Qu'est-ce que le sevrage ?
Le sevrage consiste à arrêter la consommation d’une substance et d’un comportement addictif. Le protocole de sevrage alcoolique concerne donc l’arrêt de la consommation d’alcool chez les patients dépendants. Le terme de sevrage désigne aussi les symptômes de manque induits par l’arrêt de la consommation d’alcool, de tabac ou de drogues.
Les signes cliniques d’une dépendance à l’alcool sont :
- la tolérance : besoin d’augmenter les doses pour obtenir un même effet ;
- les signes de manque à l’arrêt de l’alcool (d’après le score de Cushman) ;
- le besoin irrépressible de boire de l’alcool (craving) indépendamment de la volonté de la personne.
Lorsqu’il est possible, le sevrage alcoolique ambulatoire (à domicile) est recommandé. S’il ne peut être appliqué (cas de sevrage complexes), il est recommandé de réaliser un sevrage en milieu protégé. Pour le sevrage alcoolique, le traitement principal est la prise de benzodiazépines.
Le protocole de sevrage alcoolique doit être respecté et surveillé par un médecin et/ou un infirmier ou par une équipe en milieu médicalisé, car les effets secondaires d’une désintoxication à l’alcool peuvent être graves pour le patient.
Modalités du sevrage d'alcool
Le protocole de sevrage d’alcool comporte plusieurs étapes :
- un arrêt de l’usage d’alcool ;
- un traitement aux benzodiazépines (le plus souvent du Diazépam) ;
- une surveillance du contrôle du syndrome de sevrage ;
- une hydratation orale ;
- une supplémentation orale systématique en vitamine B1 ;
- une correction des troubles hydro-électriques ;
- une surveillance des symptômes de sevrage, notamment les accidents aigus tel le delirium tremens.
Le sevrage d’alcool a des effets secondaires plus ou moins importants. Dans le cas d’un delirium tremens, il est conseillé d’avoir une surveillance continue dans une structure spécialisée, surtout en cas de troubles psychiatriques ou de maladies associées. Il est préférable de placer le patient dans une chambre éclairée (afin d’éviter l’accentuation des zoopsies), calme, avec un passage régulier des soignants.
En cas de complications graves, comme l’encéphalopathie, une hospitalisation en soins intensifs peut être nécessaire. Et dans la situation d'une crise convulsive, le traitement reste les benzodiazépines pour sevrage d’alcool.
Lisez aussi notre article sur le traitement de la cirrhose alcoolique.

Repérage des conduites addictives, évaluation clinique, diagnostic et accompagnement en médecine générale.
Les stades de motivation et de rechute
Il existe cinq stades de motivation établis depuis 1983, initialement appliqués pour l’addiction au tabac, mais qui sont extrapolés désormais à toutes les conduites addictives :
1. Préintention : “Je ne veux pas m’arrêter” ;
2. Intention : “Il faudrait que j’arrête” ;
3. Préparation : “J’envisage d’arrêter” ;
4. Action : “J’arrête” ;
5. Maintien : “J’évite de reprendre”.
Durant ces phases, il peut y avoir des rechutes qui compliquent l’évolution de la motivation. Toutefois, après une phase de rechute, il est possible de s’inscrire à une nouvelle phase.
Le médecin doit repérer à quel stade se situe un patient. Il est conseillé d’en discuter avec le patient pour qu’il puisse s’auto-évaluer et comprendre sa motivation. Ces stades permettent d’adapter le sevrage au patient.
L’intervention brève doit durer entre 5 et 10 minutes et donner les informations essentielles. Elle a pour objectif d’induire des changements dans le comportement des patients.
La notion de rechute est fondamentale et fait partie du processus addictologique ou d’une maladie chronique. Elle n’est pas l’expression de la motivation du patient et n’est pas seulement un retour à l’usage. Elle est involontaire, étant comprise dans le processus addictologique, la perte de contrôle et une forte impulsion (craving). Il est important de l’expliquer au patient pour qu’il ne se décourage pas et qu’il garde sa motivation, même en cas de rechute.
Les cas de sevrage complexe
Il existe des cas complexes où le protocole de sevrage d’alcool doit être modifié et où le sevrage alcoolique en ambulatoire n’est pas possible.
Plusieurs cas ne permettent pas de mettre en place un sevrage ambulatoire :
- un antécédent de complication de sevrage (delirium tremens ou convulsions) ;
- une dépendance sévère, avec, par exemple, des symptômes de sevrage matinaux intenses, plus de 30 verres standards par jour, etc. ;
- une dépendance aux benzodiazépines associée ;
- un échec aux tentatives de sevrage ambulatoire ;
- un environnement social défavorable (précarité, conflits familiaux…) ;
- un terrain vulnérable (pathologies médicales concomitantes ou psychiatriques) ;
- un patient âgé ou une femme enceinte.
Lorsque le protocole de sevrage alcoolique en ambulatoire n’est pas recommandé, il est préférable de réaliser le sevrage en milieu protégé. Les unités de soins addictologiques ont pour but d’aider les patients à se sevrer et à maintenir l’arrêt de l’usage, dans de bonnes conditions, tout en améliorant leur qualité de vie. Les patients viennent pour se sevrer de l’alcool ou d’une autre substance, dans un temps défini. Ils restent environ deux semaines, avec la possibilité de faire une post-cure dans des unités de soins de suite et de réadaptation afin de consolider le sevrage.
Les patients viennent de leur plein gré et doivent signer un contrat de soin.
Pendant le séjour dans une unité de soins, des objectifs sont fixés, dont la réduction du tabac. La régulation de l’environnement, dont la nourriture et le tabac, est essentielle pour gérer les addictions. Un rythme de vie structuré est encouragé (lever tôt le matin, activités dans la journée, environnement calme en soirée…) pour préparer les patients à leur retour à domicile.
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