Endométriose et lombalgie : comment les différencier en kinésithérapie ?

Par Alphonse Doutriaux

25 juillet 2025

5 min

En tant que kinésithérapeute, vous êtes régulièrement confronté à des patientes présentant des douleurs lombaires. Si ces lombalgies sont souvent mécaniques, elles peuvent parfois masquer une douleur référée provenant d’une pathologie sous-jacente, comme l’endométriose. Identifier la nature de la douleur est essentiel pour proposer une prise en charge adaptée, éviter les erreurs de traitement et orienter si besoin.

 

Dans cet article, nous vous aidons à faire le tri entre lombalgie musculo-squelettique classique et douleur pelvienne référée liée à l’endométriose, à travers les outils cliniques, les signes d’alerte, et des conseils pratiques issus de la formation Walter Santé.

Pourquoi l’endométriose peut-elle se manifester par une lombalgie ?

L’endométriose ne se limite pas au petit bassin. Lorsqu’elle infiltre les structures ligamentaires postérieures, elle peut provoquer des douleurs lombaires, sacrées ou fessières, sans qu’aucune lésion ne soit visible à l’imagerie lombaire. On parle alors de douleurs référées, souvent cycliques, liées à la réponse inflammatoire et neurologique déclenchée par les lésions endométriosiques.

 

Les localisations les plus à risque de provoquer une lombalgie :

 

  • Ligaments utéro-sacrés

  • Cloison recto-vaginale

  • Nerfs pelviens (pudendal, sciatique pelvien)

  • Fascia thoraco-lombaire (via chaînes postérieures)

Important

À retenir : Une patiente jeune, sportive, sans antécédent lombaire, présentant une douleur basse cyclique non améliorée par le repos ou le mouvement, mérite une investigation pelvienne.

Quelles différences entre lombalgie mécanique et douleur référée ?

Critères cliniques pour distinguer les deux

Critère

Lombalgie mécanique

Douleur référée (endométriose)

Âge typique

35–55 ans

20–40 ans

Caractère de la douleur

Provoquée par le mouvement, soulage au repos

Persistante, sourde, non soulagée au repos

Irradiations

Vers la fesse, la cuisse

Pelvis, fesse, périnée, rectum

Lien avec le cycle

Aucun

Douleur majorée avant ou pendant les règles

Réponse à la kiné

Amélioration progressive

Amélioration partielle, rechutes fréquentes

Antécédents

Posture, sédentarité, port de charge

Dysménorrhée, infertilité, dyspareunie

Quels sont les signes d’alerte à repérer en tant que kiné ?

Certains éléments doivent vous faire évoquer une cause pelvienne ou viscérale, et vous pousser à collaborer avec un médecin ou un spécialiste :

 

  • Douleur postérieure cyclique (fesse, sacrum, coccyx)

  • Dyspareunies profondes

  • Douleurs digestives ou urinaires associées

  • Résistance aux traitements conventionnels

  • Irradiations atypiques non dermatomériques

Rappel

La douleur référée pelvienne est souvent diffuse, bilatérale, et fluctuante, à la différence d'une lombalgie commune, localisée et reproductible.

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Comment adapter votre bilan kiné face à une lombalgie suspecte ?

Lorsqu’une patiente présente une lombalgie inhabituelle ou résistante, le bilan clinique doit intégrer une vision globale, sans se limiter à la zone lombaire.

Éléments à explorer 

  • Mobilité du sacrum et du coccyx

  • Test de convergence lombo-pelvienne (synergie abdominale/périnée)

  • Évaluation du plancher pelvien (tonus, hyperalgésie)

  • Analyse de la posture antalgique (rétropulsion, appui asymétrique)

  • Lien douleur/cycle menstruel (journal de douleur)

 

N’hésitez pas à interroger la patiente sur ses douleurs menstruelles, ses cycles, sa sexualité. Ce recueil de données subjectives est souvent décisif.

Quelle prise en charge kiné proposer en cas de douleur référée ?

1. Réduction des tensions musculo-squelettiques secondaires

  • Étirement du psoas, des ischio-jambiers, fessiers profonds

  • Libération myofasciale lombaire et pelvienne

  • Mobilisations douces du bassin

2. Approche pelvienne intégrée

  • Techniques de relâchement périnéal (biofeedback, respiration)

  • Travail postural global (notamment chaînes postérieures)

  • Relaxation diaphragmatique pour désamorcer le schéma de crispation

3. Éducation et auto-gestion

  • Suivi du cycle et des douleurs

  • Recommandations d’activité physique adaptée

  • Positionnement, ergonomie et gestion du stress

Une prise en charge globale, douce et à l’écoute du ressenti est fondamentale pour éviter de renforcer le cercle douleur-contraction-douleur.

Étude de cas : quand la lombalgie cache une endométriose

Sarah, 26 ans, sportive, consulte pour une douleur lombaire basse persistante depuis 6 mois. Elle ne présente aucune anomalie visible à l’IRM lombaire. Les douleurs sont présentes en position assise, en fin de journée, et surtout majorées à l’approche des règles. Elle décrit également des douleurs pendant les rapports et une grande fatigue périodique.

 

Le bilan kiné met en évidence une hypertonie périnéale, une rigidité sacro-iliaque et une posture en effacement lombaire.

 

  • Prise en charge : thérapie manuelle pelvienne douce, mobilisation du bassin, respiration guidée.
  • Résultat à 8 semaines : réduction significative des douleurs, meilleure conscience corporelle, orientation vers un gynécologue spécialisé.

Pourquoi se former à la prise en charge des douleurs référées ?

En tant que professionnel de santé, vous êtes en première ligne pour repérer les douleurs atypiques. Une formation spécifique vous permettra de :

 

  • Comprendre les mécanismes physiopathologiques des douleurs référées

  • Adapter vos techniques à des patientes hypersensibles ou douloureuses chroniques

  • Orienter avec justesse vers le bon spécialiste

  • Renforcer la pertinence de vos bilans et comptes rendus

Découvrez notre formation kinésithérapie et endométriose pour développer une approche experte, humaine et coordonnée de la douleur pelvienne complexe.

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