Réserve ovarienne : ce que chaque sage-femme doit savoir

Par Alphonse Doutriaux

20 juin 2025

6 min

La réserve ovarienne est un indicateur essentiel du potentiel de fertilité chez la femme. Elle fait aujourd’hui partie intégrante des bilans de fertilité et soulève de nombreuses questions chez les patientes.

 

En tant que sage-femme, comprendre les mécanismes de la réserve ovarienne vous permet de mieux informer, d’anticiper les difficultés éventuelles et d’orienter efficacement dans le parcours de soins. Cet article vous donne les repères clés pour intégrer cette notion à votre pratique et répondre aux attentes croissantes autour de la fertilité féminine.

Pourquoi parler de réserve ovarienne ?

La réserve ovarienne désigne le stock d’ovocytes qu’une femme possède à un instant donné de sa vie. Contrairement à une idée reçue, ce stock est fixé dès la naissance, puis diminue naturellement au fil des années, jusqu’à la ménopause. Ce déclin a des conséquences directes sur la fertilité, mais aussi sur les parcours de procréation médicalement assistée. 

 

En tant que sage-femme, comprendre la notion de réserve ovarienne est essentiel pour :

  • Anticiper les difficultés de conception, notamment chez les femmes de plus de 35 ans ;
  • Informer les patientes sur leur potentiel de fertilité ;
  • Repérer les situations à risque, comme l’insuffisance ovarienne prématurée ;
  • Et collaborer avec les médecins et biologistes dans le cadre de bilans de fertilité.

 

Un capital ovocytaire limité et non renouvelable

À la naissance, une femme possède environ 1 à 2 millions d’ovocytes. Ce chiffre chute à environ 400 000 à la puberté, pour ne laisser que quelques milliers d’ovocytes disponibles à 40 ans. Ce processus est naturel, mais très variable d’une femme à l’autre.

 

La qualité des ovocytes suit la même courbe que leur quantité : plus la femme avance en âge, plus le risque d’anomalies chromosomiques augmente. C’est pourquoi il devient de plus en plus difficile de concevoir spontanément au-delà de 37 ans.

L’AMH : un marqueur fiable pour estimer la réserve ovarienne

L’un des moyens les plus couramment utilisés pour évaluer la réserve ovarienne est le dosage de l’AMH (hormone antimüllérienne). Produite par les follicules ovariens, cette hormone reflète le nombre de follicules disponibles à un moment donné.

 

Ce test peut être réalisé à n’importe quel moment du cycle et présente une bonne stabilité. Il est souvent utilisé en première intention lors des bilans d’infertilité ou dans les parcours de PMA.

 

Quelques repères sur les taux d’AMH :

 

  • > 2 ng/ml : réserve ovarienne satisfaisante ;
  • Entre 1 et 2 ng/ml : réserve ovarienne moyenne ;
  • < 1 ng/ml : réserve ovarienne faible ;
  • < 0,5 ng/ml : risque d’insuffisance ovarienne majeure.


Ces valeurs sont bien sûr à interpréter en fonction de l’âge, du contexte clinique et du bilan échographique.

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Échographie pelvienne : le comptage des follicules antraux

L’autre méthode d’évaluation est l’échographie transvaginale au début du cycle (J2-J4). Elle permet de compter le nombre de follicules antraux (entre 2 et 10 mm), qui sont des marqueurs directs de la réserve ovarienne.

 

Un nombre inférieur à 5 follicules est considéré comme un signe de faible réserve. À l’inverse, un nombre très élevé peut évoquer un SOPK (Syndrome des ovaires polykystiques). 

 

En tant que sage-femme, vous ne réalisez peut-être pas ce type d’échographie, mais vous devez en connaître les principes et la finalité pour dialoguer efficacement avec vos patientes et leurs médecins référents.

Quand évaluer la réserve ovarienne ?

Voici les principales indications pour proposer ou suggérer une évaluation de la réserve ovarienne :

 

  • Âge supérieur à 35 ans avec projet de grossesse ;
  • Cycles irréguliers ou absents depuis plusieurs mois ;
  • Antécédents de chirurgie ovarienne, endométriose ou chimiothérapie ;
  • Infertilité inexpliquée dans le couple ;
  • Démarche de préservation de la fertilité, notamment sociétale.


Il est important de ne pas banaliser le retard à concevoir chez une femme de plus de 35 ans, même si les cycles sont réguliers.

Réserve ovarienne et préservation de la fertilité

L’évolution de la loi de bioéthique permet aujourd’hui aux femmes de préserver leurs ovocytes sans indication médicale, jusqu’à l’âge de 37 ans. Cette mesure s’adresse aux femmes souhaitant différer leur maternité pour des raisons personnelles ou professionnelles.

 

Dans ce contexte, la sage-femme peut :

 

  • Informer sur le cadre légal et médical de la préservation ovocytaire ;
  • Orienter vers les centres d’AMP agréés ;
  • Anticiper avec la patiente la diminution attendue de la fertilité avec l’âge.


L’AMH est ici un outil de repérage, mais aussi un élément de sensibilisation efficace, car il donne une estimation personnalisée.

Réserve ovarienne et qualité ovocytaire : deux dimensions à ne pas confondre

Une réserve ovarienne normale n’est pas synonyme de fertilité garantie. La qualité des ovocytes, qui dépend principalement de l’âge, joue un rôle aussi crucial que la quantité.

 

Ainsi, une femme de 40 ans avec une AMH correcte pourra tout de même rencontrer des difficultés à concevoir spontanément, car le risque d’anomalies embryonnaires augmente. Inversement, une jeune femme avec une faible AMH peut parfois concevoir naturellement, même si sa fenêtre de fertilité est plus courte.

Le rôle de la sage-femme dans l’accompagnement

Vous jouez un rôle clé dans :

 

  • L’éducation à la fertilité ;
  • L’écoute des questionnements sur le temps biologique ;Le repérage des profils à risque (tabac, endométriose, âge) ;
  • La co-construction d’un parcours avec les autres professionnels de santé.


Vous êtes également une interlocutrice privilégiée pour aborder les freins psychologiques liés au vieillissement ovarien ou à la pression sociale autour de la maternité.

Pourquoi se former à ces enjeux ?

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  • Les bases biologiques de la fertilité ;
  • La lecture des résultats d’AMH et d’échographie ;


Les éléments de posture professionnelle face à des patientes en questionnement.


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