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Par Thomas Cornet
Une manière de prévenir le cancer du col de l'utérus, ainsi que les lésions pré-cancéreuses du col de l'utérus ou de l'anus est l'administration du vaccin anti-HPV. Ce vaccin, qui a démontré sa grande efficacité et une sûreté maximale, concerne tout le monde. Mais où en est la couverteure vaccinale en France? En voici la réponse.
Sommaire
La vaccination anti-HPV a montré une grande efficacité : il aurait une efficacité à prévenir les infections persistantes à HPV 16 et 18 dans plus de 90% des cas. Grâce à cette efficacité, il permet de prévenir toutes les lésions intra-épithéliales du col de l'utérus.
Les vaccins HPV ont évolué dans le temps. Le premier vaccin HPV était quadrivalent, c'est-à-dire qu'il protégeait contre 4 types de papillomavirus : les HPV 16 et 18, formes les plus fréquemment rencontrées dans les lésions pré-cancéreuses et les cancers du col de l'utérus, et les HPV 6 et 11 qui sont à l'origine des condylomes acuminés. S'en est suivi un vaccin anti-HPV bivalent qui ne ciblait que les HPV 16 et 18 ; et aujourd'hui, le vaccin anti-HPV est nonavalent, ciblant donc 9 formes de papillomavirus.
Le vaccin nonavalent, mis au point dans les années 2000, a déjà prouvé sa grande efficacité pour prévenir les infections persistantes des HPV 16 et 18 et à prévenir les lésions pré-cancéreuses du col de l'utérus.
Il n'a pas encore prouvé son efficacité à prévenir le cancer du col de l'utérus, mais ce n'est qu'une question de temps : en effet, le vaccin ayant été mis au point dans les années 2000, et le cancer se développant 10 à 15 ans après l'infection, les patientes ayant été vaccinées n'ont pas eu le temps de développer - ou non - un cancer du col de l'utérus.
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Dépistage, enjeux de la vaccination HPV, prise en charge et suivi post-thérapeutique, état de la recherche.
Découvrir la formationPlusieurs études de pharmacovigilance ont été publiées sur la sécurité du vaccin HPV : il n'y a aujourd'hui aucun indicateur permettant de démontrer un quelconque danger du vaccin, alors que 240 millions de doses ont été prescrites dans le monde.
Une étude menée aux Etats-Unis montre une petite augmentation des syncopes et des accidents thrombo-emboliques (phlébite entre autres), mais elle ne parvient pas à déterminer si cette augmentation est véritablement en lien avec la vaccination ou s'il s'agit d'une sur-déclaration de ses effets. Une autre étude menée sur 600 000 doses administrées montre effectivement une hausse des accidents thromboemboliques, même si cela reste limité à 8 patientes sur la totalité de l'étude.
Enfin, une étude menée au Danemark sur un million de jeunes filles qui se concentrait sur 40 maladies auto-immunes, a révélé une légère augmentation de certaines d'entre elles, donc la maladie de Behçet.
Le vaccin anti-HPV concerne tout le monde : non seulement le HPV est très fréquent (80% de la population sera touchée au cours de sa vie sexuelle), mais il ne constitue pas seulement un risque pour le cancer du col de l'utérus (il y a un lien direct démontré entre le papillomavirus et les lésions-pré-cancéreuses de l'anus).
C'est pour cela qu'il faut vacciner filles et garçons le plus tôt possible, pour éviter que le virus circule dans la population cible.
De plus, le vaccin anti-HPV ne protège pas seulement contre le cancer du col de l'utérus : il protège également contre les condylomes acuminés, qui sont l'infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente dans les pays développés.
Les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) en termes vaccination HPV ont beaucoup évolué au cours des dix dernières années en France. Et pourtant, alors que le vaccin est pris en charge, la couverture vaccinale reste décevante. Voici quelques informations sur l'évolution et les objectifs de la vaccination HPV en France.
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Découvrir les formationsEn France, il n'y a plus de distinction sexuelle de la vaccination. En principe, la vaccination se fait entre 11 et 14 ans, avec 6 mois d'écart entre les deux injections. Mais il est également possible d'administrer le vaccin en rattrapage, c'est-à-dire entre les âges de 14 et 19 ans. Dans ce cas, trois doses seront injectées : la deuxième avec un mois d'écart par rapport à la première, et la troisième avec 6 mois d'écart par rapport à la première.
Important
Il est important de noter qu'il est possible de co-administrer ce vaccin avec les rappels de vaccin DTP (diphtérie, tétanos et polio).
Au fil des dix dernières années, les indications de l'AMM (Autorisation de mise sur le marché) ont été étendues : au lieu de cibler seulement les pathologies cervicales, on inclut maintenant la vulve, le vagin et l'anus. De plus, le schéma vaccinal a été simplifié à deux doses et l'âge de la vaccination a été rajeuni à 11-14 ans.
En 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) a généralisé le vaccin aux garçons : il n'y a donc ni distinction de genre, ni distinction d'orientation sexuelle dans l'administration du vaccin.
Il faut savoir que la politique vaccinale anti-HPV est largement insuffisante en France : alors que la couverture vaccinale dans des pays comme le Portugal, l'Italie ou l'Espagne est aux environs de 70%, la couverture vaccinale française dépasse à peine les 25%. Cette politique vaccinale est donc un échec retentissant car il est l'un des plus bas d'Europe, alors même que le vaccin est pris en charge. Il s'agit d'autant plus d'un échec que la couverture initialement prévue était de 60%.
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