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AVC et troubles phasiques

AVC et troubles phasiques

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7 min

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Par Alphonse Doutriaux

Lors d’un AVC, une partie du cerveau est endommagée. Selon le lieu et l’étendue de la lésion, les difficultés seront différentes. Si la partie lésée se situe dans l’hémisphère gauche, des troubles de la parole et/ou de la compréhension peuvent apparaître, c’est l’aphasie. Elle survient dans 20 à 40 % des cas d'AVC. Zoom sur l’aphasie après un AVC. 

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L'aphasie de compréhension (Wernicke)

L'aphasie est un trouble du langage qui peut affecter : 

 

  • la compréhension de la parole ;
  • l'expression ;
  • l'écriture ;
  • la lecture. 

L’aphasie de compréhension, aussi appelée Wernicke, fait partie des aphasies dites fluentes. Elle se traduit par la perturbation du langage oral et écrit. 

 

Concernant le langage oral, dans la plupart des cas, la prosodie est conservée, ainsi que la syntaxe. En revanche, le débit de parole du patient peut être très important, voire dans certains cas, incontrôlable. Il n’est pas toujours compréhensible car il peut y avoir certaines transformations de mots ou un jargon particulier.

 

Il est possible que le(la) patient(e) soit atteint(e) de surdité verbale. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une réelle surdité, le(la) patient(e) se comporte comme un malentendant. Il(elle) entend normalement mais ne parvient pas à reconnaître ou analyser les mots. Les paroles sont perçues comme un bourdonnement ou une langue étrangère.

 

Cela entraîne les conséquences suivantes : 

 

  • d’importantes difficultés de compréhension orale ; 
  • une impossibilité de répéter des syllabes et des mots ;
  • une impossibilité d'écrire une dictée de mots ; 
  • un manque de vocabulaire. 

Concernant le langage écrit, les difficultés sont similaires. Le(la) patient(e) peut écrire mais il(elle) écrit sans pouvoir s’arrêter, sans que cela soit forcément compréhensible. Dans certains cas, la compréhension écrite est meilleure que la compréhension orale. Cela arrive souvent lorsque le(la) patient(e) est atteint(e) de surdité verbale.

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L'aphasie d'expression (Broca)

L'aphasie d'expression, aussi appelée aphasie de Broca est le deuxième type d'aphasie. Elle fait partie des aphasies non-fluentes

 

Un(e) patient(e) atteint(e) d’une aphasie de Broca présente des difficultés pour parler spontanément, comme : 

 

  • une période de mutisme ;
  • l'altération de la prosodie, aussi appelée « musique de la parole ». Cela signifie que les petites phrases prononcées paraissent plates et sans intonation ; 
  • le(la) patient(e) prononce entre 0 à 5 mots dans une phrase ;
  • le(la) patient(e) présente des difficultés à réaliser des praxies (mouvements) de la bouche et du visage. Il s’agit d'apraxie bucco-faciale ;
  • des difficultés à articuler les mots ; 
  • le(la) patient(e) cherche souvent ses mots (manque du vocabulaire), ne finit pas ses phrases et déforme les mots (paraphasie).

Dans la plupart des cas, la compréhension est normale. Le(la) patient(e) comprend une conversation mais la répétition de mots est mauvaise et la dénomination d'objets est perturbée. La cause ? Le(la) patient(e) ne parvient pas à trouver ses mots.

Exemple

Par exemple, s’il(elle) doit nommer l'objet « fauteuil », il(elle) reconnaîtra l’objet, et son utilité mais il n'est pas possible pour lui(elle) de donner le mot correct. Il(elle) pourra dire « table » à la place ou ne rien dire du tout.

 Concernant le langage écrit, il est perturbé de différente manière : 

 

  • perturbation de l’expression écrite : les phrases sont courtes et les mots ne sont pas dans le bon ordre ; 
  • la compréhension est perturbée lorsque les énoncés sont longs ; 
  • impossibilité ou difficultés à lire à voix haute (alexie). 

Bon à savoir

En plus de l’aphasie de Broca, le(la) patient(e) peut souffrir de troubles praxiques après un AVC. Pour cela aussi, il devra suivre une rééducation. Dans la plupart des cas, la kiné après un AVC est ce qui est recommandé. 

L'aphasie globale

L'aphasie globale est le type d'aphasie le plus sévère. Elle se manifeste par la perte de tous les aspects de la parole et du langage.

Important

Ces troubles phasiques ne sont généralement pas douloureux. En revanche, un(e) patient(e) victime d’un AVC peut souffrir. Pour savoir comment évaluer la douleur du patient post-AVC, lisez notre article sur le sujet. 

Autres symptômes phasiques

Il est aussi possible qu’un(e) patient(e) victime d’un AVC souffre d'autres symptômes phasiques :

 

  • l'écholalie : il s’agit de la répétition des derniers mots de l'énoncé de l'interlocuteur du patient ;
  • la palilalie : cela se traduit par la répétition spontanée et involontaire de syllabes ou de mots avec une augmentation de la vitesse d'élocution et une diminution du volume de la voix ;
  • les persévérations verbales : c’est la récurrence inappropriées et des répétitions incontrôlées d'une réponse précédente. 

Des tests rapides sont disponibles pour évaluer les troubles phasiques

 

  • analyser le discours du(de la) patient(e) ;
  • vérifier que le(la) patient(e) reconnaît bien les objets autour de lui(elle) en lui posant des questions simples. 
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Comment communiquer avec un patient aphasique ?

Il n'est pas évident de communiquer avec des patient(e)s aphasiques. Voici quelques conseils :

 

  • garder un discours calme et s'adresser au(à la) patient(e) comme à un(e) adulte ;
  • éviter les distractions pour qu'il(elle) puisse se concentrer ;
  • utiliser des moyens de communications alternatifs, comme des images, des gestes, des photographies, avec l'aide d'un orthophoniste ;
  • privilégier des questions fermées ;
  • le(la) laisser s'exprimer ;
  • donner les premières syllabes du mot qu'il(elle) cherche ; 
  • pallier au manque de vocabulaire ; 
  • rétablir les productions grammaticales ; 
  • rééduquer l’alexie et l’agraphie, si besoin.

Afin de revenir à la normale, il est important d’établir des situations d’échanges, avec des tours de parole et l’enregistrement des prises de parole du(de la) patient(e). Un orthophoniste est indispensable, notamment dans le cas d’une surdité verbale. 

 

Le(la) patient(e) doit prendre conscience des mouvements à effectuer avec sa bouche afin de s’exprimer. Il faut lui expliquer comment réaliser les sons et leur rapport avec les mots.

 

Il faut garder en tête que chaque patient(e) est unique. En effet, les difficultés, la sévérité et les chances de récupération varient d’un(e) patient(e) à l’autre. L’orthophoniste doit adapter sa prise en charge en fonction de la situation.

Bon à savoir

Il est courant que la rééducation débute au sein d’un hôpital, comme un hôpital de jour. Le(la) patient(e) s’y rend plusieurs fois par semaine. Dans un deuxième temps, il(elle) poursuivra la rééducation chez un orthophoniste en libéral. 

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