Lésion érythémato-squameuse : méthode pour dermatologues

Par Alphonse Doutriaux

8 août 2025

5 min

Vous observez une plaque rouge recouverte de squames. Le réflexe est de penser psoriasis, eczéma ou mycose. Mais comment éviter les raccourcis ?

 

En tant que dermatologue, vous le savez : la bonne description précède le bon diagnostic. Pourtant, trop souvent, le raisonnement clinique est biaisé par une observation intuitive, une terminologie imprécise ou une analyse incomplète.

 

Objectiver la lésion, c’est rendre son raisonnement reproductible. Une démarche descriptive normée permet non seulement de poser une hypothèse solide, mais aussi de transmettre un dossier clair, d’assurer la continuité des soins et d’échanger entre confrères.

 

Dans cet article, vous découvrirez comment structurer la description d’une lésion érythémato-squameuse grâce aux principes de la sémiologie dermatologique enseignés dans notre formation Walter Santé.

Pourquoi une démarche descriptive standardisée ?

La sémiologie est le socle du raisonnement dermatologique.

 

Face à une lésion inflammatoire, la description doit suivre une grille stable et validée. Cela permet :

 

  • D'éviter les erreurs de diagnostic,

  • De poser les bonnes indications d'examen complémentaire (grattage, biopsie, mycologie),

  • De guider la décision thérapeutique.

Bon à savoir

👉 La lésion érythémato-squameuse est un excellent cas d’école : commune à des dizaines d’affections, elle nécessite une observation précise pour ne pas tomber dans l’approximation.

Quels diagnostics évoquer devant une lésion érythémato-squameuse ?

Avant de décrire, rappelons que ce type de lésion se rencontre notamment dans :

 

  • Le psoriasis (forme en plaques, guttata, inversée…),

  • La dermatite atopique ou eczéma chronique,

  • Le lichen plan,

  • Les parapsoriasis,

  • La dermite séborrhéique,

  • Certaines mycoses superficielles (dermatophyties),

  • Le lupus érythémateux chronique.

Rappel

Chacune présente des caractéristiques spécifiques… à condition de les objectiver correctement.

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Affiner le diagnostic clinique, renforcer la sémiologie, structurer l’examen dermatologique et sécuriser la prise en charge sur le long terme.

Décomposer une lésion : la grille en 6 étapes

Walter Santé propose une méthode de description rigoureuse, en 6 axes cliniques :

1. Le type de lésion élémentaire

Vous devez identifier le bon terme descriptif :

 

  • Macule, papule, plaque ?

  • Érythème isolé ou surélevé ?

  • Présence de squames superficielles ?

Important

Ne partez jamais du diagnostic présumé. Observez, puis décrivez.

 

 

Utilisez des termes neutres : "plaque érythémateuse avec squames lamellaires adhérentes" plutôt que "aspect psoriasiforme".

2. La topographie précise

Décrivez l'emplacement exact :

 

  • Région anatomique (zones d’extension, plis, cuir chevelu…),

  • Symétrie ou asymétrie,

  • Nombre de lésions,

  • Disposition (groupées, linéaires, arciformes…).

Exemple

Une lésion érythémato-squameuse symétrique sur les coudes évoque un psoriasis ; dans les plis, on pense à une dermatite atopique.

3. La surface et la bordure

Regardez si les bords sont nets ou flous, si la surface est lisse ou kératosique.

 

  • Bords nets, squames épaisses = psoriasis.

  • Bords flous, exsudat possible = eczéma.

Bon à savoir

La notion de centre clair avec bordure active doit aussi faire évoquer une dermatophytie.

4. Le toucher : infiltration, induration

Palpez toujours les plaques.

 

  • Une infiltration ferme oriente vers un psoriasis ou un lupus chronique.

  • Une plaque molle, sensible, érythémateuse peut évoquer une dermatite ou une hypersensibilité.

Important

La palpation est souvent négligée, alors qu’elle est déterminante dans l’examen clinique dermatologique complet.

5. Les signes fonctionnels associés

  • Prurit ? Douleur ? Sensation de brûlure ?

  • Évolution dans le temps : aiguë, chronique, récidivante ?

  • Réponse partielle à un traitement ?

Notez également l’influence de la grattage : un phénomène de Koebner peut guider vers le psoriasis ou le lichen plan.

6. Les lésions associées ou satellites

Enfin, élargissez votre regard :

 

  • Cheveux, muqueuses, ongles ?

  • Présence de croûtes, fissures, suintement ?

  • Adénopathies ?

Exemple

Des ongles déformés renforcent l’hypothèse de psoriasis unguéal associé.

Cas clinique commenté

Patiente de 42 ans, sans antécédent, consultant pour une “plaque rouge qui gratte” au niveau du genou.

 

Démarche de description :

 

  • Plaque érythémateuse bien limitée, arrondie, infiltrée.

  • Squames lamellaires, sèches, blanches.

  • Topographie : convexité du genou, symétrique.

  • Pas de suintement, pas de bordure active.

  • Grattage facile, pas de douleur.

  • Ongles normaux.

➡️ Diagnostic évoqué : psoriasis en plaques typique.

 

➡️ Décision : pas de biopsie, traitement topique de première intention.

Pourquoi cette rigueur change votre pratique

Cette démarche ne vous fait pas perdre du temps : elle vous en fait gagner.

 

  • Vous rédigez mieux vos courriers,

  • Vous raisonnez plus vite en consultation,

  • Vous réduisez les examens inutiles,

  • Vous structurez votre grille diagnostique et vos décisions.

C’est aussi indispensable dans le cadre du DPC, où la traçabilité de vos diagnostics est évaluée.

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Alphonse Doutriaux

8 août 2025

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Et pourtant, le bon diagnostic repose rarement sur l’intuition. En dermatologie, c’est la précision de la description clinique qui fait toute la différence.

 

Renforcer vos réflexes sémiologiques, apprendre à reconnaître les lésions élémentaires atypiques, et structurer un examen dermatologique complet sont les leviers les plus puissants pour éviter les erreurs de raisonnement, les examens inutiles ou les traitements inappropriés.

Alphonse Doutriaux

8 août 2025

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