Comment traiter la cirrhose alcoolique ?

Par Thomas Cornet

10 avril 2025

8 min

La cirrhose alcoolique a des symptômes spécifiques que le médecin généraliste doit repérer afin de réaliser des examens permettant d’affiner le diagnostic. Maladie grave et irréversible du foie, la cirrhose alcoolique doit être traitée par sa cause (une consommation excessive et prolongée d'alcool) afin de retarder les complications et la décompensation du foie.

Définition de la cirrhose alcoolique

La cirrhose est une maladie qui touche le foie et qui endommage gravement cet organe. C’est une maladie chronique inflammatoire qui entraîne la destruction des cellules hépatiques qui se régénèrent de manière anarchique sous forme de nodule. La consommation d’alcool est le principal risque de survenue d’une cirrhose (cirrhose alcoolique), bien qu’elle puisse survenir des suites d'une hépatite virale chronique, d'une stéatose hépatique ou d'une maladie rare.

 

Les complications médicales du mésusage d’alcool sont nombreuses, en dehors du trouble addictologique. Le médecin doit reconnaître les signes d’une maladie liée à l’abus d’alcool, telle qu’une augmentation des enzymes hépatiques, afin de les différencier des autres causes possibles (comme une hépatite virale) et de proposer un sevrage d’alcool en évitant le risque de delirium tremens. Un mésusage d’alcool peut nuire au foie et entraîner une cirrhose.

 

Cependant, même chez un buveur régulier d’alcool, une maladie donnée n’est pas toujours en rapport avec un mésusage d’alcool. Il existe un niveau de susceptibilité individuel. Ainsi, même une consommation modérée peut entraîner des complications. Il est donc nécessaire de prendre en compte la personne dans sa globalité lors de la prise en charge d’une addiction à l’alcool ou d’une maladie du foie.

 

Toutefois, le risque de survenue de cirrhose augmente avec le niveau de consommation d’alcool. Les études de mortalité et de morbidité montrent que presque 15 % des morts liées à l’alcool en 2015 étaient dues à une cirrhose. Par ailleurs, le niveau de risque homme-femme est pratiquement le même.

Causes de la cirrhose du foie

En principe, une cirrhose ne peut pas régresser, elle est stable ou évolutive. Mais depuis peu, elle semble réversible dans certains cas. La cirrhose du foie est causée par :

 

- une consommation prolongée et excessive d’alcool qui concerne 50 à 70 % des cas de cirrhose ;
- une hépatite virale chronique, comme l’hépatite C chronique ou l’hépatite B chronique ;
- une stéatohépatite non alcoolique (NASH) chez des patients ayant un syndrome métabolique ;
- l’hémochromatose génétique provoquant une fibrose puis une cirrhose ;
- des maladies auto-immunes, comme la cirrhose biliaire primitive.

 

Ces deux dernières causes sont plus rares (5 à 10 % des cas). De plus, le tabac a un rôle aggravant. La cirrhose se développe dans 10 à 20 % des cas pour les patients exposés. La génétique pourrait être un facteur de susceptibilité.

 

Par ailleurs, le syndrome métabolique est un facteur de risque en augmentation ces dernières années, notamment associé à un surpoids ou à l’obésité.

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Quelles sont ses conséquences ?

Une cirrhose alcoolique a plusieurs conséquences sur la santé du patient :

 

- une insuffisance hépatocellulaire : le foie ne fonctionne plus correctement et perd ses fonctions vitales de fabrication, de stockage et de filtration des substances contenues dans le sang ou de sécrétion de bile ;
- une hypertension portale : à cause de la fibrose et des nodules, la pression du système veineux portal augmente et favorise la formation de varices dans l’œsophage ;
- un cancer du foie : il peut survenir dans les 10 à 15 ans après la formation de la cirrhose.

 

Lorsque le traitement de la bile et le filtrage fonctionnent moins bien, les substances issues des médicaments, par exemple, s’accumulent dans l’organisme et certains médicaments et toxines peuvent avoir des effets secondaires graves.

 

De plus, au fur et à mesure que la fibrose progresse et que le tissu cicatriciel se développe, le foie rétrécit et se durcit.

Diagnostic de la cirrhose

D’après notre formation Addictologie en ligne, pour réaliser le diagnostic d’une cirrhose alcoolique, le médecin doit :


- interroger ses patients pour rechercher les facteurs de risque ;
- évaluer la consommation d’alcool, de médicaments ou d’autres substances toxiques pour le foie ;
- calculer l’indice de masse corporelle et le tour de taille pour vérifier si le patient présente une obésité ou un état de dénutrition ;
- chercher les symptômes d’une cirrhose du foie (d’origine alcoolique ou non).

 

Ainsi, une cirrhose alcoolique présente les symptômes suivants :

 

- le foie peut être gros, dur et palpable (au niveau des côtes à droite), mais n’est pas douloureux ;
- la rate peut être palpable (au niveau des côtes à gauche) ;
- la peau peut être jaunâtre ou le blanc des yeux (ictère) ;
- des démangeaisons généralisées peuvent apparaître lorsque la fonction hépatique est altérée depuis longtemps ;
- les paumes des mains peuvent être rouges (érythrose palmaire) et les ongles blancs ;
- l’extrémité des doigts peut être élargie (hippocratisme digital) ;
- des étoiles rouges vasculaires peuvent être visibles sur la peau (angiomes stellaires), surtout au niveau du thorax.

 

Des examens doivent être réalisés pour confirmer l’examen clinique, tel qu’un bilan sanguin, et des examens complémentaires (échographie abdominale, endoscopie digestive haute, biopsie du foie…). Ce bilan permet d’évaluer la sévérité de la cirrhose, identifier sa cause, rechercher les complications potentielles, diagnostiquer d’autres maladies que la cirrhose alcoolique, proposer un traitement et planifier le suivi.

Bon à savoir

À savoir : la cirrhose est une affection longue durée (ALD). Les examens et les traitements sont pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie.

Le score de Child-Puch évalue la sévérité d’une cirrhose en association des données cliniques et biologiques. Cependant, le score MELD est plus utilisé aujourd’hui, car il est considéré comme plus objectif.

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Évolution de la cirrhose du foie

Hormis les cas de greffes de foie, il n’est pas possible de guérir une cirrhose alcoolique. Le traitement doit se concentrer sur la cause. Ainsi, dans le cas d’une cirrhose du foie due à l’alcool, il est nécessaire d’envisager le sevrage. Il est possible de proposer un sevrage ambulatoire.

 

L’objectif consiste à retarder la décompensation du foie, le stade où le foie ne peut plus assurer ses fonctions vitales. Les solutions qui consistent à retarder l’évolution de la cirrhose alcoolique sont :

 

- le changement de l’hygiène de vie (sevrage d’alcool pour une cirrhose alcoolique) ;
- le traitement de la cause de la cirrhose ;
- la prise en charge des facteurs aggravants (comme le tabac).

Plusieurs complications peuvent apparaître au fur et à mesure de l’évolution de la cirrhose du foie :

 

- une ascite ;
- un ictère ;
- des varices oesophagiennes ;
- une mauvaise absorption des graisses et des vitamines ;
- une hypertension porto-pulmonaire ;
- une hypertension portale ;
- des infections bactériennes ;
- une insuffisance rénale aiguë ;
- des anomalies hémorragiques ;
- des troubles neurologiques ;
- un cancer du foie ;

Les complications doivent également être traitées. Les candidats appropriés peuvent prétendre à une greffe de foie. Si la greffe fonctionne, la cirrhose ou le cancer du foie peut entièrement disparaître. Une greffe doit être envisagée dans en fonction de la probabilité que la personne décède en l’absence de greffe.

 

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