Le bilan pré-thérapeutique de la cheville
La première étape du bilan pré-thérapeutique consiste à analyser de façon très précise l’histoire du/de la patient(e). Le profil des patients est souvent celui de personnes qui ont souffert d’une entorse aiguë grave ou d’un incident d’instabilité lors d’un footing, qui a évolué vers de nombreuses récidives.
Parmi les expressions cliniques qui reviennent sans cesse lors de l’interrogatoire, on trouve une insécurité parfois douloureuse et des entorses à répétition. Le plus souvent il n’y a jamais vraiment eu de rééducation de l’entorse qui est pourtant aussi un moyen de prévenir les récidives et l’instabilité chronique de la cheville. Le traitement de l’entorse à la cheville, s’il est isolé, n’est pas toujours suffisant.
Lors de l'évaluation pré-thérapeutique du patient, l'examen du patient en décubitus ventral est fortement conseillé pour :
- évaluer le morphotype du pied, notamment le varus, mais aussi le valgus ;
- évaluer les amplitudes articulaires (rétraction des jumeaux par le test de Silfverskiöld, flexion dorsale, flexion plantaire) ;
- évaluer la laxité globale (de la cheville mais aussi la laxité sous-talienne).
Le bilan pré-thérapeutique consiste aussi à palper les points douloureux au niveau de la cheville :
- le point tibio-fibulaire antérieur ;
- le ligament calcanéo-fibulaire ;
- les ligaments de la syndesmose ;
- le sinus du tarse ;
- le ligament cervical.
Les formations pour kinésithérapeutes comprennent des modules consacrés à la détection de ces algies localisées.
Si le médecin ressent des faiblesses, par exemple des mouvements en tiroir, il peut s’agir d’une lésion d’un ligament.
À l’issue de cet interrogatoire complet et du bilan le plus exhaustif, il faut des preuves plus objectives : c’est l’examen clinique.
L'examen clinique
L’examen paraclinique de la cheville instable sert à :
- confirmer le diagnostic ;
- préciser la topographie lésionnelle, surtout si la laxité de l’articulation évolue depuis longtemps ;
- évaluer les lésions associées comme les troubles laxes tels le varus et le valgus.
Les formations professionnelles pour kinésithérapeutes approfondissent cet examen clinique de la cheville instable qui peut s’avérer complexe.
L'examen radiographique
L’examen radiographique de la cheville instable est fondamental en première intention car l’IRM et l’échographie ne donnent pas d’informations sur la posture. Or la posture, soit de façon acquise ou congénitale, peut intervenir dans l’instabilité de la cheville.
Ces examens radiographiques doivent être :
- idéalement comparatives, sur le plus d’années possible ;
- obligatoirement en charge.
Retrouvez ci-dessous un exemple de télémétrie des membres inférieurs :
Extrait de la formation Cheville - Walter Santé
Il est intéressant de noter qu’un test de Telos négatif ne signifie pas qu'il n'y a pas de lésion ligamentaire.
La radio permet d’apprécier les aspects dégénératifs, notamment la laxité médiale qui est particulièrement arthrogène et plus rapidement arthrogène que la laxité latérale. Les formations complémentaires à destination des kinés analysent de nombreux examens radiographiques pour en révéler les lésions.
Il est en outre possible de réaliser des clichés quand le/la patient(e) n’est pas en charge afin d’apprécier la flexion plantaire forcée et l’extension dorsale. Cela est utile afin de juger du degré d’ankylose de la cheville.
L’imagerie sophistiquée au niveau de la cheville va montrer directement les lésions ligamentaires et éventuellement les séquelles de ces lésions. L’artho-scanner, notamment, est incontournable : il montre par exemple les fissures (passage de liquide de contraste dans le cartilage), ou l’arrachement d’un petit morceau de gaine des tendons fibulaires, signe indirect de rupture du ligament calcanéo-fibulaire.
Les examens d’imageries révèlent aussi les aspects dégénératifs qui entraînent la chronicité des problèmes ligamentaires. Pour les dégâts sur le cartilage par exemple, c’est l’arthro-scanner qui reste l’examen de référence, bien qu’il soit assez invasif.
Le rôle du bilan proprioceptif
Le bilan proprioceptif est fondamental dans l’appréciation pré-thérapeutique de l’instabilité de la cheville. De cette étape dépend la rééducation proprioceptive de l’entorse à la cheville.
Il peut être réalisé grâce au chausson Myolux avec système embarqué, qui mesure la vitesse de déplacement de l'arrière du pied. Il est possible d’associer ce bilan au classique Y-balance test.
Image d'un chausson Myolux issue de notre formation Cheville - Walter Santé
Enfin, s’il est équipé, un kiné peut aussi évaluer la proprioception de la cheville avec des équipements isocinétiques.
L’instabilité de la cheville est souvent multifactorielle, c’est-à-dire qu’elle est mécanique et fonctionnelle à la fois. Elle n’est pas uniquement causée par une lésion du ligament collatéral latéral, bien que ce soit le cas le plus fréquent. La lésion du ligament collatéral latéral ou LCL est souvent provoquée par exemple par un défaut de posture ou par une faiblesse des autres ligaments.
Les étapes du traitement de la cheville instable
De l’exhaustivité du bilan à travers toutes les étapes et examens précédemment décrits dépend la bonne prise en charge médico-chirurgicale de la cheville instable. Les formations pour kinésithérapeutes consacrent plusieurs modules au traitement de la cheville instable. Voici les étapes du traitement adapté de l’instabilité de cheville :
- traitement de la laxité latérale de la cheville ;
- éventuellement traitement des autres laxités associées ;
- traitement des facteurs favorisants de l’instabilité, comme un varus de l’arrière-pied ;
- traitement des lésions causées par la chronicité, et qui sont douloureuses : lésions ostéochondrales, lésions des fibulaires. En effet traiter l’instabilité ne servira à rien si le patient ressent de la douleur à chaque mouvement ;
- amélioration de la proprioception de la cheville, par un geste chirurgical comme une ligamentoplastie et par la kinésithérapie. Les formations pour kiné en ligne détaillent le travail proprioceptif de la cheville instable.
Le point crucial est de ne plus laisser évoluer ces chevilles vers des arthroses après la lésion initiale, et pour lesquelles le seul traitement qui reste en bout de chaîne est l’arthrodèse de cheville (qui signifie blocage de l’articulation). C’est par la formation des soignants que cette prise de conscience doit passer afin de ne plus laisser des cas dégénérer.
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