Dans quels cas utiliser l'électrostimulation ?
L’électrothérapie périnéale consiste en un courant biphasique, alterné et à moyenne compensée pour éviter tout phénomène de polarisation. Le recours à cet outil est indiqué si votre patiente a des problèmes de schéma corporel. Au cours d’un travail manuel, elle ne ressentira rien ou ne comprendra pas comment appliquer vos recommandations pour contracter son périnée.
Vous pouvez aussi constater une inversion de commandes : au lieu de contracter, elle pousse avec le ventre. Une rééducation périnéale par électrostimulation pourra alors être bénéfique. Dans le cas d’hyperactivité vésicale, l’électrothérapie est également intéressante puisqu’elle est inhibitrice. Une stimulation à basse fréquence n’engendrera pas de resserrements du périnée plus ou moins longs, comme cela est nécessaire pour les incontinences urinaires d’effort par exemple, mais plutôt des battements, sans temps de repos, afin d’éviter que la vessie ne se contracte pour des petits volumes.
L’hyperesthésie vésicale est due à une vessie non inhibée qui ne peut tenir au-delà de 250 ml, contre 500 à 600 ml pour une vessie saine.
L’utilisation d’un appareil d’électrostimulation en kinésithérapie peut aussi avoir lieu en cas de fatigabilité du muscle, afin de recruter davantage de fibres. Si votre patiente ne progresse plus après un quart d’heure et ne parvient plus à suivre les courbes que vous lui avez programmées, proposez-lui une assistance par électrostimulation. Pour guider et encourager la patiente, vous pouvez placer vos doigts sur le noyau fibreux central, sous la sonde, et pousser légèrement au moment de la contraction impulsée par l’appareil. L’exercice ne doit pas être douloureux. Restez toujours à l’écoute de vos patientes. Pour utiliser la technique de l’électrostimulation au mieux, il est essentiel de se former à la rééducation du périnée.
Quelles précautions prendre ?
Avant tout recours à une sonde d’électrostimulation périnéale, il vous faut impérativement prêter attention à l’impédance vaginale. Il s’agit de l’opposition de la muqueuse du vagin au passage du courant électrique. Le praticien doit en tenir compte pour ne pas trop augmenter l’intensité de l’électrostimulation du périnée et risquer la brûlure. L’impédance change selon la localisation : l’impédance vaginale diffère de l’impédance anale.
Par ailleurs, la muqueuse vaginale a une impédance hormonodépendante ; elle est plus élevée chez les femmes qui allaitent et les femmes ménopausées. Elle évolue aussi en fonction du cycle. Soyez donc prudent(e) au moment de l’ovulation et quelques jours avant les règles. Pour information, la résistance au passage du courant est cent fois plus élevée au niveau de la peau que de la muqueuse.
Dans les cas où l’électrostimulation périnéale est contre-indiquée en intracavitaire, notre formatrice en rééducation périnéale, Ghislaine Philippe, préconise l’utilisation d’électrodes posées sur le périnée, de chaque côté du noyau fibreux central, soit au-dessous de la fourchette vulvaire et au-dessus du sphincter anal. La zone étant petite, il est possible de recourir à des électrodes papillon ou d’en découper. Pour que les électrodes adhèrent, il sera nécessaire de raser et nettoyer la zone. Notez que vous n’obtiendrez pas les mêmes réponses qu’en intracavitaire.
Enfin, si vous constatez une difficulté à lancer votre rééducation du périnée par électrostimulation à cause d’une vessie très active, proposez au médecin de prescrire à votre patiente des anticholinergiques, qui auront pour effet de calmer la vessie. L’appareil Uro Stim 2 peut en outre permettre à votre patiente de travailler à domicile depuis son nerf tibial postérieur, sur vos indications. Là encore, tournez-vous vers le médecin traitant.
Les différents types d'électrostimulation et de courants
Plusieurs types d’électrostimulation peuvent être utilisés pour une rééducation du périnée. Les courants excitomoteurs sont pratiqués dans les cas suivants :
- incontinence urinaire d’effort ;
- incontinence urinaire mixte ;
- incontinence anale ;
- prolapsus ;
- hypotonie périnéale ;
- périnée descendant ou descendu ;
- béance vulvo-vaginale ;
- béance anale ;
- incompétence périnéale (faiblesse musculaire du plancher pelvien par exemple).
Situés entre 50 et 80 Hz, les courants excitomoteurs stimulent les fibres phasiques et tonico-phasiques. La phase de repos est de deux fois le temps de stimulation périnéale qui ne prend en compte ni la montée, ni la descente.
Courants excitomoteurs (extrait de la formation Rééducation périnéale)
© Walter Santé 2023
Les courants à basse fréquence, allant de 1 à 25 Hz, sont utilisés pour l’hyperesthésie vésicale, les douleurs chroniques diffuses ou la fibrose. Le temps de repos n’est pas nécessaire puisqu’il n’y a pas de fatigue musculaire lors de vos séances d’électrostimulation en kinésithérapie.
Courants très basse fréquence (extrait de la formation Rééducation périnéale)
© Walter Santé 2023
Enfin, les courants TENS traitent tous les phénomènes douloureux aigus et localisés. Dans ce dernier cas, pensez aux massages avant la pratique de l’électrothérapie.
Quel est l'effet des courants dans la rééducation périnéale ?
L’électrostimulation du périnée peut tout d’abord permettre d’augmenter la force musculaire, dans le cas d’une incompétence périnéale par exemple. Les courants à basse fréquence, eux, ont un effet trophique et analgésique. Ils visent à améliorer la vascularisation. Pour obtenir un effet antalgique, et donc libérer des endorphines, les courants doivent avoir une fréquence inférieure à 10 Hz. Cette pratique est aussi nommée le TENS-acupuncture, dont l’effet est prolongé et différé. Il peut se cumuler avec un courant TENS conventionnel pour un effet analgésique.
Les cursus de formation en rééducation périnéale présentent l’électrothérapie comme un outil qui, pour donner des résultats concluants, doit s’inscrire dans un processus incluant également le biofeedback et le travail manuel.
Quelles sont les contre-indications ?
Parmi les contre-indications générales de l’électrostimulation en kinésithérapie, on note :
- les tumeurs intrapelviennes ;
- les infections (récidivantes ou non) ;
- les néphropathies ;
- les résidus post-mictionnels importants (supérieurs à 100 ml) ;
- les reflux vésico-urétéraux ;
- les pacemakers ;
- les états fébriles ;
- les cancers ;
- les dénervations du plancher pelvien.
La grossesse s’ajoute à la liste. Il s’agit d’une contre-indication d’ordre médico-légal. Avant toute électrostimulation du périnée, vous vous devez de demander aux patientes si elles sont enceintes. Restez aussi vigilant(e) sur les situations de post-partum. Pour aller plus loin, découvrez la prise en charge des prolapsus ou contactez nos conseillers(ères) pour suivre une formation Rééducation périnéale en ligne.
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