Étape 1 : la prise en charge du patient
La première étape concernant le traitement d'une parodontite consiste à récolter le maximum d'informations sur cette maladie et sur le patient, afin de pouvoir poser le meilleur diagnostic et de pouvoir adapter le traitement parodontal.
L'interrogatoire du patient
D’abord, il faut interroger le patient concernant ses éventuels antécédents parodontaux. Un patient qui a déjà eu une parodontite a plus de chance de faire une récidive et les effets de celle-ci peuvent être encore plus désastreux. Il faut également vérifier que le patient n'a pas de maladies systémiques, telles que le diabète de type 2 ou encore des maladies cardio-vasculaires, qui augmentent le risque parodontal. Enfin, d'autres facteurs de risque sont à prendre en compte comme le tabagisme.
Mesures cliniques
Il s'agit ensuite de réaliser des mesures cliniques afin de vérifier l'étendue de la maladie parodontale. Pour ce faire, on utilise l'indice CPITN et une sonde parodontale qui permet de qualifier la gravité de la maladie. Il faut alors mesurer les saignements au sondage, leur intensité et d’objectiver le nombre de zones touchées.
On essaie également ici de surveiller la charge inflammatoire ou le pourcentage de perte osseuse. On peut utiliser la radiographie à cette fin. Un des éléments indicateurs à vérifier est la présence de diastèmes. Enfin, il faut vérifier l'existence d'une possible mobilité ou d’un déplacement dentaire, qui peut parfois s'accompagner d'une hausse locale de la température du patient. Après toutes ces mesures, il faut réaliser une carte de la perte d'attache constatée, de la profondeur des poches, ainsi que de l'inflammation gingivale.
L'enseignement de l'hygiène bucco-dentaire et la gestion des facteurs de risque
Peu importe la gravité de la maladie parodontale, il est crucial que le chirurgien-dentiste rappelle au patient l'importance d'une bonne hygiène bucco-dentaire. Celle-ci permet d'éviter la prolifération de bactéries qui sont à l'origine de poches parodontales, ou de possibles inflammations qui peuvent causer d'importantes pertes osseuses.
Une bonne hygiène dentaire consiste principalement en un brossage efficace et méticuleux après chaque repas (ou au moins une fois le matin et une fois le soir), ainsi que la possible utilisation de fil interdentaire, ou de produits bactéricides comme des bains de bouche. Outre la parodontite, une bonne hygiène bucco-dentaire permet évidemment de réduire les risques d'apparition d'autres maladies dentaires.
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Étape 2 : La phase étiologique
La phase étiologique a pour but d'empêcher la parodontite de progresser. Pour ce faire, il faut désinfecter l'ensemble de la cavité buccale. On emploie ici des traitements non-chirurgicaux qui ont pour objectif de réduire voire de supprimer l'inflammation du parodonte. On en distingue trois grands types : le détartrage-surfaçage radiculaire, l'antibiothérapie et le traitement antiseptique, bien que des études complémentaires nécessitent d'être menées, afin de vérifier leur efficacité réelle.
Le détartrage-surfaçage radiculaire
Bien que les études ne permettent pas de déterminer de manière évidente l'efficacité du détartrage-surfaçage pour traiter la parodontite, cette technique semble efficace pour le traitement de la gingivite. Il faut ensuite réaliser un polissage. Le détartrage-polissage suivi d'un surfaçage radiculaire est recommandé pour le traitement des parodontites. Lorsque la gencive est décollée, on peut l'attacher à nouveau en désinfectant de manière mécanique la surface. Il s'agit donc d'un travail de lissage ou de polissage de la surface concernée.
Visant les lésions interradiculaires, cette technique permet de réduire la profondeur des poches parodontales mais ne permet pas d'avoir un effet sur le niveau d'attache. Cette opération ne concerne que la partie sous-gingivale de la surface radiculaire. Elle est presque toujours réalisée sous anesthésie locale, bien que l'on opère parfois, dans le cadre d'une technique dite " à lambeaux" . Celle-ci se réalise par quadrants, sextants ou par demi-bouche.
L'antibiothérapie
Il existe deux types d'antibiothérapie : celle par voie locale et celle par voie générale. Il est nécessaire de bien choisir l'antibiotique, qui aura un effet sur l'ensemble des bactéries responsables de la maladie parodontale. Le métronidazole est souvent utilisé couplé à d'autres bactéries pour une efficacité maximale de l'antibiothérapie.
L'antibiothérapie n'est cependant pas conseillée chez les sujets sains au cours des gingivites chroniques et de l'abcès parodontal, et il n'est pas intéressant d'en réaliser une dans le cas de parodontite chronique.
Le traitement antiseptique
Il est également envisageable d'avoir recours à un traitement antiseptique par voie locale. Après de nombreuses études, les antiseptiques qui apparaissent comme les plus efficaces dans le traitement de la parodontite sont la chlorhexidine et la sanguinarine.
La sanguinarine sur vecteur biodégradable n'apporte aucune amélioration importante sur la profondeur au sondage ou encore le gain d'attache, comparée à d'autres techniques comme le détartrage-surfaçage (qui a un effet sur la profondeur au sondage).
La chlorhexidine sous forme de vernis n'apparaît pas comme étant une technique très efficace sur les paramètres cliniques d'une parodontite. En revanche, la chlorhexidine sur vecteur biodégradable (pas encore disponible en France) semble efficace couplée au détartrage-surfaçage lorsqu'il y a la présence de poches profondes de plus de 5 mm.
Étape 3 : la réévaluation à 3 mois
Trois mois après le traitement, quel qu'il soit, il est nécessaire de reprendre les mesures cliniques du patient et réévaluer la profondeur des poches parodontales afin de vérifier que le traitement a bien permis d'éradiquer la maladie et n'a pas seulement ralenti sa progression. Il s'agit ici de vérifier que la santé parodontale du patient a été durablement restaurée.
Dans certains cas, notamment lorsque le patient n'a pas suivi les conseils du dentiste (bonne hygiène bucco-dentaire, arrêt du tabac, etc.), il peut être nécessaire de recommencer des traitements tels que le détartrage-surfaçage radiculaire, l'antibiothérapie, ou encore le traitement antiseptique (à condition que le patient s’engage à suivre les recommandations). Il est parfois nécessaire d'aller jusqu'à une opération chirurgicale, notamment une extraction dentaire.
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