Détecter l'endométriose avec une échographie pelvienne

Par Thomas Cornet

25 juin 2024

8 min

L’échographie pelvienne est une méthode radiologique utilisant les ultrasons pour examiner les organes internes. Elle peut être réalisée de manière conventionnelle ou endovaginale pour une précision accrue, notamment lors de l’évaluation du col de l’utérus et pour détecter l’endométriose. Découvrez, dans cet article, comment détecter l’endométriose avec une échographie pelvienne.

À quoi sert l'échographie pelvienne ?

L’échographie est une technique radiologique utilisant des ultrasons pour visualiser les organes internes. Pour une meilleure précision et pour examiner le col de l’utérus, on peut pratiquer une échographie endovaginale ou endopelvienne en insérant une sonde dans le vagin.

 

Bien que généralement indolore, cet examen est particulièrement utile pour détecter les kystes ovariens, mais d’autres lésions peuvent parfois passer inaperçues. Il s’agit de l’examen de première intention recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Bon à savoir

Pour garantir son efficacité, l’échographie doit être réalisée par un(e) radiologue formé(e) à l’endométriose. Pour trouver un spécialiste, il est conseillé de contacter les bénévoles d’EndoFrance ou les filières de soins régionales. Il convient de noter que l’échographie endovaginale n’est pas pratiquée chez les jeunes femmes vierges.

Dans quels cas la réaliser ?

L’échographie pelvienne, tout comme l’IRM, ne permet pas d’obtenir un diagnostic satisfaisant des lésions d’endométriose superficielle. Ces examens pour détecter l’endométriose ne sont pas recommandés dans le but d’exclure une forme superficielle ou précoce de la maladie. 

Rappel

En ce qui concerne les endométriomes, l’échographie endovaginale avec Doppler présente une sensibilité comprise entre 81 et 84 % et une spécificité entre 90 et 97 %.  Elle est donc une méthode efficace pour confirmer ou exclure un endométriome, et peut être réalisée même par un échographiste non spécialisé, bien que le diagnostic doit être posé avec prudence chez les femmes ménopausées pour éviter de méconnaître une éventuelle tumeur maligne.

L’échographie pelvienne et l’IRM sont comparables pour diagnostiquer l’endométriose ovarienne typique, mais l’IRM est préférable en cas d’anomalie échographique pour caractériser une masse annexielle complexe. Pour les lésions profondes, l’échographie pelvienne par un praticien expérimenté est plus sensible que l’examen clinique pour détecter les atteintes des ligaments utéro-sacrés et du système digestif, bien qu’elle soit limitée pour les lésions vaginales et de la cloison recto-vaginale.

Important

L’IRM est plus sensible que l’échographie pour diagnostiquer l’endométriose profonde, bien que moins spécifique.

Une IRM négative peut exclure des lésions profondes avec une performance proche de la chirurgie, mais une IRM positive peut entraîner des faux positifs, en particulier avec l’épaississement isolé des ligaments utéro-sacrés. L’IRM est donc utile en cas de résultats négatifs à l’échographie pour éliminer un diagnostic d’endométriose profonde.

Étapes de l'examen

Voici les étapes de l'examen nécessaire pour détecter une endométriose chez vos patientes :

 

Tableau issu de la formation Endométriose - Walter Santé

 

En ce qui concerne la préparation préalable de la patiente, il n’est pas nécessaire de choisir un moment spécifique du cycle menstruel, et il est inutile de prévoir un jeûne particulier. Pour optimiser la détection des lésions endométriosiques profondes, notamment celles qui affectent le système digestif, et pour évaluer la profondeur de l’envahissement pariétal, il peut être envisagé de proposer une préparation digestive comme un lavement préalable.

Bon à savoir

Pour la réalisation à proprement dite de l’examen pour l’endométriose, il est recommandé que la patiente ait la vessie vide pour une évaluation optimale de l’endométriose. L’opacification rectale à l’eau peut être envisagée comme une option bénéfique pour différencier une simple adhérence à la séreuse d’une atteinte de la couche musculaire externe de la paroi digestive.

Idéalement, l’examen devrait comporter plusieurs étapes. Tout d’abord, l’échographie endovaginale en mode 2D constitue l’étape essentielle de l’examen. Une approche dynamique, précise et prudente est requise pour repérer les zones sensibles douloureuses et évaluer les adhérences entre les organes.

Astuce

L’utilisation du module 3D est facultative, mais peut s’avérer utile pour évaluer l’utérus en coupe coronale afin d’améliorer la visualisation de la cavité utérine et de détecter une éventuelle adénomyose associée. Cependant, aucune supériorité de la 3D dans le diagnostic des endométriomes et des lésions d’endométriose profonde, en particulier celles affectant le système digestif, n’a été démontrée.

Ensuite, l’exploration abdominale doit être systématique en cas d’endométriose profonde, avec une échographie rénale permettant de rechercher une éventuelle dilatation des cavités pyélocalicielles. Une étude éventuelle à l’aide d’une sonde linéaire superficielle peut être réalisée en présence de signes cliniques évocateurs tels qu’une masse abdominale douloureuse (indiquant une atteinte pariétale) ou des douleurs cycliques dans la région de la fosse iliaque droite (suggérant une atteinte du carrefour iléo-cæco-appendiculaire).

Bon à savoir

La formation Endométriose de Walter Santé est notamment dédiée aux médecins généralistes qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur la maladie.

Compte rendu de l'examen

Le rapport d’examen doit être exhaustif dans son analyse des différents organes et compartiments qui peuvent être touchés par l’endométriose et l’adénomyose. Pour l’utérus, il est nécessaire de rechercher des signes d’adénomyose interne selon les critères MUSA, en examinant notamment l’asymétrie antéro-postérieure, la présence de kystes sous-endométriaux, le halo hyperéchogène du myomètre, l’aspect strié du myomètre, et la vascularisation peignée au Doppler énergie.

 

De plus, l’évaluation de la zone jonctionnelle, incluant son épaisseur et la perte de continuité, ainsi que la recherche d’une adénomyose externe, avec précision de la localisation et de la profondeur de l’atteinte, est indispensable.

 

En ce qui concerne les annexes, il convient de rechercher des kystes endométriosiques ovariens (endométriomes), en précisant leur localisation, leur position dans l’ovaire, leur nombre, leur taille et la présence ou non de parenchyme ovarien sain.

 

Une analyse des trompes doit également être effectuée, incluant la recherche d’endométriose tubaire ou d’hématosalpinx, ainsi que l’évaluation de la présence d’une dilatation tubaire liquidienne (hydrosalpinx). 

Rappel

L’évaluation de la position des ovaires par rapport à la fossette ovarienne et à l’utérus, leur mobilité et leur accessibilité à d’éventuels gestes par voie vaginale, est également importante.

En ce qui concerne les localisations extra-utérines et extra-annexielles, il est important de rechercher des signes d’endométriose profonde sous-péritonéale postérieure, incluant :

  • la présence de nodules ;
  • épaississement du torus ;
  • épaississement des ligaments utérosacrés ;
  • épaississement de la cloison recto-vaginale ;
  • épaississement du vagin, de la symphyse du Douglas ;
  • éventuelle atteinte digestive (rectosigmoïdienne, grêle, carrefour iléo-cæco-appendiculaire).

 

Échographie endovaginale extraite de la formation Endométriose

 

De plus, la recherche d’endométriose péritonéale et profonde sous-péritonéale antérieure est nécessaire, avec une évaluation des implants superficiels du cul-de-sac vésico-utérin, de l’atteinte de la paroi vésicale, des ligaments ronds, des nodules pariétaux, et une précision de l’absence de dilatation urétéropyélocalicielle. Enfin, il est important de rechercher des adhérences après un examen dynamique, en précisant leur localisation.


 
L’échographie pelvienne, en particulier l’échographie endovaginale, joue un rôle capital pour diagnostiquer l’endométriose. Bien qu’elle puisse avoir des limitations, notamment pour les lésions superficielles, sa précision et son efficacité sont considérablement améliorées lorsqu’elle est réalisée par un radiologue spécialisé. 

Bon à savoir

Walter Santé propose une formation Endométriose complète pour les professionnels de santé impliqués dans la détection de l’endométriose. Le programme de la formation inclut également l’ETP dans l’endométriose.

Téléchargez le programme de la formation Endométriose en PDF

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