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Par Thomas Cornet
Le papillomavirus chez la femme, particulièrement celui de haut grade, peut donner lieu à des lésions cervicales du col de l’utérus. Ces lésions sont traitées par conisation, un acte chirurgical qui n’est pas anodin et engendre une augmentation du risque d’accouchement prématuré. Nous évoquons dans cet article les conséquences d’une conisation, ainsi que le risque de récidive chez une femme porteuse du papillomavirus. Dans quelle mesure une patiente peut-elle de nouveau présenter une lésion intraépithéliale ? Vous découvrirez aussi comment effectuer un suivi post-thérapeutique optimal, grâce notamment au test HPV.
Sommaire
Le traitement du HPV à haut risque oncogène induit, à l’instar de tous les traitements, une augmentation du risque d’accouchement prématuré, et donc de morbidité obstétricale et périnatale. En effet, traiter une lésion sur le col de l’utérus repose sur l’exérèse chirurgicale par conisation. Cette intervention ne doit pas être minimisée par le praticien. Le traitement d’un papillomavirus à haut risque chez la femme implique un impact anatomique sur le col puisque la conisation diminue le volume de l’utérus, sa longueur, et son volume cervical.
En termes de morbidité, le risque principal dépendra de l’exérèse réalisée. Plus la conisation est conséquente, plus le risque d’accouchement prématuré sera élevé. On le considère majoré au-dessus de 10 mm de hauteur ou 3 ml de volume de conisation. La difficulté est de réaliser une conisation d’un volume adapté pour être efficace sur le plan thérapeutique et de prévention de cancer, mais qui évite aussi au maximum le risque de conséquences obstétricales. L’objectif étant de préserver la capacité des patientes touchées à pouvoir faire une grossesse normale.
Le risque d’accouchement prématuré est de 15 à 20 % chez une femme porteuse du papillomavirus ayant subi une conisation, contre 7 % dans la population générale.
Important
Il est essentiel d’expliquer à vos patientes que le traitement chirurgical par conisation n’implique pas forcément de complications : le risque est cependant inévitablement majoré. Il augmentera avec la hauteur du col traité, le volume de col détruit et le nombre de gestes thérapeutiques réalisés.
Dépistage, enjeux de la vaccination HPV, prise en charge et suivi post-thérapeutique, état de la recherche.
Découvrir la formationLe traitement de l’HPV induit obligatoirement un risque de récidive, quel que soit le type de papillomavirus. L’HPV à bas risque peut provoquer l’apparition de verrues génitales invalidantes. Elles sont bénignes, mais nécessitent un traitement long et peuvent refaire surface. La récidive est malheureusement également possible chez une femme suivie pour une infection HPV de haut grade.
Une patiente qui a été traitée pour une lésion précancéreuse du col de l’utérus ne relève plus du dépistage, mais d’une surveillance post-thérapeutique adaptée. Elle témoigne d’une certaine fragilité et devra être surveillée d’un peu plus près qu’une patiente n’ayant pas développé de lésion. Même réalisé de manière optimale, le traitement du papillomavirus chez une femme n’écartera pas le risque de récidive d’une nouvelle lésion intraépithéliale. À 5 et 10 ans, ce risque est de l’ordre de 5 à 20 % selon les études et le statut des marges. Lorsque les récidives surviennent, c’est principalement au cours des deux premières années de suivi.
Cependant, elles peuvent aussi apparaître plus tard dans la vie de la patiente. Traiter le papillomavirus de haut grade chez la femme signifie qu’elle ne pourra plus retourner dans le dépistage individuel ou organisé.
Bon à savoir
Le risque de récidive perdure tout au long de sa vie, par conséquent, elle devra nécessairement bénéficier d’une surveillance post-thérapeutique accrue. Si vous souhaitez en apprendre plus sur le traitement de l’HPV chez la femme, renseignez-vous sur notre cursus de formation HPV à distance.
Le risque de développer un cancer lié au HPV chez un sujet jeune reste heureusement faible, d’où l’intérêt de ne jamais se précipiter vers un traitement. Parfois, le praticien peut craindre de perdre de vue la patiente et décider de traiter le papillomavirus au plus vite. Or, il faut se rappeler qu’une patiente qui disparaît ne signifie pas qu’elle ne sera pas traitée par quelqu’un d’autre.
Par ailleurs, une thérapeutique contre le papillomavirus chez la femme expose aussi au risque de sténose de l’orifice cervical externe, qui rendra difficile toute surveillance ultérieure. S’il ne doit pas être précipité, le traitement de l’HPV chez la femme s’inscrit malgré tout dans le but absolu d’éviter de voir la lésion progresser en cancer. Ainsi, la décision de traiter une infection HPV chez une femme peut s’avérer nécessaire. Néanmoins, un traitement appliqué jusqu’au bout ne signifie pas pour autant que tout s’arrêtera pour le professionnel de santé. Le suivi est en effet primordial, en partie à cause du risque de récidive majoré et présent à vie, évoqué précédemment.
Important
Les patientes concernées par un HPV de haut grade sont également exposées à un risque de cancer plus important : elles ont 3 à 5 fois plus de chances de développer un cancer du col de l’utérus que le reste de la population.
Comme pour le dépistage, le test HPV fait figure de grand gagnant face à tous les tests de surveillance post-thérapeutique. Il est plus sensible que le frottis et conserve une spécificité comparable. Il est donc sans équivoque plus performant pour mettre en évidence des récidives de lésions précancéreuses du col de l’utérus. L’usage des deux tests pour une même patiente a été préconisé pendant des années pour le suivi post-thérapeutique d’un papillomavirus chez la femme, or il a été démontré que l’on ne gagne pas plus en sensibilité et que l’on perd en spécificité. Il est aujourd’hui recommandé d’avoir recours uniquement au test HPV pour le suivi de ces femmes traitées.
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Découvrir les formationsDes études ont été menées pour savoir à quel moment opérer ce test de suivi. Il est inutile de le faire trop tôt, car il revient négatif seulement quelques jours après la conisation. La quasi-totalité des études ayant évalué la haute performance du test HPV a été réalisée 6 mois après le traitement par conisation du papillomavirus chez la femme. Il est donc recommandé de se mettre dans les mêmes conditions et d’effectuer le test après cette période de 6 mois, pour assurer un meilleur suivi de vos patientes.
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