Différencier bronchiolite, asthme du nourrisson et bronchite

Par Alphonse Doutriaux

25 juillet 2025

5 min

Un nourrisson de 6 mois tousse, siffle et respire vite. Bronchiolite, bronchite ou asthme du nourrisson ? Pour le pédiatre, poser le bon diagnostic en consultation n’est pas toujours évident. Les symptômes se chevauchent : sibilances, toux, encombrement… et les parents parlent souvent d’“asthme” dès le premier épisode.

 

Ce flou peut entraîner des erreurs de prise en charge : prescription inadaptée, recours inutile aux bronchodilatateurs, ou retard d’orientation.

 

Et pourtant, la bonne distinction est essentielle, tant pour le suivi que pour l’accompagnement parental.
Dans cet article, nous vous donnons les repères cliniques clés pour bien différencier bronchiolite, asthme du nourrisson et bronchite aiguë. Des critères simples, fondés sur la clinique, pour fiabiliser vos décisions.

Bronchiolite : un premier épisode viral et obstructif

La bronchiolite est une infection virale des petites voies respiratoires, touchant principalement les nourrissons de moins de 12 mois. Elle est due le plus souvent au virus respiratoire syncytial (VRS), mais d'autres virus (métapneumovirus, rhinovirus, coronavirus, adénovirus…) peuvent également être impliqués.

 

Elle débute classiquement par un rhinopharyngite bénigne, qui évolue en quelques jours vers une toux sèche, une polypnée, parfois un tirage et des râles sibilants ou crépitants à l’auscultation. L’alimentation devient plus difficile, l’enfant est gêné pour respirer en mangeant, et peut perdre du poids. La fièvre est modérée, voire absente. 

 

Le tableau est aigu, souvent inaugural, avec un syndrome obstructif diffus sans réversibilité rapide. C’est un point clé : la bronchiolite ne répond pas bien aux bronchodilatateurs, contrairement à l’asthme du nourrisson. C’est pourquoi leur usage est déconseillé dans les recommandations récentes, sauf situation exceptionnelle.

 

Enfin, le score de gravité (comme le score de Wang) peut être utile pour objectiver la gêne respiratoire : fréquence > 60/min, tirage, sibilances et désaturation. À partir d’un score élevé, une orientation hospitalière doit être envisagée.

Asthme du nourrisson : des sifflements récidivants sur terrain atopique

L’asthme du nourrisson (ou asthme-like) se définit non pas par un épisode isolé, mais par la récurrence de symptômes obstructifs : sibilances, toux sèche nocturne, gêne respiratoire, parfois toux à l’effort.

 

Il touche souvent des enfants de plus de 6 mois, ayant un terrain allergique personnel ou familial (eczéma, rhinite allergique, parents asthmatiques). Les épisodes sont déclenchés par des infections virales, des changements de température ou des allergènes environnementaux.

 

La réponse aux bronchodilatateurs est rapide et nette, souvent après la première prise. L’enfant retrouve une respiration normale entre les épisodes, et l’état général est bon hors des poussées.

 

En pratique, on parle d’asthme du nourrisson devant :

 

  • Au moins 3 épisodes obstructifs documentés,
  • Des antécédents d’atopie ou un contexte familial évocateur,
  • Une bonne réponse au salbutamol,
  • Une gêne respiratoire bien tolérée, sans désaturation entre les crises.


C’est un diagnostic d’observation, évolutif, qui demande une réévaluation régulière. Tous les siffleurs ne deviennent pas asthmatiques : certains nourrissons siffleurs transitoires ne présenteront plus de symptômes après 3 ou 4 ans.

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Bronchite aiguë : une inflammation bénigne des bronches

La bronchite aiguë est une pathologie fréquente chez le nourrisson, mais moins préoccupante. Elle correspond à une inflammation des voies respiratoires moyennes, souvent d’origine virale.

 

Elle débute par une toux sèche, qui peut devenir grasse en quelques jours. L’état général est conservé. Il n’y a ni tirage, ni polypnée, ni désaturation. L’auscultation peut révéler quelques râles bronchiques, mais sans sibilances franches.

 

La bronchite ne nécessite pas de traitement spécifique : pas de bronchodilatateur, pas d’antibiotique. Elle guérit spontanément en 7 à 10 jours.

 

Elle peut parfois précéder un asthme si elle devient répétitive. Mais en consultation, elle reste un diagnostic d’exclusion après avoir éliminé bronchiolite ou asthme débutant.

Comparatif clinique

Comparatif clinique Bronchiolite

Les pièges à éviter en consultation

  • Traiter une bronchiolite avec Ventoline : inefficace dans la majorité des cas.
  • Parler d’asthme dès le premier épisode sibilant : trop précoce.
  • Ignorer une désaturation en pensant à une bronchite : attention à l’hypoxie silencieuse.
  • Négliger le terrain atopique familial chez un enfant de plus de 12 mois.
  • Confondre un asthme bien toléré avec une bronchite simple.


Ces confusions retardent le bon traitement et augmentent les prescriptions inutiles (bronchodilatateurs, corticoïdes, antibiotiques).

Pourquoi se former à ces distinctions ?

La réalité clinique est parfois floue, surtout en pleine épidémie hivernale. Pour éviter les erreurs de diagnostic ou de traitement, il est indispensable de :

 

  • Connaître les critères différentiels,
  • Savoir utiliser un score de gravité fiable,
  • Et adopter une démarche evidence-based.


Notre formation Bronchite pour nourrisson ciblée pour les pédiatres, permet aussi de mieux communiquer avec les parents, souvent anxieux et désorientés. Poser un nom sur les symptômes, expliquer le suivi, anticiper les récidives : autant de compétences qui améliorent la qualité de la relation médecin-famille.

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Alphonse Doutriaux

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Comment savoir si un nourrisson atteint de bronchiolite peut rester à domicile ou doit être hospitalisé ? C’est une question fréquente — et complexe — que se posent les pédiatres, notamment en période épidémique. Entre le nourrisson qui siffle modérément et celui dont la saturation baisse, la décision clinique repose sur de multiples éléments.

 

Mais en consultation, tout va vite. Et sans outil structurant, l’évaluation peut manquer d’objectivité, ou varier d’un praticien à l’autre. Cela rend la prise en charge incertaine… et la communication difficile, que ce soit avec les parents ou entre professionnels.

 

Le score de gravité de Wang, intégré dans la formation Walter Sanré sur la bronchiolite du nourrisson, offre un cadre simple, clinique, reproductible. Il aide à prendre la bonne décision au bon moment, sans céder à l’intuition seule.

Alphonse Doutriaux

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Mal évaluée, elle peut conduire à une hospitalisation évitable ou, à l’inverse, à une prise en charge trop tardive avec des complications respiratoires graves. Dans un contexte de tension sur les capacités hospitalières, et face à des parents souvent inquiets, la décision d’orientation repose entièrement sur l’expertise clinique du professionnel. Encore faut-il disposer de repères clairs pour trancher. Quels sont les signes qui doivent alerter ? À quel moment faut-il hospitaliser, et quand peut-on maintenir l’enfant à domicile en toute sécurité ? 

 

Cet article vous apporte les clés pour reconnaître les signes cliniques qui justifient une hospitalisation, en cohérence avec les recommandations de la HAS et les enseignements tirés de la pratique de terrain.

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Depuis la publication des nouvelles recommandations HAS actualisées entre 2019 et 2025, les repères sont clairs : diagnostic clinique, évaluation de la gravité, non-prescription médicamenteuse et prévention par anticorps monoclonaux. Voici ce qu’il faut retenir, concrètement, en tant que pédiatre.

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