Surpoids, tabac, environnement : les ennemis silencieux de la fertilité

Par Alphonse Doutriaux

20 juin 2025

6 min

L’infertilité féminine peut être influencée par des facteurs comportementaux et environnementaux sur lesquels il est possible d’agir. En tant que sage-femme, vous jouez un rôle essentiel dans la détection de ces risques et l’éducation à la santé reproductive.

 

Cet article vous apporte des repères concrets pour mieux accompagner vos patientes dès la consultation préconceptionnelle, en intégrant la prévention dans votre pratique quotidienne.

Comprendre les freins à la fertilité d’origine comportementale

En tant que sage-femme, vous êtes souvent la première interlocutrice des femmes en désir de grossesse. Face à l’augmentation des troubles de la fertilité, il est essentiel de connaître les facteurs de risque modifiables. Ces “ennemis silencieux” – surpoids, tabac, perturbateurs endocriniens, sédentarité – peuvent altérer la capacité reproductive sans symptôme apparent. 

 

La formation Walter Learning “Infertilité pour les sages-femmes” rappelle que l’approche préventive est un levier puissant : mieux informer les femmes, c’est leur permettre d’agir en amont sur leur santé reproductive.

Le surpoids et l’obésité : un impact direct sur la fertilité

L’un des facteurs les plus fréquemment rencontrés en consultation est le surpoids, voire l’obésité. En France, plus de 40 % des femmes en âge de procréer ont un IMC supérieur à 25.

 

Or, l’excès de masse grasse perturbe l’équilibre hormonal :

 

  • Il modifie l’axe hypothalamo-hypophysaire-ovarien ;
  • Il augmente les taux d’œstrogènes périphériques ;
  • Il favorise l’anovulation, les cycles irréguliers et le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).


De nombreuses études ont montré que l’obésité réduit la fécondabilité de manière significative, même chez les femmes jeunes. À l’inverse, une perte de 5 à 10 % du poids corporel peut suffire à restaurer une ovulation régulière et augmenter les chances de conception.

 

Vous pouvez donc, en tant que sage-femme, jouer un rôle central dans la prise de conscience et l’accompagnement vers une meilleure hygiène de vie.

Tabac et fertilité : une association bien documentée

Le tabagisme actif ou passif est l’un des facteurs les plus délétères pour la fertilité féminine. Le tabac :

 

  • Diminue le taux de fertilité spontané ;
  • Altère la qualité ovocytaire ;
  • Augmente le risque de fausses couches précoces ;
  • Anticipe l’âge de la ménopause (jusqu’à 2 ans plus tôt).


Chez les patientes tabagiques, les cycles peuvent sembler réguliers, mais la qualité de l’ovulation et l’environnement utérin sont dégradés. Il est donc primordial d’intégrer systématiquement le tabac au bilan préconceptionnel et d'encourager l’arrêt dans une perspective de projet parental.

 

Les sages-femmes peuvent s’appuyer sur des outils de sevrage adaptés, ainsi que sur les réseaux d’addictologie de proximité pour renforcer l’accompagnement.

Formation infertilité sages-femmes

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Suivez notre formation Infertilité pour les sages-femmes et maîtrisez les bases biologiques, les outils d’évaluation et les bonnes pratiques d’accompagnement.

Hygiène de vie et fertilité : une approche globale à adopter

L’hygiène de vie englobe l’ensemble des habitudes qui influencent la santé générale… et donc la fertilité. Les éléments suivants doivent faire l’objet d’une évaluation et de recommandations personnalisées en consultation :

1. Alimentation

Une alimentation trop riche en sucres simples, en graisses transformées ou en produits ultra-transformés est corrélée à une inflammation systémique et à un dérèglement du métabolisme ovarien.

 

La formation rappelle l’importance de l’index glycémique, du poids hormonal de l’alimentation et du profil lipidique sur la santé reproductive.

2. Activité physique

Une activité physique modérée et régulière améliore la sensibilité à l’insuline, favorise le retour à un poids stable et réduit le stress oxydatif. À l’inverse, la sédentarité contribue à la résistance ovarienne à la stimulation.

3. Sommeil

Le manque de sommeil affecte la sécrétion des hormones clés de la reproduction : LH, FSH, estradiol. Il est aussi associé à des troubles du cycle et à un vieillissement ovarien plus rapide.

4. Stress

Le stress chronique perturbe l’axe HHO et peut bloquer l’ovulation. Il augmente également le risque de troubles psychosomatiques et de dérégulation de l’humeur en parcours de PMA.

Perturbateurs endocriniens : un risque invisible mais bien réel

La formation met en lumière le rôle croissant des perturbateurs endocriniens, présents dans :

 

  • les plastiques alimentaires (phtalates, BPA),
  • les cosmétiques (parabènes, filtres UV),
  • les pesticides et produits ménagers.


Ces substances, même à faibles doses, interfèrent avec les récepteurs hormonaux. Elles altèrent la croissance folliculaire, perturbent l’ovulation et augmentent le risque de fausse couche.

 

Les sages-femmes peuvent conseiller des gestes simples pour réduire l’exposition : privilégier les contenants en verre, lire les étiquettes, éviter les aliments gras chauffés dans du plastique.

Un rôle éducatif à renforcer en consultation

En intégrant la prévention à vos consultations, vous contribuez activement à l'amélioration du pronostic de fertilité de vos patientes. Quelques exemples d’actions concrètes :

 

  • Proposer un bilan de santé global lors de la consultation préconceptionnelle ;
  • Encourager des objectifs progressifs de perte de poids ;
  • Orienter vers des professionnels du réseau (nutritionnistes, psychologues) ;
  • Sensibiliser à l’exposition aux toxiques de l’environnement ;
  • Utiliser des supports visuels ou infographiques pour appuyer vos messages.

 


La posture de la sage-femme est à la fois pédagogique, bienveillante et fondée sur la science. La formation insiste sur la nécessité de sortir du discours culpabilisant pour instaurer une alliance thérapeutique durable.

Pourquoi se former aux enjeux de prévention ?

La formation Infertilité pour les sages-femmes proposée par Walter Learning vous donne toutes les clés pour intégrer une approche préventive dans vos pratiques. Vous y apprendrez à :

 

  • Maîtriser les mécanismes biologiques impliqués ;
  • Identifier les profils à risque ;
  • Déployer des stratégies éducatives efficaces ;
  • Collaborer avec les autres professionnels de santé.


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Pour aller plus loin

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