Psoriasis ou candidose des plis : comment trancher ?

Par Alphonse Doutriaux

8 août 2025

4 min

Dans les consultations de dermatologie, les atteintes des plis cutanés peuvent dérouter. Présentant à la fois un érythème, des démangeaisons et parfois une macération, ces plaques suscitent deux hypothèses fréquentes : psoriasis inversé ou intertrigo candidosique. Pourtant, leur étiologie, leur traitement et leurs risques de chronicisation diffèrent nettement.

 

Un diagnostic précis est nécessaire pour garantir une prise en charge optimale, éviter les récidives et adapter la prescription. Cet article vous guide à travers les différents repères cliniques et paracliniques pour affiner votre démarche diagnostique.

Deux entités inflammatoires à présentation similaire

Les deux pathologies se localisent dans les zones de plis : inguinaux, interfessiers, axillaires, sous-mammaires, voire ombilicaux. Elles se manifestent toutes deux par une rougeur bien délimitée, souvent prurigineuse. Pourtant, leur origine, leur évolution et leur traitement diffèrent.

 

  • Le psoriasis inversé est une forme cliniquement particulière du psoriasis en plaques, touchant les zones de frottement.

 

  • L’intertrigo candidosique est une infection mycosique superficielle causée par le développement de Candida albicans en milieu chaud et humide.

Critères cliniques : distinguer les signes

1. Aspect des lésions

  • Psoriasis inversé : plaques rouges vives, bien délimitées, à bords nets, lisses, brillantes, sans squames visibles en surface (contrairement au psoriasis classique).

 

  • Intertrigo candidosique : plaques rouges érosives, bord émietté, présence de pustules satellites ou de vésicules à la périphérie, suintement fréquent.

Astuce

Indice clé : les pustules satellites et l’érosion favorisent l’hypothèse mycosique.

2. Symptomatologie fonctionnelle

  • Psoriasis : souvent peu ou pas prurigineux ; gêne surtout mécanique.
  • Intertrigo : prurit intense, sensation de cuisson, douleurs au frottement.

3. Topographie associée

  • Le psoriasis inversé est souvent associé à d’autres localisations : coudes, genoux, cuir chevelu, ongles.
  • L’intertrigo candidosique peut s’associer à une candidose buccale ou vulvovaginale.

4. Terrain du patient

  • Psoriasis : antécédents personnels ou familiaux, contexte de stress, surpoids, syndrome métabolique.
  • Candidose : diabète, immunodépression, antibiothérapie récente, macération chronique.

5. Évolution

  • Psoriasis : récidives chroniques, évolution lente, résistance aux antifongiques.
  • Intertrigo : apparition rapide, possible amélioration sous antifongiques topiques.
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Examen mycologique : un test indispensable

Un prélèvement mycologique (prélèvement à la lame ou au coton-tige sur zone active) permet de confirmer l’hypothèse infectieuse. Il identifie la présence de Candida en culture ou par examen direct.

 

Un résultat négatif, surtout en cas de traitement antifongique antérieur, ne permet pas d’exclure formellement la candidose, mais incite à explorer d’autres pistes, comme le psoriasis inversé.

Histologie : en cas de doute persistant

La biopsie cutanée est rarement nécessaire mais peut être utile pour trancher un cas atypique :

 

  • Psoriasis : acanthose régulière, élongation des crêtes épidermiques, parakératose, micro-abcès de Munro.
  • Intertrigo candidosique : hyperkératose, spongiose, présence d’hyphes à la coloration PAS.

Traitement : conséquences du diagnostic

Psoriasis inversé

  • Dermocorticoïdes de faible puissance (classes I-II)
  • Dérivés de la vitamine D en association
  • Emollients + hygiène douce

Intertrigo candidosique

  • Antifongiques topiques (imidazolés : éconazole, miconazole)
  • Traitement systémique si étendues ou réfractaires (fluconazole)
  • Mesures hygiéno-diététiques : séchage, vêtements amples, réduction de la macération

Cas cliniques

Cas 1 : Femme de 55 ans, atteinte axillaire bilatérale

Lésions rouges brillantes, bien délimitées, sans squames. Présence de psoriasis unguéal et atteinte du cuir chevelu.

Bon à savoir

Diagnostic : psoriasis inversé. Traitement : dermocorticoïde + émollients.

Cas 2 : Homme de 47 ans, atteinte inguinale prurigineuse

Plaques rouges érosives, pustules en péripérie. Prurit intense. Diabète de type 2 mal équilibré.

Bon à savoir

Diagnostic : intertrigo candidosique. Traitement : antifongique topique + mesures d’hygiène.

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