Comment se déroule un sevrage ambulatoire d’alcool ?

Par Thomas Cornet

10 avril 2025

6 min

Le sevrage ambulatoire d’alcool est réalisé au domicile du patient sous la surveillance du médecin traitant et/ou d’une infirmière libérale. Il est préconisé pour les patients désireux d’arrêter ou de diminuer l’alcool, et présentant une dépendance physique à l’alcool. Des symptômes peuvent se manifester lors du sevrage, ce qui nécessite une surveillance médicale et la prise d’un traitement médicamenteux. Explications.

Définition du sevrage ambulatoire

Le sevrage encadré d’alcool peut être réalisé à domicile ou au cours d’une hospitalisation. On parle de sevrage ambulatoire d’alcool (à domicile) pour désigner la prise en charge des patients dépendants à l’alcool, dans le but d’obtenir une abstention complète et durable d’usage d’alcool, ou une réduction significative.

 

Il est à noter qu’environ un tiers des patients présentant une dépendance à l’alcool n’ont pas de symptômes de sevrage à l’arrêt de l’alcool. Ainsi, la plupart des sevrages sont de faible intensité et ne présentent pas de difficulté s’ils sont repérés et traités de manière précoce, grâce au RPIB, par exemple.

 

Cependant, les complications existent et peuvent être graves, voire mortelles. Il est donc indispensable de savoir mesurer les symptômes de sevrage afin de repérer les complications graves et d’adapter la prise en charge au patient (prise en charge individualisée).

 

Les modalités du sevrage d’alcool ambulatoire sont proposées au patient dépendant qui souhaite arrêter, au moins temporairement, l’usage d’alcool. Dans la majorité des cas, le sevrage d’alcool est réalisé en ambulatoire (80 % des sevrages sont ambulatoires). Le sevrage hospitalier représente 20 % des cas et comporte des indications précises.

Contre-indications

Il y existe des contre-indications au sevrage d’alcool ambulatoire :

 

- l’échec d’un précédent sevrage alcoolique en ambulatoire ;
- une dépendance médicamenteuse au benzodiazépines ;
- des symptômes physiques de sevrage sévère (plus de 7 au score de Cushman) ;
- des poly-addictions (sauf tabac, fréquemment associé), à évaluer avec en addictologie ;
- des antécédents de convulsions ou de delirium tremens ;
- une pathologie somatique grave (insuffisance rénale chronique, insuffisance hépato-cellulaire, insuffisance cardio-pulmonaire) qui peut décompenser lors du sevrage ;
- un syndrome anxio-dépressif important ;
- une affection psychiatrique connue évolutive ;
- des troubles cognitifs sévères ;
- l’isolement familial ;
- la désocialisation ;
- une grossesse (le sevrage institutionnel est nécessaire et doit être pluridisciplinaire, afin de prévenir l’accident de sevrage).

 

En cas de comorbidités somatiques ou psychiatriques, un sevrage complexe peut être réalisé dans une unité de référence (CHU des grandes villes).

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Protocole de sevrage ambulatoire

Le sevrage ambulatoire d’alcool doit être planifié et doit s’inscrire dans le cadre d’un projet addictologique global. Ainsi, le patient peut se préparer à l’arrêt ou à une diminution de sa consommation.

 

Le sevrage d'alcool ambulatoire est généralement réalisé sous la surveillance médicale du médecin traitant, ou d’une équipe d’addictologie. En l’absence de contre-indications, le sevrage ambulatoire est une solution qui doit être préférée pour son confort et son coût réduit.

 

Le protocole de sevrage alcoolique ambulatoire comporte plusieurs étapes :

  1. La première consultation d’évaluation pré-sevrage : évaluation des indications et des contre-indications au sevrage d’alcool, évaluation de la consommation déclarée d’alcool (CDA) facultative, éducation thérapeutique du patient et de l’entourage, prescription du bilan biologique, proposition d’arrêt de travail ou de repos pour le sevrage, déterminer la date du début du sevrage en fonction des disponibilités du médecin et/ou de l’infirmière libérale, et prévoir les modalités de suivi avec le patient (prévention de la rechute).
  2. La deuxième consultation d’évaluation pré-sevrage : vérification de l’absence de cytolyse intense dans le bilan biologique, prescription d’un arrêt de travail (10 jours, si nécessaire), rappel de la consigne d’éviter l’activité professionnelle et l’activité physique intense, fixer la date de début de sevrage, prescription du traitement (benzodiazépines et thiamine), remettre la fiche d’information au patient, et veiller à l’état nutritionnel.
  3. Le sevrage d’alcool ambulatoire : à la date fixée, le patient commence le sevrage d’alcool sous suivi médical et/ou infirmier. Il peut se référer à la fiche d’information sur le protocole de sevrage remis par le médecin lors des consultations de pré-sevrage. Il est formellement interdit de conduire un engin motorisé pendant un sevrage d’alcool et la prise du traitement.
  4. La visite d’une infirmière libérale ou du médecin à domicile : indispensable pour contrôler le déroulement du sevrage, permet de surveiller la prise du traitement, contrôler le pouls, la tension artérielle, la fréquence respiratoire, les sueurs, les tremblements, l’agitation et les troubles sensoriels (établir score de Cushman), l’adaptation de la posologie des médicaments et la surveillance de l’hydratation et de l’état nutritionnel.
  5. La continuité de la prise en charge : la prise en charge du patient ne s’arrête pas à la réussite de la cure de sevrage alcoolique ambulatoire, mais doit prendre en compte le maintien de l’abstinence ou d’une réduction de la consommation d’alcool. Elle doit être effectuée par le médecin traitant.

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Grâce à la formation Addictologie de Walter Santé, retrouvez toutes les informations sur le sevrage ambulatoire d’alcool et les informations générales sur les addictions, en particulier l’addiction à l’alcool.

 

Cette formation addictologie en ligne a été conçue pour fournir aux médecins généralistes les connaissances indispensables pour la prise en charge des patients souffrants d’addictions, mais aussi pour vous aider à repérer les comportements à risque et à intervenir avant le développement de la dépendance.

 

Notre formation sur les addictions se déroule en trois parties :

 

  1. Comprendre l’addiction : les substances psychotropes actives et le concept d’addictologie.
  2. L'alcool ou le trouble d’usage d’alcool : l’alcool et ses conséquences, la prise en charge, les pathologies duelles.
  3. La prévention : la prévention des conduites addictives et des dommages, les structures spécialisées en addictologie.

 

Cette formation de prévention addiction a une durée de 16h et peut entièrement être financée par le DPC ou par un autre moyen de financement. Notre formation sur les addictions n’est accessible qu’aux médecins généralistes.

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