Pourquoi adapter le bilan fonctionnel à l’IMC élevé ?
L’obésité modifie profondément la physiologie du mouvement. Le simple fait de se lever, marcher ou changer de position peut devenir coûteux en énergie, douloureux, ou anxiogène. De plus, les adaptations posturales (hyperlordose, rétroversion, marche en abduction) perturbent les repères habituels du kinésithérapeute.
Un patient en situation d’obésité n’a pas les mêmes schémas moteurs, les mêmes réponses à l’effort, ni les mêmes freins psychologiques qu’un patient à IMC standard. Un bilan fonctionnel classique risque de sous-estimer les limitations réelles ou de décourager d’entrée le patient.
Adapter votre évaluation permet donc de :
- mesurer avec justesse les capacités initiales ;
- fixer des objectifs atteignables et progressifs ;
- créer une alliance thérapeutique autour du mouvement ;
- orienter une prise en charge respectueuse et sécurisée.
Ces ajustements sont également fondamentaux chez les patients ayant subi une chirurgie bariatrique. Découvrez les spécificités du bilan post-opératoire en kinésithérapie.
Quelles dimensions doivent être explorées en priorité ?
Un bilan réussi chez un patient obèse repose sur une approche fonctionnelle, globale et centrée sur l’expérience corporelle du patient.
1. Endurance et tolérance à l’effort
Commencez par des tests simples et reproductibles :
- Test de marche de 6 minutes (TM6) : excellent outil pour objectiver l’endurance de base.
- Test de lever de chaise : évalue la coordination, l’endurance et la fonction des membres inférieurs.
- Fréquence cardiaque et essoufflement perçu via l’échelle de Borg : à suivre à l’effort et en récupération.
Ces tests permettent de détecter une désadaptation cardiovasculaire et de calibrer les premières séances d’activité physique.
2. Équilibre et sécurité des appuis
Les troubles de l’équilibre sont fréquents chez les patients à IMC élevé. Ils augmentent le risque de chute, notamment lors des transferts ou des exercices en charge.
- Évaluation de la station debout prolongée ;
- Tests d’équilibre simple (appui unipodal, Romberg) ;
- Observation des compensations (pieds écartés, verrouillage articulaire, appuis fuyants).
Ce bilan oriente les exercices de proprioception et les renforcements ciblés (chevilles, fessiers, ceinture abdo-lombaire).
3. Mobilité articulaire
La restriction des amplitudes n’est pas systématique mais doit être explorée :
- Épaules (mains à la nuque, mains aux omoplates) ;
- Hanches (flexion active en décubitus) ;
- Genoux (flexion/extension debout ou assis).
Attention aux compensations posturales et aux douleurs articulaires lors des mobilisations.
4. Motricité fonctionnelle
Observez les gestes de la vie quotidienne :
- Passage assis-debout ;
- Relevé du sol ;
- Marche sur 10 mètres.
Ces évaluations orientent la rééducation vers des objectifs concrets et utiles au patient. Elles sont aussi de puissants marqueurs de progression.

Découvrez notre formation Obésité pour kinésithérapeutes et perfectionnez votre prise en charge des patients en situation d’obésité grâce à un programme concret, progressif et en phase avec les recommandations cliniques actuelles.
Comment tenir compte des freins psychologiques ?
Un bilan fonctionnel ne peut ignorer l’aspect émotionnel lié au corps. Les patients obèses ont souvent une relation complexe à leur image corporelle, à la douleur, au regard médical.
Prenez le temps d’écouter leur vécu, sans jugement :
- Comment vivent-ils leur mobilité ?
- Quelles sont leurs appréhensions vis-à-vis de l’effort ?
- Quelles expériences passées les ont marqués, positivement ou négativement ?
L’objectif est de transformer ce moment d’évaluation en point de départ vers l’action, et non en épreuve.
La relation de confiance est souvent le levier qui permet de transformer l’évaluation en moment constructif. Découvrez nos conseils pour établir une relation thérapeutique solide avec vos patients obèses.
Quels outils spécifiques intégrer dans le bilan ?
1. Grilles fonctionnelles adaptées
Utilisez des grilles issues de la pratique en rééducation de l’obésité :
- Score de limitation fonctionnelle ;
- Échelle d’autonomie à la marche ;
- Grille de mobilité selon les zones douloureuses.
Elles permettent un suivi chiffré et motivant.
2. Auto-évaluation par le patient
Proposez au patient de remplir une fiche sur :
- ses habitudes de vie ;
- ses douleurs dans la journée ;
- ses difficultés spécifiques (habillage, transport, toilette…).
Ces données enrichissent votre regard clinique et aident à prioriser les objectifs.
3. Mesures complémentaires
Si vous êtes équipé, pensez à :
- un dynamomètre de préhension ;
- un pèse-personne avec impédancemétrie ;
- une évaluation de la posture debout sur podoscope.
Le bilan n’est que la première étape. Apprenez à structurer une prise en charge progressive et adaptée chez vos patients en situation d’obésité.
Obésité et activité physique : comment la valoriser dès le bilan ?
L’objectif du bilan n’est pas uniquement de constater, mais aussi de donner envie de bouger. Utilisez ce moment pour :
- valoriser les capacités présentes : “Vous vous relevez très bien de la chaise” ;
- fixer des objectifs concrets : “L’idée serait de marcher 5 minutes sans pause d’ici 15 jours” ;
- rassurer sur les douleurs : “C’est normal d’être essoufflé, ce n’est pas dangereux” ;
- expliquer les bienfaits de l’activité physique, même sans perte de poids.
Le kiné est souvent la première personne à redonner un cadre sécurisant à l’effort. Faites du bilan un levier motivationnel.
Adapter l’environnement du bilan
Petits détails, gros effets :
- Prévoir un fauteuil large et stable pour l’entretien ;
- Adapter la table d’examen (hauteur, appuis) ;
- Utiliser des outils simples, visuels, accessibles.
L’objectif est de rendre le cadre rassurant, confortable et inclusif.
Et après ? Transformer le bilan en plan d’action
À l’issue du bilan :
- Fixez 3 objectifs fonctionnels atteignables ;
- Proposez un planning d’activités sur 2 à 4 semaines ;
- Prévoyez un point d’étape à la 5e séance pour motiver et réajuster.
Un bon bilan ne se limite pas à observer : il oriente, structure et engage le patient dans un parcours actif.
Découvrez notre formation Obésité pour les kinésithérapeutes
Apprenez à adapter vos bilans fonctionnels, à structurer une prise en charge progressive et à motiver durablement vos patients. Notre formation Walter Santé vous propose une approche pratique, fondée sur l’expérience clinique, et centrée sur la réalité du terrain.
Inscrivez-vous à notre formation Obésité pour les kinésithérapeutes et devenez un professionnel référent dans l’accompagnement du mouvement.
Téléchargez le programme PDF de la formation Obésité

Obésité Kiné
+ de 400 téléchargements