Quels enfants doivent bénéficier du nirsevimab ?

Par Alphonse Doutriaux

25 juillet 2025

5 min

Comment réduire concrètement les hospitalisations pour bronchiolite du nourrisson cet hiver ? Face à la recrudescence des cas graves liés au virus respiratoire syncytial (VRS), les pédiatres sont souvent seuls pour décider, informer, et agir vite. Entre les nouveaux outils de prévention, les protocoles à jour et les attentes des familles, l'équilibre est complexe.

 

Parmi les innovations majeures, le nirsevimab (Beyfortus®) constitue une avancée décisive : un anticorps monoclonal administré en une dose unique pour protéger les plus vulnérables. Encore faut-il bien comprendre à qui il s’adresse, à quel moment l’injecter et dans quelles conditions. Cet article synthétise les recommandations officielles 2025 et les bonnes pratiques de prescription pour les pédiatres.

Nirsevimab : une nouvelle arme contre le VRS

Le nirsevimab est un anticorps monoclonal à longue durée d’action, spécifiquement conçu pour neutraliser le virus respiratoire syncytial (VRS). Contrairement à la vaccination, il procure une immunité immédiate d’une durée d’environ 5 mois, correspondant à toute la saison épidémique.

 

Son objectif est clair : réduire les formes graves de bronchiolite et désengorger les structures hospitalières en période de pic.

 

À la différence du palivizumab, réservé à certains profils à risque, le nirsevimab est destiné à une population élargie, dans une logique de santé publique.

Quels nourrissons sont éligibles en 2025 ?

Les dernières recommandations de la HAS (2024–2025) définissent les profils d’éligibilité en fonction de l’âge, de la saison de naissance, et de facteurs de risque associés.

Tableau – Profils d’éligibilité au nirsevimab

Profil de l’enfant

Éligibilité au nirsevimab

Nouveau-né né entre mi-septembre et fin février

✅ Oui, avant sortie de maternité

Nourrisson < 6 mois au début de l’épidémie (prématuré)

✅ Oui, injection possible en ville

Enfant atteint de pathologie à risque (BPCO, cardiopathie)

✅ Oui, jusqu’à 24 mois

Enfant ayant reçu le vaccin maternel Abrysvo®

✅ Oui, approche complémentaire

Enfant ayant reçu palivizumab

❌ Non, sauf exceptions documentées

Bon à savoir

La HAS précise que les deux stratégies (vaccin maternel + anticorps du nourrisson) ne s’excluent pas. La décision dépend du contexte clinique, de la date de naissance, et de l’accès à la prévention.

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Prescription : que doit savoir le pédiatre en 2025 ?

Quand administrer ?

 

  • En maternité, dès que possible avant la sortie (idéalement dans les 72 h).
  • En ville, si l’enfant n’a pas reçu la dose en maternité et reste exposé.
  • En hospitalisation, lors de séjour pour autre motif, si éligible.


Posologie

  • 50 mg pour les nourrissons < 5 kg
  • 100 mg pour les ≥ 5 kg
  • Voie intramusculaire, en dose unique.


Modalités pratiques

  • Remboursé à 100 % dans les indications définies.
  • Code CIP disponible en base Vidal et prescriptible par tout médecin.
  • Aucun schéma de rappel nécessaire.


Suivi post-injection

  • Surveillance habituelle post-injection (20–30 min).
  • Évènements indésirables rares : douleur locale, érythème, fièvre modérée.
  • Pas d’interaction avec les vaccins du calendrier vaccinal.

Que retenir des retours de terrain ?

Les données épidémiologiques françaises de 2023–2024 (source : Santé publique France) montrent une efficacité significative :

  • Réduction de 74 % des hospitalisations liées au VRS chez les nourrissons protégés.

  • Tolérance excellente : très faible taux d’effets indésirables signalés.

  • Feedbacks positifs des familles, notamment sur l’anticipation des bronchiolites sévères.

👉 Témoignage clinique (données presse spécialisée) : « C’est la première saison depuis longtemps où l’on n’a pas vu exploser les hospitalisations chez les moins de 2 mois. Le Beyfortus a clairement fait une différence. »

Comment l’intégrer dans la pratique courante ?

Pour les pédiatres de ville comme hospitaliers, plusieurs bonnes pratiques peuvent faciliter l’intégration du nirsevimab dans le parcours de soin :

  • Identifier rapidement les enfants nés en période épidémique.

  • Informer les familles sur les bénéfices attendus et les limites (pas une protection à vie, ne protège pas contre la grippe).

  • Coordonner avec les sages-femmes, médecins traitants ou maternités pour éviter les doubles prescriptions ou oublis. 

  • Anticiper la logistique (disponibilité, stock, rendez-vous) dès septembre.

Tableau récapitulatif

Élément

Recommandation 2025

Type

Anticorps monoclonal

Mode d’action

Immunité passive immédiate

Durée de protection

5 mois

Posologie

50 ou 100 mg IM en dose unique

Âge cible

Naissance à 24 mois selon risque

Administration

Maternité, ville, hôpital

Remboursement

Intégral pour les éligibles

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  • Une lecture critique des outils décisionnels, dont le score de gravité,
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Alphonse Doutriaux

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Comment savoir si un nourrisson atteint de bronchiolite peut rester à domicile ou doit être hospitalisé ? C’est une question fréquente — et complexe — que se posent les pédiatres, notamment en période épidémique. Entre le nourrisson qui siffle modérément et celui dont la saturation baisse, la décision clinique repose sur de multiples éléments.

 

Mais en consultation, tout va vite. Et sans outil structurant, l’évaluation peut manquer d’objectivité, ou varier d’un praticien à l’autre. Cela rend la prise en charge incertaine… et la communication difficile, que ce soit avec les parents ou entre professionnels.

 

Le score de gravité de Wang, intégré dans la formation Walter Sanré sur la bronchiolite du nourrisson, offre un cadre simple, clinique, reproductible. Il aide à prendre la bonne décision au bon moment, sans céder à l’intuition seule.

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Comment savoir si un nourrisson atteint de bronchiolite doit être hospitalisé ? Chaque hiver, les soignants sont confrontés à ce dilemme, parfois plusieurs fois par jour. La bronchiolite aiguë du nourrisson, bien que le plus souvent bénigne, peut évoluer vers une forme sévère, notamment chez les plus jeunes ou les enfants fragiles. 

 

Mal évaluée, elle peut conduire à une hospitalisation évitable ou, à l’inverse, à une prise en charge trop tardive avec des complications respiratoires graves. Dans un contexte de tension sur les capacités hospitalières, et face à des parents souvent inquiets, la décision d’orientation repose entièrement sur l’expertise clinique du professionnel. Encore faut-il disposer de repères clairs pour trancher. Quels sont les signes qui doivent alerter ? À quel moment faut-il hospitaliser, et quand peut-on maintenir l’enfant à domicile en toute sécurité ? 

 

Cet article vous apporte les clés pour reconnaître les signes cliniques qui justifient une hospitalisation, en cohérence avec les recommandations de la HAS et les enseignements tirés de la pratique de terrain.

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Un nourrisson de 6 mois tousse, siffle et respire vite. Bronchiolite, bronchite ou asthme du nourrisson ? Pour le pédiatre, poser le bon diagnostic en consultation n’est pas toujours évident. Les symptômes se chevauchent : sibilances, toux, encombrement… et les parents parlent souvent d’“asthme” dès le premier épisode.

 

Ce flou peut entraîner des erreurs de prise en charge : prescription inadaptée, recours inutile aux bronchodilatateurs, ou retard d’orientation.

 

Et pourtant, la bonne distinction est essentielle, tant pour le suivi que pour l’accompagnement parental.
Dans cet article, nous vous donnons les repères cliniques clés pour bien différencier bronchiolite, asthme du nourrisson et bronchite aiguë. Des critères simples, fondés sur la clinique, pour fiabiliser vos décisions.

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Pendant longtemps, les recommandations ont été floues ou trop théoriques. Résultat : prescriptions inadaptées, recours injustifiés à la kiné respiratoire ou au salbutamol, et un accompagnement parental hétérogène.

 

Depuis la publication des nouvelles recommandations HAS actualisées entre 2019 et 2025, les repères sont clairs : diagnostic clinique, évaluation de la gravité, non-prescription médicamenteuse et prévention par anticorps monoclonaux. Voici ce qu’il faut retenir, concrètement, en tant que pédiatre.

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