Le suivi du patient après un traitement parodontal

Par Alphonse Doutriaux

19 décembre 2022

7 min

La réalisation d’un traitement parodontal implique un suivi étroit de votre patient(e) dans les mois et les années qui suivent. Ce dernier permet ainsi de garantir le caractère sain du parodonte et de la cavité buccale, tout en préservant la bonne santé globale de la personne concernée par la maladie.

Réaliser des soins parodontaux de soutien

Au cours des visites de contrôle qui suivent le traitement parodontal, il est tout d’abord essentiel pour le chirurgien-dentiste de réinterroger le/la patient(e) sur son profil médical qui peut évoluer au fil des années. Plusieurs affections chroniques ou maladies peuvent en effet influencer ou aggraver le développement de maladies parodontales, d’où l’importance d’une connaissance exhaustive des risques encourus par le/la patient(e).

 

Il s’agit également de réaliser à cette occasion un examen oral, qui devra être le plus complet et extensif possible. Un premier sondage permet d’obtenir un indice CPITN qui, s’il est compris entre 3 ou 4, impose la réalisation d’un sondage plus global. Le fait de vérifier les sites qui saignent au sondage rejoint un des objectifs principaux rappelés par le professeur Henri Tenenbaum dans la formation DPC dentaire sur la parodontite de Walter Santé, soit l’absence de poches parodontales situées au-delà de 5 millimètres.

 

En cas de baisse de qualité de l’hygiène bucco-dentaire, il est nécessaire de répéter les instructions déjà données à votre patient(e) en fonction de sa situation. Les poches parodontales déjà localisées et traitées, et qui présentent des signes de récidive, peuvent faire l’objet d’une réinstrumentalisation dans le but de soigner la parodontite.

La réalisation de soins contre la parodontite doit enfin tenir compte de différents facteurs :

 

  • le nombre de sites présentant des saignements et de poches parodontales profondes après le traitement ;
  • les éventuelles pertes dentaires ;
  • le rapport entre le niveau osseux et l’âge du/de la patient(e) ;
  • ses facteurs systémiques personnels ;
  • ses éventuels risques environnementaux (par exemple le tabac).

Tous ces éléments conduisent à la création d’un diagramme de risque qui intègre toutes ces composantes, et permet une prise en charge entièrement personnalisée pour le traitement de la parodontite.

Pour résumer

En d’autres termes, plus le niveau de risque de votre patient(e) sera élevé, et plus les soins parodontaux de soutien devront être rapprochés ; et inversement dans le cas d’un niveau de risque plus faible, qui permettra l’espacement progressif de ces derniers.

Comment s'organise l'évaluation finale ?

L’évaluation parodontale finale s’effectue à l’aide d’une image clinique et radiographique, ainsi qu’un bilan de sondage. Elle s’attache tout d’abord à mesurer la profondeur des poches, ainsi que les éventuels sites qui présenteraient encore un saignement au sondage. Il est essentiel de rester ici à distance de la gencive, surtout si le/la patient(e) possède des implants.

 

Au niveau radiographique, une situation stabilisée se révèle par un bon maintien osseux, ainsi qu’une bonne intégration des éventuelles prothèses existantes. Pour être considéré comme satisfaisant, l’aspect gingival doit démontrer un aspect sain, ou du moins s’en approcher. L’observation de la mandibule, des vues palatines ou des vues linguales permet également de compléter le bilan.

Après un rappel du point de départ, soit avant la réalisation du traitement parodontal, l’évaluation doit être poursuivie dans le temps, au minimum à six mois, puis à un an ou deux ans.

Important

La fréquence doit être adaptée à la situation personnelle du/de la patient(e) et à l'étendue de la maladie.

Il est nécessaire de déterminer à chaque fois le pourcentage de sites présentant de la plaque dentaire, les saignements au sondage, le nombre de poches supérieures à 4 ou à 6 mm, et la moyenne de la perte d’attache liée au phénomène de rétraction. Cela permettra d’affiner le diagnostic post-traitement, en confirmant par exemple la persistance d’une parodontite aiguë. Les soins ultérieurs seront également administrés ou prescrits en fonction des résultats de cette observation.

Notre formation continue pour les dentistes sur les parodontites présente un exemple complet d’évaluation finale, comprenant aussi le bilan des objectifs fixés avant le traitement pour une patiente. Dans le cas évoqué, une amélioration significative de l’hygiène bucco-dentaire, l’arrêt de la cigarette, la réalisation de soins parodontaux de soutien et une modification prothétique ont entraîné une réduction notable de l’ensemble des paramètres mesurés pour la maladie parodontale.

 

La parodontite chronique généralisée dont souffrait la patiente a ainsi été stabilisée. Cette dernière doit cependant être surveillée sur le long terme par le biais d’un solide suivi dentaire, ayant refusé la reprise des traitements endodontiques sur les dents mandibulaires, ce qui pourrait entraîner d’autres complications à plus ou moins long terme. Pour le praticien, le fait de réussir à guérir une parodontite dans sa totalité est donc tout à fait possible, mais demande la combinaison de nombreux facteurs. 

Suivre les patients à long terme

Le fait d’avoir des antécédents de maladie parodontale augmente le risque de complication autour des implants, et notamment des péri-implantites ou péri-mucosites. Si l’implantologie a apporté de nombreux bénéfices à la prise en charge thérapeutique en dentisterie, avec un taux de survie des prothèses à 5 ans entre 95 et 100 %, elle n’incarne cependant pas la solution idéale dans tous les cas de parodontite.

 

Il est en effet important d’établir la différence entre la survie et le succès : la première implique un implant resté en place, malgré d’éventuelles complications ; quand on peut parler du second lorsque l’implant est toujours ancré et sans aucun dégât collatéral.

 

La formation DPC Parodontites de Walter Santé vise à encourager la conservation des organes dentaires au maximum, grâce à un diagnostic précis et une prise en charge adaptée par le praticien. Le fait de diminuer les extractions dentaires et de limiter l’utilisation d’implants induit un risque moins important de complications futures pour le/la patient(e) atteint par une affection parodontale.

Bon à savoir

Il demeure cependant essentiel, et ce quelle que soit la solution retenue, de suivre les patients sur le long terme, afin de prévenir toute récidive, ou au moins de la prendre en charge à temps.

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