La douleur après un AVC
La douleur est définie par l’association internationale de l'étude de la douleur comme “l’expression d’une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle qui provoque des réactions motrices et végétatives protectrices, conduisant à la modification du comportement de l’individu”. C’est un symptôme très fréquent chez les patients victimes d’AVC ischémique, qui peut résulter de différentes causes.
Après un accident vasculaire cérébral, plusieurs types de douleurs peuvent survenir, dont les suivantes :
- des douleurs après un AVC d'épaule aussi appelées algoneurodystrophie ;
- des douleurs post-AVC dues à une crispation involontaire des muscles, ou spasticité ;
- des douleurs neuropathiques, aussi appelées syndrome douloureux régional complexe, se traduisent souvent par des sensations de brûlures ou de fourmillements ;
- une musculo-squelettique.
Les douleurs d'épaules après un AVC sont souvent assimilées au syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC) aussi appelé syndrome épaule-main. Elles concernent 2 à 50 % des patients victimes d'un AVC. Certains facteurs de risques favorisent la survenue de ce type de douleurs, comme la subluxation de l'épaule ou des lésions neuro-anatomiques.
Les SDRC de type 1 peuvent être corrélées avec l'apparition d'autres troubles, comme les troubles sensitifs ou les allodynies.
Les symptômes cliniques du SDRC sont les suivants :
- une sensation de brûlure ;
- une sensation de chaleur et un oedème ;
- des rougeurs ;
- une hyperesthésie cutanée ;
- des modifications trophiques de la peau, au poignet et de la main ;
- une limitation des amplitudes articulaires.
L'impact du SDRC touche :
- la qualité de vie ;
- la fonction du membre supérieur ;
- la déambulation ;
- le pronostic de récupération du membre supérieur.
Les douleurs de l'épaule surviennent généralement durant le premier mois après l'AVC. Un patient atteint d’une hypoesthésie, de troubles de sensibilité qui surviennent sur l'hémicorps ou d’une hémiparésie gauche, a plus de risques de faire un SDRC et que celui-ci se déclenche lors du premier mois après l’AVC. Aucune recommandation concernant le syndrome douloureux régional complexe ne peut être proposée pour prévenir ce type de douleur.
L’aphasie est l’une des conséquences, avec l'apraxie, de l’AVC. Elle désigne la perte partielle ou totale de la faculté de s'exprimer et de comprendre le langage écrit ou parlé. Pour tout savoir sur les troubles phasiques après un AVC, nous vous invitons à lire notre article sur le sujet.
Les douleurs neuropathiques sont causées par une lésion ou une maladie du système somatosensoriel. Il s’agit de douleurs chroniques et invalidantes, généralement de forte intensité. Elles peuvent être spontanées ou provoquées, et peuvent se manifester par une réponse extrême à un stimulus ou une réponse douloureuse à un stimulus normal.
Près de 10 % des patients souffrent de douleurs neuropathiques après un AVC. Les patients avec des lésions somesthésiques ont 50 % de risques de développer des douleurs neuropathiques qui se manifestent lors du premier mois après l'accident vasculaire cérébral.
Cliniquement, il est courant de retrouver dans les douleurs neuropathiques des picotements, des engourdissements et des sensations d'aiguilles.
Il existe des facteurs augmentant le risque de douleurs neuropathiques après un AVC, comme :
- la sévérité de l’AVC,
- le fait d’être une femme,
- la consommation d’alcool,
- les antécédents de dépression,
- la consommation de statine,
- des taux élevés de lipides,
- le diabète,
- les maladies vasculaires périphériques.
Concernant plus spécifiquement les douleurs neuropathiques périphériques, le diabète de type 2 et le tabagisme sont des facteurs prédictifs de douleurs neuropathiques périphériques.
Vous souhaitez en savoir plus sur la kiné après un AVC ? Lisez notre article sur le rôle du kiné dans la rééducation post-AVC.
L'évaluation de la douleur AVC
Pour l'évaluation des douleurs neuropathiques post-AVC, ou syndrome douloureux régional complexe, il est possible d’utiliser des questionnaires DN4 propres aux douleurs neuropathiques et constitués de 4 questions et 10 items.
Le diagnostic est positif pour une douleur AVC neuropathique si le score est supérieur à 4/10. Il est aussi envisageable de procéder à une auto-évaluation des douleurs aigües et chroniques grâce à une Échelle Visuelle Analogique (EVA).
Pour les patients non communicants, le personnel soignant utilise une échelle ALGOPLUS. Il s'agit d'observer le visage, le regard, les plaintes, le corps et le comportement du patient et de remplir le test.
Si le score est supérieur à 2/5, le diagnostic est positif. L'échelle DOLOPLUS est une échelle complémentaire à l'ALGOPLUS que l'on utilise si l'on a des doutes sur un résultat ALGOPLUS négatif.
Une fois la douleur de l’AVC évaluée, des traitements sont envisagés, parmi eux :
- des antidépresseurs tricycliques, comme l’amitriptyline ;
- des anticonvulsivants, par exemple du gabapentine ou du prégabaline : ce sont des médicaments couramment utilisés dans le traitement des neuropathies associées à différentes pathologies, comme le diabète de type 2, le cancer ou encore la sclérose en plaques ;
- de la lamotrigine ou la gabapentine, qui sont deux anti-épileptiques : ce sont des traitements de second choix.
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Sources
Accident vasculaire cérébral (AVC) - Inserm