La radiographie du thorax chez le patient BPCO
Le kinésithérapeute doit visualiser les radiographies du thorax pour réaliser le bilan respiratoire d’un(e) patient(e) atteint(e) de BPCO. Les radios sont toujours en négatif : ce qui est blanc sur l’image est noir en réalité, et inversement. Pour rappel, les valeurs de blanc ou de gris sont relatives à l’épaisseur de la densité ou au nombre de structures radiographiées les unes sur les autres.
Sur une radio d’un(e) patient(e) BPCO, il y a généralement une distension thoraco-pulmonaire globale. Sur un cliché “standard”, le diamètre de la partie inférieure du thorax est approximativement trois fois plus grande que la partie supérieure (voir notre article sur le volume pulmonaire). Tandis que pour les patients atteints d’une BPCO, la radio du poumon présente une distension majeure du thorax : les diamètres transversaux de la partie supérieure du thorax peuvent être identiques, voire supérieurs, aux diamètres de la partie inférieure. Le praticien peut observer des augmentations notables des diamètres antéro-postérieurs, avec des augmentations importantes des espaces clairs rétrosternaux.
Les signes radiologiques d'une distention du thorax
Il y a des signes d’une distension du thorax BPCO sur une radio :
- des hyperclartés des deux shunts pulmonaires ;
- une augmentation des trois diamètres (transversal, antéro-postérieur et vertical) ;
- un aplatissement des coupoles diaphragmatiques ;
- un élargissement des espaces intercostaux ;
- une horizontalisation des côtes ;
- un allongement des champs pulmonaires.
Face à une radio d’un thorax BPCO présentant un aplatissement notable des coupoles diaphragmatiques, il y a un risque de trouver un signe de Hoover. Inversement, face à un patient présentant un signe de Hoover, la distension du thorax peut être supposée (et vérifiée par une radio).
Dans la théorie physiologique, il est recommandé de placer une main sur l’abdomen et une main sur le thorax et de demander au patient de souffler en rentrant le ventre. Ceci permet de refouler la coupole diaphragmatique à l’intérieur de la cage thoracique afin de redonner une courbure et d’obtenir une tension plus importante. Cependant, il n’est pas toujours judicieux de mettre en place un travail abdomino-diaphragmatique chez les patients ayant un aplatissement important des coupoles diaphragmatiques. Effectivement, lorsqu’il y a un diaphragme très abaissé, le parenchyme pulmonaire est totalement distendu. Ceci signifie que la pression de rétraction pulmonaire est fortement diminuée et qu’il y a une destruction du nombre de fibres élastiques d’élastine.
Demander au patient d’avoir une respiration active entraîne une pression positive au niveau intrapleural qui se transmet à l’intérieur du poumon par une pression positive extra-bronchique (la bronche est comprimée et la pression transbronchique devient négative). Cependant, chez le patient BPCO avec une radio pulmonaire montrant une distension du thorax, les bronches vont se collaber, notamment au niveau basal. Quelle est la conséquence ?
Cet exercice de respiration empêche les alvéoles des bases de se vider et la pression augmente à l’intérieur (créant une pression positive intrinsèque), empêchant l’air de rentrer lorsque le kiné demande au patient de respirer en gonflant les poumons. C’est donc un exercice épuisant et dyspnéisant.
Lisez aussi notre article sur la mesure par spirométrie du patient BPCO.
L'intérêt de l’analyse radiologique sur l'effort expiratoire
Comme le montre l’exemple de l’exercice de respiration le ventre rentré (décrit ci-dessus), l’analyse radiologique permet d’évaluer s’il est judicieux de demander au patient un effort respiratoire difficile et forcé. Le kinésithérapeute doit analyser un examen et un bilan respiratoire en cherchant à avoir une double vision : une vision spirométrique ou radiologique pure et une vision de kinésie. Il faut toujours chercher à comprendre quels changements ces examens apportent à la pratique kinésithérapique.
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