Comment qualifier une lésion buccale ?
Les plaies buccales sont très variées. Afin de parvenir à une qualification d’une lésion buccale constatée, il faut explorer divers critères, rassemblés sous l’acronyme CLARA :
- couleur ;
- limites ;
- aspect ;
- répartition ;
- association avec d’autres signes.
Cette observation est facile si la lésion est récente et bien délimitée. Elle est rendue difficile quand la lésion est fugace (bulle), confluente en placard, ou modérée et ne ressemblant pas à la lésion typique.
Les formations dentaires à distance insistent sur la nécessité qui arrive parfois de pratiquer des examens complémentaires pour qualifier une lésion buccale :
- biopsie (réalisation par immunofluorescence directe) ;
- prélèvement pour recherche d’éléments pathogène (virus, bactérie, champignon, parasite) ;
- examens immunologiques et généraux quand les lésions touchent aussi la peau ou d’autres muqueuses.
Les lésions primaires
Les formations dentaires en lien avec le DPC explicitent la longue liste des lésions buccales primaires. Il y a tout d’abord les macules. Ce sont de petites plaies buccales planes, non palpables, sans relief, en général à 1cm de diamètre, bien délimitées, colorées ou décolorées, uniques ou multiples.
On distingue différents types de macules :
- la macule blanche : hyperkératose ;
- la macule pigmentée : accumulation d’un pigment comme la mélanine (naevus plat) ;
- la macule érythémateuse qui peut correspondre à :
- une vasodilatation des vaisseaux sanguins suite à inflammation localisée,
- une néoangiogenèse c'est à dire une augmentation du nombre de vaisseaux sanguins,
- une extravasation sanguine suite à une rupture de la paroi vasculaire (purpura), que la vitropression ne fait pas disparaître.
La macule de plus grande dimension est une plage ou un placard. Son diamètre est supérieur à 1 cm de diamètre ; elle est non palpable, bien délimitée, non infiltrée, blanche, pigmentée ou érythémateuse.
Vient ensuite la lésion buccale primaire appelée papule. C’est une lésion solide, en relief, palpable ; on note un épaississement très localisé avec une légère surélévation par rapport à la muqueuse voisine. Elle est érythémateuse, blanche ou pigmentée, ferme et bien délimitée.
La papule de plus grande dimension (épaississement supérieur à 1 cm) est une plaque. On la rencontre par exemple dans la maladie de Heck, due au HPV 13 et 32 (voir ici le cas du virus HSV1), qui touche les enfants et les jeunes adultes.
Parmi les lésions primaires, il existe également la vésicule : il s’agit d’un soulèvement intra-épithélial circonscrit, de petite taille (inférieur à 2mm), contenant un liquide clair, séreux ou hémorragique. Cette vésicule est appelée à se rompre et laisser place à une petite érosion arrondie. L’étiologie est essentiellement virale.
Quant à la bulle, elle consiste en un décollement épithélial supérieur à 5mm, contenant une sérosité ou un contenu hémorragique. Elle est éphémère et laisse place à une érosion ou ulcération (bordée par collerette grisâtre). Sa forme est arrondie ou polycyclique. Le signe de la pince désigne un décollement de la muqueuse : c’est un examen important pour qualifier le pemphigus.
Autre lésion buccale primaire, la pustule présente un contenu opaque, blanc pur ou verdâtre. Il a tendance à s’ombiliquer au bout de quelques jours. La pustule est fréquente dans les infections, notamment les folliculites bactériennes.
Le nodule, quant à lui, peut être exophytique ou endophytique. C’est une lésion palpable, saillante, supérieure à 1 cm, grossièrement arrondie. C’est comme une papule ferme accompagnée d’une infiltration profonde du chorion avec une prolifération cellulaire. Parmi les nodules, on compte les kystes, lipomes et fibromes.
Enfin, parmi la liste des lésions primaires, il y a les végétations. Ces lésions très superficielles, qui n’arrivent pas au niveau du chorion, font une surélévation par rapport à la muqueuse voisine. Leurs couleurs sont très variables et leur surface est rugueuse, semblant former de petits cônes (comme une verrue). L’exemple typique est la corne muqueuse.
Le traitement de ces plaies buccales est spécifique à chacune.
Les lésions secondaires
Les formations DPC destinées aux dentistes détaillent ensuite les lésions buccales secondaires. Parmi elles, l’érosion est une lésion superficielle avec disparition partielle ou totale de l’épithélium, successive ou non à une bulle. Elle est rapide à guérir et ne laissera pas de cicatrices.
L’ulcération consiste en la disparition totale de l'épithélium et d’une partie du conjonctif, plus profond. Elle pourra laisser une cicatrice lors de son évolution et pourra être recouverte par un enduit blanchâtre peu épais caractéristique. C’est le cas typique de l’aphte. Le diagnostic de l’aphte buccal distingue les cas bénins des formes plus sévères.
Quant à la fissure, c’est une érosion linéaire, épithéliale et conjonctive, superficielle. On cite souvent comme exemple la perlèche commissurale.
Parmi les autres lésions secondaires, on trouve :
- le chancre : érosion ou ulcération de nature infectieuse (chancre syphilitique ou tuberculeux ) ;
- l’atrophie : un amincissement de l’épithélium au niveau de la langue avec disparition des papilles linguales (atrophie physiologique chez les personnes âgées) ;
- la sclérose : production de tissu conjonctif de réparation, le collagène, dont les fibres vont être particulièrement denses, causant une limitation de la mobilisation de la muqueuse sur les plans profond ;
- les lésions squameuses : accumulation et décollement de la couche cornée de l’épithélium dans des maladies comme le psoriasis ou la chéilite factice, attribuée le plus souvent aux morsures labiales ou au passage répété de la langue ;
- les croûtes : coagulation d’un exsudat séreux, hémorragique ou purulent, correspondant à un stade évolutif de lésions élémentaires différentes (bulles, vésicules, pustules).
Consultez nos autres articles pour connaître le traitement de ces lésions buccales.
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