La proprioception en kinésithérapie

Par Alphonse Doutriaux

17 août 2022

7 min

La proprioception se définit comme la perception et la sensibilité du système nerveux par rapport aux informations provenant des muscles, des articulations ou des os. Dans le cas de la cheville, elle est extrêmement précieuse afin de garantir une bonne stabilité, et de limiter les risques d’aggravation ou de récidive d’une blessure. Découvrez dans cet article les bonnes pratiques de la proprioception en kinésithérapie.

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Qu'est-ce que la proprioception en kinésithérapie ?

La proprioception s’articule autour de cette voie d’information et des capteurs associés. Les informations reçues par ces afférences sont ensuite transmises et intégrées au niveau du système nerveux central, qui en tire alors les conclusions qui s’imposent. Une bonne cohérence sensitivomotrice est en effet essentielle pour le patient, afin de lui assurer une gestuelle sécurisée, notamment dans le cas d’une instabilité chronique de la cheville.

 

Une étude menée en 2015 par les chercheurs du laboratoire interdisciplinaire de biologie de la motricité de l’université de Savoie a été un tournant important pour la profession. Celle-ci a en effet permis de cibler et d’améliorer la connaissance, tout comme la prise en charge de la proprioception de la cheville, par le biais d’une nouvelle méthode.

 

Il s’agit ainsi d’ajouter sous le pied porteur une déstabilisation spécifique, qui conjugue une stabilité au niveau de l’avant-pied (ancrage métatarsien), et une déstabilisation au niveau de l’arrière-pied sur un mode tridimensionnel. Cette dernière s’organise autour de l’axe de Henke (sur lequel fonctionne l’articulation sous-talienne). Grâce à cette disposition, une session de kinésithérapie proprioceptive de la cheville pourra mesurer si les deux os de cette articulation sont capables de trois mouvements normalement basiques : rouler, virer et tanguer.

Ce geste permet en réalité de solliciter les capteurs associés, qui ne se réveillent pas lors d’un simple mouvement de pronation ou dans la sphère bidimensionnelle. Les plateaux, ballons ou mousses incarnaient donc ici des éléments limitants pour cette évaluation. La mesure tridimensionnelle dans le cadre d’un exercice de proprioception de la cheville est bien plus satisfaisante et objective. Elle est également bien plus représentative du bon fonctionnement ou d’un potentiel déficit de la proprioception de la cheville, outil précieux de diagnostic pour la proposition d’un traitement adapté.

Bon à savoir

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Le Y balance test

Le Y balance test est une référence dans le domaine du travail proprioceptif de la cheville et des organes sensoriels reliés. Il implique la pose ou le dessin au sol de trois bandes, qui se rejoignent en un point central, comme dans le cas de la lettre qui donne son nom au test. Le patient doit placer son pied porteur à cet endroit précis. Un protocole bien identifié se propose alors d’étudier les déstabilisations générées par le membre controlatéral qui va devoir se déplacer sur les branches du Y. Le kinésithérapeute se base ensuite sur un ensemble de règles établies pour déterminer la qualité ou le déficit de la proprioception.

Important

Ce test d’équilibre dynamique possède néanmoins une limite importante : en s’intéressant à l’ensemble du membre inférieur, soit à la jambe dans sa globalité, il ne permet en effet pas de dissocier l’origine du défaut proprioceptif. Ce dernier peut donc provenir du genou, de la hanche ou de la cheville. Cette imprécision fait d’ailleurs actuellement l’objet d’un débat au sein de la sphère scientifique. Le Y balance test est cependant une aide précieuse dans le cadre de la prise en charge de la cheville instable par le kiné.

Le signal proprioceptif

Si l’on résume les repères importants pour évaluer correctement et rééduquer les instabilités de cheville, voici les points fondamentaux sur lesquels il conviendra de s’appuyer pour l’évaluation et la restauration de la qualité du signal proprioceptif :

 

  • La dissociation de l’avant-pied de l’arrière-pied : le pied n’est plus envisagé comme un bloc monolithique et par le biais d’un mécanisme de pronation.
  • La mobilisation de la sous-talienne sur un mode tridimensionnel : effectuée autour de l’axe physiologique de l’arrière-pied, elle permet de réveiller et solliciter les capteurs associés.
  • La récupération de l’acuité proprioceptive de ces capteurs : parfois mis longtemps en sommeil, ils doivent être capables de détecter les mouvements d’inversion dans leur infimité, soit à 1,7 degrés du degré de mobilisation (contre 10 à 15 pour ceux du genou), afin de transmettre ces informations au système nerveux central.
  • L’intégration de ces informations dans une boucle fonctionnelle : cela concerne l’habilité à détecter les risques potentiels lors des déplacements. Il s’agit ensuite pour le patient de mettre en place une proactivation anticipatrice, notamment pour garantir le verrouillage de la cheville au moment de l’impact du talon au sol.

Bon à savoir

 La rééducation proprioceptive de la cheville doit donc s’effectuer selon un ensemble de critères établis afin de garantir la meilleure récupération possible au patient. Le rétablissement d’une qualité sensorielle à cet endroit permet en réalité de minimiser les risques de récidive d’entorse ou de blessure. 

Le kiné peut également proposer une série d’exercices visant au renforcement de la cheville par la proprioception. Toutes ces recommandations figurent au programme de notre formation DPC kiné spécialisée, entièrement finançable pour les professionnels de santé libéraux ou en centre conventionné.

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