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Par Alphonse Doutriaux
Si la carie dentaire a été le défi des chirurgiens-dentistes du siècle dernier, l’usure dentaire et, en particulier, les pathologies liées à l’érosion dentaire représentent le défi du chirurgien-dentiste du XXIème siècle. Suivre une formation en odontologie sur le sujet présente donc un intérêt majeur pour le chirurgien-dentiste.
Sommaire
La définition de l’usure dentaire est la suivante : c’est une usure de l’émail dentaire et de la dentine, plus ou moins importante, qui aboutit à une destruction chronique lente des tissus.
Cette usure de l’émail dentaire et de la dentine résulte ainsi de quatre séries de facteurs :
Parmi les facteurs biologiques, les plus essentiels d’entre eux sont ceux de la salive, et de la dureté et la résistance des tissus minéralisés. Ces deux facteurs sont en effet différents chez tous les patients. Concernant les facteurs chimiques, le plus important d’entre eux se caractérise par la capacité du pouvoir du tampon salivaire à s’opposer à l’acidité de l’alimentation et à réguler ces phénomènes d’acidité. Au sujet des facteurs mécaniques, ces derniers sont liés, d’une part, à l’anatomie dentaire et, d’autre part, aux interactions d’occlusion des dents, les unes avec les autres, en statique et en dynamique. Ces interactions prennent une importance déterminante en particulier lorsqu’elles sont liées aux para-fonctions. Les para-fonctions sont des fonctions anormales, telles qu’observées dans le bruxisme et dans l’érosion.
S’ajoutent à ces trois premiers facteurs les facteurs comportementaux. Ce sont des facteurs dits extrinsèques. Ils sont composés des apports alimentaires, des boissons consommées et de la qualité du brossage de l’individu. Ces comportements peuvent en effet participer à l’usure de la dent. Ces facteurs sont également intrinsèques. Les vomissements, les régurgitations d’acide ainsi que la prise de médicaments peuvent en effet influer, de même, sur l’usure de la dent. Ces quatre facteurs s’exercent de façon variable selon les patients. Leur exercice normal aboutit chez les individus à une usure physiologique. L’usure physiologique ne dépasse ainsi pas une dizaine de micron par an.
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Découvrir la formationLorsque l’usure physiologique prend de l’ampleur, elle sera qualifiée d’usure pathologique. L’usure pathologique a alors trois aspects essentiels : l’abrasion des dents, l’attrition dentaire, et l’érosion dentaire. Concernant l’abrasion des dents, cette pathologie correspond à l’usure des surfaces dentaires par interposition d’un corps étranger. Le corps étranger en question peut être un aliment, ou des objets portés à la bouche (pipe, stylo, etc.). Sur le sujet de l’attrition des dents, c’est un mode de dégradation par microtraumatisme. Cela signifie que se produit une fragmentation des dents liée au choc des dents entre elles. L’attrition dentaire intervient ainsi non seulement dans les traumatismes mais aussi en dans les cas d’occlusion instable. Dans ce dernier cas, certaines zones pourront être sous contrainte et se fragmenter, en permanence.
L’érosion dentaire est définie comme une perte minérale par attaque acide. Cette pathologie est devenue, depuis peu, un problème de santé publique. La prise de conscience de l’importance de l’usure dentaire par érosion dentaire est, en effet, récente. Cette prise de conscience s’est faite avec le constat généralisé de la supériorité du taux d’augmentation des lésions érosives comparé au taux d’augmentation des lésions carieuses, depuis les années 2000.
L’apparition de cette nouvelle source d’érosion est liée au changement de mode alimentaire. L’intégration d’une grande consommation des boissons acides dès l’adolescence voire de l’enfance a participé à rendre le régime alimentaire bien plus acide. Les praticiens devraient être aujourd’hui particulièrement attentifs à la possibilité d’érosion chez l’enfant dès le plus jeune âge en raison de cet attaque acide. De fait, un tier des enfants traités par les chirurgiens-dentistes montre des signes d’érosions dentaires, sans que ces signes ne provoquent de diagnostic, dans la très grande majorité des cas, laissant les patients sans aucun traitement.
Autrefois, les phénomènes d’usure dentaire étaient connus des chirurgiens-dentistes mais les praticiens mettaient l’accent sur l’usure des dents par abrasion. Le diagnostic de cette usure dentaire par abrasion était, en outre, tout particulièrement orienté vers les patients atteints de bruxisme (les bruxomanes). Les chirurgiens-dentistes faisaient donc l’impasse sur le rôle prépondérant que la consommation d’acide était en train de prendre dans la destruction des dents. Le cas de l’érosion dentaire était donc exclu des diagnostics des praticiens.
Par exemple, lorsqu’un patient se plaignait d’usure dentaire et que le chirurgien-dentiste constatait que le patient présentait des usures généralisées, comme l’ensemble des praticiens, il n’intervenait pas sur le fondement d’un diagnostic d’usure dentaire par érosion. Quand se présentait ce cas, les praticiens concluaient, en effet, que les tissus dentaires du patient s’usaient plus vites que la normale. Ils considéraient finalement que cela était dû à la physiologie du patient et non à un comportement extrinsèque alors même que cela s’est révélé être le cas. Ces usures par érosion dentaire sont, en effet, dues à une alimentation trop acide qui se mêle à un problème de régurgitation acide en lien avec la digestion. Ce changement de perspective a permis de renouveler le traitement de l’usure dentaire et d’améliorer la qualité des soins.
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Découvrir les formationsL’analyse des facteurs expliquant l’usure dentaire n’est donc plus seulement concentrée sur l’usure mécanique, dans le cadre de bruxisme, mais aussi sur l’effet nocif des acides dans la cavité buccale. Ces acides sont, de fait, responsable de véritables mordançages des surfaces dentaires. Ce mordançage est généralisé et détruit irréversiblement l’émail ainsi que la dentine. Face à la nouveauté de cette analyse, le chirurgien-dentiste pourra donc, comme pour la réalisation de clés en silicones, ou pour l’appréhension des cas de sur-occlusion et sous-occlusion dentaire, envisager une formation en odontologie sur le sujet. La formation continue en odontologie est un aspect clé de la qualité des soins prodigués par le chirurgien-dentiste. Ces formations en odontologie peuvent être suivies à distance comme celle de Walter Santé, ou bien en présentiel.
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