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Par Alphonse Doutriaux
En 1979, l’infirmière américaine Jean Watson expose le concept du « caring », ou théorie des besoins de la personne soignée, devenu le fondement de la démarche soignante. Le besoin est une notion fondamentale des soins palliatifs. Pour une prise en charge optimale du patient, le soignant doit pouvoir évaluer les besoins de celui-ci pour adapter au mieux ses actes de soin. À cette fin, il peut s’appuyer sur la théorie de Jean Watson.
Sommaire
Les besoins fondamentaux de la personne en fin de vie sont déterminés grâce à la classification des besoins humains faite par Jean Watson, selon une hiérarchie de quatre rangs.
Similaire à la théorie de la motivation humaine de Abraham Maslow, ce concept est partagé dans les formations en soins palliatifs afin d’aider les soignants à définir leur rôle. Il est présenté sous forme de pyramide, avec au niveau inférieur les besoins biophysiques, puis psychophysiques, puis psychoaffectifs, et enfin au niveau supérieur, le besoin d’actualisation de soi.
Les besoins identifiés par l’infirmier(ère) sont interdépendants ; l’altération de l’un d’entre eux affectera nécessairement les autres. En revanche, si les niveaux inférieurs sont satisfaits, il est plus probable que l’infirmier parvienne à guider le malade jusqu’à l’échelon supérieur de l’actualisation de soi. Il y trouvera un sens à sa souffrance et à son existence.
En s’appuyant sur les recherches de Jean Watson, le soignant peut se concentrer sur l’amélioration directe de la qualité de vie du patient : il identifie, analyse, et parfois même anticipe les besoins perturbés de la personne soignée. Il travaille donc dans un objectif de confort, un principe au cœur du protocole de soins palliatifs.
Outils, caring, prise en charge de la douleur, accompagnement et évolutions législatives.
Découvrir la formationLes besoins biophysiques comprennent l’alimentation, l’hydratation, l’élimination, et les ventilations pulmonaire et sanguine.
Si les besoins d’alimentation et d’hydratation ne sont pas remplis convenablement, des symptômes tels que des troubles digestifs ou alimentaires peuvent apparaître. Le rôle du soignant sera d’observer les circonstances et la fréquence de ces crises pour identifier les causes et agir en conséquence.
Un déséquilibre au niveau de l’élimination déclenche des symptômes comme la constipation ou l’incontinence urinaire. Le soignant doit être attentif aux signes cliniques à l’origine de ces troubles, et peut mettre en relation le patient avec un professionnel de santé adapté.
Enfin, les complications liées aux ventilations pulmonaire et sanguine se traduisent majoritairement par des problèmes respiratoires : dyspnée, encombrement, ou détresse respiratoire. Ce dernier peut donner à l’infirmier un sentiment d’impuissance, c’est pourquoi il est préférable de prévoir au préalable un plan thérapeutique avec le médecin traitant, quand cela est possible.
Important
Le diagnostic de l’infirmier et ses actions doivent toujours prendre en compte le rapport du patient à ces besoins biophysiques qui, lorsque déficients, entraînent souvent une dégradation de l’estime de soi. Respecter l’intégrité du malade et lui accorder du temps est primordial.
Les besoins psychophysiques se situent au deuxième niveau des besoins en fin de vie, et rassemblent ente autres le besoin d’activité et le besoin de repos. Le patient recherche un équilibre entre sa volonté de garder le contrôle sur sa vie en restant actif et son besoin indéniable de repos face à la progression de la maladie et aux effets secondaires des traitements palliatifs.
Le diagnostic de l’infirmier relèvera généralement des symptômes d’asthénie ou des symptômes neurologiques. La personne soignée peut se plaindre en effet de manquer d’énergie, voire souffrir de troubles du comportement. Le rôle du soignant est de l’aider à accepter une assistance pour certains actes de la vie courante. Il doit aussi rechercher la cause d’une possible agitation ou confusion mentale et surveiller son évolution.
Puis, en parallèle, le patient peut développer de l’anxiété, et même de l’agressivité, pendant les soins qui le confrontent à la vision de son propre corps. Ces symptômes sont liés au besoin sexuel, au sens psychosocial, et à l’estime de soi. Le patient craint d’être isolé et rejeté à cause de l’image qu’il renvoie. En restant à l’écoute et en favorisant un rapprochement avec la famille, le soignant sera un véritable soutien.
Parmi les besoins fondamentaux de la personne en fin de vie, ceux en lien avec les notions d’appartenance et d’accomplissement personnel ont une place particulière, puisqu’ils occupent l’avant-dernier niveau dans la hiérarchie de Jean Watson.
Les besoins psychoaffectifs sont malmenés suite aux diverses pertes subies par le patient en soins palliatifs : perte d’autonomie, de rêves, de projets, ou encore de ses différents rôles (social, familial, professionnel). Il prend conscience de sa vulnérabilité, et inévitablement, voit naître de nombreuses angoisses et inquiétudes comme la peur de quitter les êtres aimés, d’être un fardeau, de perdre le contrôle de soi et de sa vie.
Les émotions rencontrées par le patient sont multiples et renvoient aux étapes du deuil qu’il traverse. L’infirmier en soins palliatifs doit demeurer vigilant, car les questionnements de la personne en fin de vie peuvent mener à une profonde dépression. Il est nécessaire de rester à l’écoute, de réévaluer la situation chaque jour pour recommander un psychologue si besoin. Par ailleurs, les proches aussi vivent les phases de deuil : se rendre disponible pour accompagner l’entourage du patient en soins palliatifs est essentiel.
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Découvrir les formationsAu sommet de la pyramide de Jean Watson, les besoins spirituels en soins palliatifs sont abordés avec le besoin d’actualisation de soi. Le patient interroge l’irrationnel et recherche un sens à son existence, ainsi qu’à sa maladie. Il s’agit en quelque sorte d’un bilan de fin de vie.
Ce questionnement existentiel est nécessaire pour apaiser l’esprit du patient et peut mener à une réelle détresse spirituelle en cas d’impasse. Les sentiments d’impuissance, d’amertume et de colère sont fréquents lors de cette phase, et doivent être entendus par les acteurs de soin.
Gérer la douleur du patient en soins palliatifs comprend aussi les maux spirituels. La spiritualité rassemble tout ce qui a une profonde signification pour la personne soignée, et ne se réduit pas seulement à l’aspect religieux.
L’écoute empathique fait partie des soins infirmiers et peut aider le malade dans sa quête de sens. Le soignant accueille les doutes, les peurs et les regrets, et apporte du réconfort. Il guide cette grande interrogation en échangeant avec le patient de façon neutre, sans le brusquer. Il est impératif de respecter le temps de son deuil et de l’accompagner sans jugement afin qu’il trouve sa propre paix intérieure.
Maîtrisez-vous la prise en charge des patients en soins palliatifs ?
Les composantes de la douleur peuvent être :
A
Émotionnelle
B
Sensorielle
C
Intellectuelle
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