Qu'est-ce que l'hormonothérapie ?
Lorsque se pose la question de savoir à quoi sert l’hormonothérapie, il faut d’abord envisager le rôle essentiel des hormones masculines et féminines sur l’état de santé.
L’hormonothérapie est un traitement qui ajoute, bloque ou enlève des hormones afin de ralentir ou interrompre la croissance de cellules cancéreuses qui ont besoin d’hormones pour se développer, au niveau des zones suivantes :
- des ovaires ;
- des testicules ;
- de la prostate ;
- des seins (attention au cas particulier du cancer triple négatif) ;
- de l’hypophyse ;
- des glandes surrénales ;
- du pancréas.
Définition issue de notre formation Cancers de la femme - Walter Santé
Par exemple, le cancer de la prostate est un cancer hormono-sensible : sa croissance est stimulée par la testostérone et l’hormonothérapie empêche cette stimulation, ce qui bloque le développement de la tumeur.
L’hormonothérapie peut être administrée de façon isolée comme traitement principal ou associée à d’autres traitements. Ces détails sont explicités dans les formations DPC à destination des pharmaciens.
Comment fonctionne-t-elle ?
Dans le cas des cancers hormono-sensibles, la présence d’une certaine hormone provoque une multiplication plus rapide des cellules cancéreuses.
Ainsi qu’il est développé dans les formations pour pharmaciens, le principe de l’hormonothérapie consiste donc à bloquer la production ou l’activité de ces hormones, par la prise d’un médicament, pour réduire la croissance des cellules cancéreuses.
L’hormonothérapie ne détruit pas directement les cellules cancéreuses des cancers hormono-sensibles comme c’est le cas des autres cancers et de leurs traitements. Il y a action indirecte, par inhibition des hormones qui contribuent à leur croissance.
Lorsque les médicaments empêchent la sécrétion ou visent à réguler l’hormone, c’est qu’ils cherchent à bloquer la fixation de l'hormone sur les récepteurs des cellules cancéreuses hormono-dépendantes, pour éviter qu’elle leur indique de croître.
Un prélèvement tumoral permet de connaître le type de récepteur hormonal des cellules cancéreuses ainsi que leur quantité. Plus le niveau des récepteurs hormonaux est élevé, plus la tumeur répondra à l’hormonothérapie médicamenteuse.
Le choix du type d’hormonothérapie
Il existe différents types d’actions d’hormonothérapie :
- empêcher les cellules sécrétrices pour les empêcher de produire des hormones ;
- agir directement contre une hormone ;
- contrer les effets d’une hormone dans le corps.
Voici quelques exemples de traitement par hormonothérapie médicamenteuse :
- les corticostéroïdes (prednisone, méthylprednisone, dexaméthasone, hydrocortisone) servent à traiter le lymphome, la leucémie et le myélome multiple, en association avec des agents chimiothérapeutiques ;
- les hormones thyroïdiennes (lévothyroxine notamment), pour interrompre la croissance des tumeurs thyroïdiennes, après une chirurgie ou une radiothérapie ;
- les analogues de la somatostatine, tels l’octréotide, sont employés pour baisser la quantité d’hormones produites par les tumeurs neuroendocrines ;
- les hormones sexuelles : une hormonothérapie pour traiter les cancers du sein ou de la prostate ;
- les inhibiteurs de l’aromatase, dans des cas de cancer du sein et de l’ovaire après la ménopause ;
- les analogues de l’hormone de libération de la lutéinostimuline ou gonadotrophine, pour traiter le cancer de la prostate et le cancer du sein ;
- les antagonistes de l’hormone de libération de la gonadotrophine, comme le dégarélix, pour lutter contre le cancer de la prostate.
Notre formation pour pharmacien fournit de plus amples détails sur ces traitements par hormonothérapie.
Quels sont les effets secondaires ?
Lorsque des effets secondaires se manifestent, ils peuvent se déclarer à n’importe quel moment de l’hormonothérapie, ou même après le traitement, de quelques jours à plusieurs années. La majorité des effets secondaires disparaissent spontanément ou peuvent être traités. Il arrive plus rarement qu’ils s’installent dans la durée ou de façon permanente.
Les effets secondaires de l’hormonothérapie dépendent de l’état de santé générale, du type d’hormonothérapie, de la dose du traitement ou de l’association médicamenteuse. Des supports comme la formation Cancers de la femme rentrent en détail dans ces liens.
Voici la liste des principaux effets secondaires de l’hormonothérapie :
- la fatigue, accentuée quand l’hormonothérapie est associée à une chimiothérapie ou une radiothérapie ;
- les nausées et vomissements, qui s'atténuent au fur et à mesure que le corps s’habitue au médicament et qui peuvent être soulagés par une prise avec de la nourriture ou au moment du coucher ;
- un gain de poids, engendré par un plus grand appétit, une réduction de l’activité et la rétention de liquide ;
- une diminution ou une perte totale de d’intérêt pour le sexe, qui peut être permanente en cas de chirurgie ou radiothérapie pour bloquer la production d'hormones ;
- une ménopause provoquée, potentiellement permanente en cas d’ablation ou de radiothérapie des ovaires, ou pour les femmes qui s’approchent de l'âge où la ménopause se produit naturellement. Les symptômes peuvent être plus importants car la ménopause provoquée survient rapidement ;
- des bouffées de chaleur et de la transpiration, chez l'homme comme chez la femme ;
- une enflure ou de la sensibilité aux seins tant chez l'homme que chez la femme ;
- un dysfonctionnement érectile, ou impuissance, auquel cas il faut 3 à 12 mois après l’hormonothérapie pour retrouver une capacité érectile. En cas d’échec, il est possible de recourir à une implantation de prothèse pénienne, l’usage d’une pompe à vide ou la prise de médicaments ;
- des troubles de la fertilité, temporaires ou permanents ;
- une réaction de flambée tumorale, comme une douleur osseuse ;
- une diarrhée ;
- des douleurs musculaires ou articulaires ;
- la formation d’un caillot sanguin dans une jambe ou un poumon, qui se manifeste par une sensibilité du mollet, le durcissement d'une veine, une douleur ou une enflure des jambes, de la difficulté à respirer et une douleur thoracique. Cet effet secondaire de l’hormonothérapie est une motif de consultation en urgence ;
- l’ostéoporose, qui est un effet secondaire à long terme de l’hormonothérapie. C’est pourquoi il est parfois recommandé de réaliser une ostéodensitométrie avant le début du traitement, pour servir de valeur de référence.
La prise de suppléments de vitamine D et de calcium ainsi que l'activité physique aident à la prévention de cette perte de densité osseuse.
La gestion de ces effets secondaires est sensible et l’accompagnement d’un(e) patient(e) passe nécessairement par cette étape, chez l’oncologue comme en officine.
Téléchargez le programme de la formation Cancers de la femme en PDF
Programme formation Cancers de la femme
+ de 500 téléchargements