Soulager la douleur liée à l’endométriose en kinésithérapie

Par Alphonse Doutriaux

25 juillet 2025

5 min

En tant que kinésithérapeute, vous êtes de plus en plus sollicité pour intervenir dans des parcours complexes où la douleur pelvienne chronique occupe une place centrale. L’endométriose, pathologie inflammatoire chronique, fait désormais partie des grands enjeux de santé publique, et vos compétences manuelles peuvent jouer un rôle fondamental dans l’amélioration de la qualité de vie des patientes. Pourtant, savoir quelles techniques appliquer, dans quel cadre, et avec quelles précautions, reste souvent flou.

 

Ce guide vous propose un état des lieux concret et structuré des outils thérapeutiques manuels à mobiliser face à la douleur endométriosique.

Quelles sont les douleurs liées à l’endométriose ?

Pourquoi la douleur endométriosique est-elle complexe ?

L’endométriose génère des douleurs pelviennes chroniques aux mécanismes multiples : inflammation, adhérences, hypersensibilisation centrale, spasmes musculaires. Cette douleur est souvent cyclique, mais peut aussi devenir persistante.

 

Elle se manifeste par :

  • des dysménorrhées sévères,

  • des dyspareunies profondes,

  • des douleurs digestives ou urinaires,

  • une fatigue musculaire diffuse liée à l’hypertonie du plancher pelvien.

Ce tableau polymorphe appelle une approche multifactorielle, où le geste du kiné doit être fin, adaptable et progressif.

Quelles techniques manuelles utiliser face à l’endométriose ?

1. Thérapie viscérale

Objectif : relâcher les tensions autour des organes pelviens, favoriser la mobilité utérine et réduire les contraintes mécaniques sur les structures environnantes.

 

Techniques utilisées :

 

  • Libération du petit bassin (utérus, ligaments utérosacrés, vessie)

  • Travail sur le mésentère et le côlon sigmoïde

  • Mobilisation douce du diaphragme pelvien

 

Ces manipulations doivent être indolores, lentes et rythmées avec la respiration de la patiente.

2. Thérapie myofasciale

Objectif : diminuer la tension et les restrictions dans les tissus conjonctifs, en particulier au niveau des muscles ilio-psoas, piriforme et plancher pelvien.

 

Protocoles conseillés :

 

  • Techniques de relâchement myofascial (trigger points, fascias profonds)

  • Étirements passifs tenus (positionnés en fin d’amplitude)

  • Pressions manuelles sur les chaînes antérieures et postérieures du tronc

Idéal pour agir sur les douleurs irradiantes et améliorer la perception corporelle.

3. Mobilisations articulaires douces

Objectif : restaurer une mobilité articulaire correcte des hanches, sacro-iliaques et lombaires, souvent perturbées par les compensations posturales chroniques.

 

Exemples de techniques :

 

  • Mobilisation en décoaptation sacro-iliaque

  • Travail rythmique de la charnière L5-S1

  • Libération douce de la symphyse pubienne

Ces gestes visent à réduire les tensions réflexes induites par les douleurs internes.

4.Drainage lymphatique manuel

Objectif : réduire les œdèmes pelviens, améliorer la microcirculation et diminuer l’inflammation locale.

 

Zones cibles :

 

  • Région inguinale

  • Ventre inférieur

  • Lombes basses

Technique recommandée en période non menstruelle, associée à des conseils d’hygiène de vie (hydratation, alimentation anti-inflammatoire).

5. Neuro-modulation manuelle

Objectif : diminuer la sensibilisation centrale et améliorer la tolérance aux stimulations douloureuses.

 

Applications concrètes :

 

  • Techniques d'effleurement ou d'effacement cutané

  • Travail rythmique bilatéral (stimulation alternée des zones distales)

  • Mobilisation du nerf pudendal (par voie externe uniquement)

Ces approches agissent sur la plasticité neuronale et peuvent être intégrées dans un protocole d’éducation à la douleur.

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Quelles précautions avant d’intervenir ?

Avant toute intervention manuelle, il est impératif de :

 

  • Connaître l’historique médical de la patiente (chirurgies, traitements hormonaux, stérilet…)

  • Adapter la séance au cycle menstruel (éviter la phase inflammatoire)

  • Expliquer chaque geste pour éviter toute connotation invasive ou anxiogène

  • Collaborer avec les gynécologues, sages-femmes ou sexologues pour intégrer les soins dans un parcours global

Le rôle de la relation thérapeutique

La qualité du contact, le respect du consentement à chaque geste, l’écoute des sensations exprimées par la patiente sont des leviers essentiels de l’efficacité du soin. La douleur chronique liée à l’endométriose implique souvent une charge émotionnelle, des antécédents d’errance médicale ou d’incompréhension.

Bon à savoir

Une approche trop biomécanique ou directive peut renforcer les schémas douloureux et compromettre l’alliance thérapeutique.

Quelle place pour le suivi et l’auto-traitement ?

Au-delà des techniques manuelles, le kinésithérapeute peut :

  • proposer des auto-étirements guidés (psoas, piriforme, périnée)

  • enseigner des exercices de respiration abdominale

  • intégrer des outils de suivi de la douleur (échelles, journal de cycle)

Pourquoi se former spécifiquement ?

L’endométriose est une pathologie à forte composante sociale et intime. S’y former permet de :

  • sécuriser ses gestes

  • intégrer les bons rythmes thérapeutiques

  • développer un langage corporel et verbal respectueux

  • améliorer la coordination avec les autres professionnels de santé

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