet de mesurer :

Ainsi, la courbe débit-volume est l’examen le plus intéressant pour les kinésithérapeutes qui doivent prendre en charge un patient atteint de BPCO.

 

La courbe débit-volume, en spirométrie, correspond à l’enregistrement simultané des variations de débits et de volumes au cours d’un cycle respiratoire. Lors de l’examen, il est demandé au patient d’expirer légèrement, puis de gonfler au maximum ses poumons en inspirant (afin d’obtenir la capacité pulmonaire totale, la CPT), avant de souffler rapidement et fortement en continuant à expirer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’air dans l’appareil respiratoire (pour atteindre le volume résiduel).

Les mesures de la courbe débit-volume

Durant ce cycle respiratoire, le patient mobilise l’ensemble de sa capacité vitale. Cette dernière correspond aux volumes mobilisables : le volume courant (VT), le volume de réserve inspiratoire (VRI) et le volume de réserve expiratoire (VRE). C’est une mesure réalisée à l’effort, on parle de CVF (Capacité Vitale Forcée). Il faut savoir que la capacité vitale forcée est légèrement plus faible que la capacité vitale lente, car elle comprime l’arbre bronchique.

 

La courbe débit-volume en spirométrie est composée d’un axe horizontal (les volumes) et un axe vertical (les débits). La courbe obtenue est composée de trois parties :

  • la courbe ascendante (l’inspiration rapide) ;
  • le sommet (peak flow) ;
  • la courbe descendante (expiration longue).

Rappel

Pour comprendre ce qu’il se passe dans la partie inférieure de l’arbre bronchique, le patient doit continuer à souffler, ce qui permet de mesurer la fin de l’expiration.

Sur cette courbe débit-volume, il est possible de diviser la capacité vitale (CV) en deux, pour obtenir le DEF 50 (Débit Expiratoire Forcé à 50 % de la CV), et de faire d’autres divisions pour obtenir des quarts, le DEF 75 et le DEF 25.

 

C’est à partir du DEF 75 jusqu’à la fin de l’expiration forcée que le praticien peut avoir une image de ce qu’il se passe dans les petites voies aériennes, au-delà de la 7 ou 8ème division bronchique (c’est-à-dire au niveau des bronches membraneuses qui sont collabables et sans cartilage).

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Atteinte des petites voies aériennes

Le praticien peut repérer des atteintes au niveau des petites voies aériennes en remarquant que la courbe se creuse au niveau de la troisième partie. Dans ce cas, elle n’est pas convexe comme sur une courbe normale, mais elle s'aplatit ou devient concave au niveau de la troisième partie. Cela signifie que les débits ont tendance à chuter dans les petites voies aériennes et que le calibre bronchique se réduit.

 

Dans les premiers temps, même face à une courbe débit-volume creusée en troisième partie, le patient n’a pas de symptômes et ne se plaint pas. En effet, l’arbre bronchique, avec sa forme d’entonnoir inversé et sa division dichotomique, doit souffrir d’importants dégâts des petites voies aériennes avant que les expressions cliniques n’apparaissent. C’est lorsque la courbe débit-volume se creuse de manière importante et qu’elle est accompagnée d’une chute du débit expiratoire de pointe que les patients commencent à présenter des gênes respiratoires sérieuses.

Bon à savoir

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Se former à la rééducation respiratoire du patient BPCO

La spirométrie incitative pour la BPCO est un examen essentiel dans la prise en charge des patients par le kinésithérapeute. Il doit être réalisé au moment du bilan respiratoire afin de confirmer le diagnostic, définir un traitement et mettre en place une rééducation kinésithérapique adaptée.

 

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