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Par Alphonse Doutriaux
Le rôle du kinésithérapeute dans la prise en charge du patient BPCO ne se résume pas à des exercices de kiné respiratoire. Il s’agit pour lui de mener aussi des actions d’éducation à la santé et de favoriser le renforcement musculaire de son patient. L’objectif principal est de maintenir une qualité de vie supportable pour le malade. Vous vous destinez au métier de kiné ? Vous voulez approfondir vos connaissances sur le suivi BPCO ? On vous dit tout.
Sommaire
Le projet de prise en charge commence souvent par une séance de kiné respiratoire BPCO. C’est intéressant, car ça permet de désencombrer les bronches tout en s’assurant de la prise correcte des aérosols. Ça réduit aussi les risques d’inflation dynamique lors des exercices physiques qui suivront, si vous faites faire du vélo au patient, par exemple.
Important
En matière de ventilation, on ne propose pas aux personnes BPCO présentant un signe de Hoover des ventilations abdomino-diaphragmatiques. Le signe de Hoover se définit par une diminution de la partie basse du thorax à l’inspiration. Elle résulte d’un diaphragme aplati et est un signe de distension thoracique.
Ainsi, la dissociation engendrée par les ventilations abdomino-diaphragmatiques n’est pas à rechercher. Vous proposez une ventilation thoracoabdominale globale. L’objectif sera d’essayer d’augmenter le volume d’air mobilisé. Cela permettra de diminuer la fréquence et sera bénéfique du point de vue alvéolaire.
Pour en savoir plus sur la prise en charge des patients BPCO, suivez la formation kiné BPCO dispensée par les spécialistes de Walter Santé. Grâce à votre DPC, vous pouvez y accéder gratuitement.
Le drainage bronchique doit être mené grâce aux techniques des flux expiratoires. On retrouve l’AFE, le drainage autogène et l’expiration lente prolongée. Pour en savoir plus, lisez notre article sur le sujet.
La BPCO en kinésithérapie : identification du déconditionnement à l’effort, évaluation de la dyspnée, mise en place d’un programme de réentraînement et renforcement musculaire.
Découvrir la formationConcernant la prise en charge du patient BPCO, il existe un projet de soin globalisé, auquel appartient la kiné respiratoire. En effet, la bronchopneumopathie chronique obstructive n’est pas qu’une maladie respiratoire. C’est une atteinte irréversible et elle change la vie du patient. Elle doit donc faire l’objet d’une évaluation, en fonction de la situation du malade. Les questions à vous poser sont :
La réhabilitation respiratoire est composée de :
Le projet de soin comprend le fait de vérifier la bonne prise des aérosols, autant au niveau de la dose que de la fréquence.
La kiné respiratoire évacue les restes de bronchite favorisant l’hyperinflation dynamique et donc, la dyspnée. Elle favorise également l’utilisation adéquate des traitements par aérosol.
Bon à savoir
Le suivi nutritionnel et l’aide au sevrage tabagique permettent de réduire les causes de comorbidité et d’éviter une nouvelle hospitalisation. Ces éléments font partie de l’éducation thérapeutique, qui est la pierre angulaire du maintien des acquis dans le temps. Cette approche nécessite la présence d’un coordinateur, rôle généralement joué par le médecin-pneumologue. D’autres professionnels participent, tout comme vous, au bon déroulement de ce protocole de réhabilitation respiratoire.
Le renforcement musculaire est essentiel au maintien des conditions de vie du patient. Il assure la conservation des fibres musculaires les plus efficaces pour un effort prolongé, et un meilleur apport en oxygène.
La force maximale mesurée est la base du plan de traitement. Retenez que, si vous voulez travailler en force, vous devez utiliser une charge comprise entre 60 et 80 % de la force maximale de la personne suivie. Il est recommandé de solliciter une contraction sur une durée minimum de 6 secondes, avec un temps de repos supérieur. Chaque exercice doit être répété 10 à 12 fois maximum.
Ce travail permet de lutter contre l’atrophie musculaire. Pour cela, gardez en tête que vos patients peuvent supporter des poids souvent supérieurs à ce qu’on imagine, mais que les malades BPCO sont fatigables. Donc, la charge est à calculer au cas par cas, et dans le respect des recommandations de bonne pratique kinésithérapique.
Important
Attention à la problématique de l’IMC, qui est, certes, un indicateur de la masse musculaire, mais qui nécessite un travail en collaboration avec le nutritionniste. Par exemple, si le patient arrive avec un IMC très bas, il est préférable d’attendre qu’il augmente. Dans ce cas précis, la musculation peut avoir un effet délétère.
Quels muscles allez-vous travailler avec vos patients BPCO ? Principalement les quadriceps, muscles principaux de la déambulation. Vous pouvez aussi entraîner les autres muscles des membres inférieurs. Les membres supérieurs le seront également, si la personne est amenée à les solliciter régulièrement dans ses activités quotidiennes.
Pour cela, vous pouvez proposer une combinaison de travail endurance-résistance. Vous multipliez ainsi les effets bénéfiques. Rappelez-vous que, pour cela, vous utiliserez une charge comprise entre 40 et 60 % de la charge maximale mesurée. Le nombre de répétitions peut donc être plus important que lors d’un travail en force. Pour travailler sur la résistance, faites varier la vitesse des mouvements.
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Découvrir les formationsL’éducation thérapeutique du patient BPCO participe à la réhabilitation respiratoire. Elle se définit par : « l’aide fournie aux patients pour acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Elle fait partie intégrante, et de façon permanente, de la prise en charge du patient ».
L’éducation thérapeutique comprend des activités organisées, conçues pour rendre le malade conscient de :
L’objectif principal est d’aider les patients et leur famille à comprendre la maladie et le traitement qu’ils devront suivre jusqu’à la fin de leur vie. Ainsi, soignants, famille et malades doivent collaborer et assumer leurs responsabilités dans la prise en charge quotidienne. En suivant des règles définies par l’équipe soignante, en accord avec les habitudes et les capacités des malades, leur qualité de vie peut même s’améliorer.
Bien que des objectifs clairs soient définis, le personnel médical et paramédical n’est pas là pour imposer un point de vue, mais bien pour accompagner le patient. Son rôle est avant tout d’enseigner aux malades les techniques pour développer son autonomie. La loi de santé publique de 2004 recommande de mixer prévention et éducation lors des soins curatifs. Donc, au-delà des programmes d’éducation thérapeutique proposés, et validés par l’ARS, la qualité de la relation humaine que vous entretenez avec vos patients est au cœur de la réussite des protocoles établis.
Bon à savoir
Pour aller plus loin sur la prise en charge de la kinésithérapie pulmonaire, notamment pour les patients BPCO, renseignez-vous sur vos droits à la formation DPC kiné. Il est possible que vous puissiez vous former gratuitement avec Walter Santé.
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