Étapes de la rééducation de la cheville

Par Alphonse Doutriaux

14 mars 2024

7 min

La rééducation de l’entorse de la cheville consiste à générer des mouvements spécifiques de la cheville lésée. La formation professionnelle des kinésithérapeutes passe nécessairement par cet apprentissage fondamental. Parmi les exercices de kiné en lien avec une entorse de la cheville, la rééducation de la fonction musculaire est centrale. Il s’agit toutefois de s’assurer de l’assiduité du patient au-delà des séances.

Sommaire

  • Les techniques de rééducation de la cheville
  • La rééducation de la fonction musculaire
  • Les critères d'adhésion du patient au traitement
  • Le contrôle de l'assiduité du patient
  • Téléchargez le programme de la formation Cheville en PDF

Les techniques de rééducation de la cheville

Malgré toutes les bonnes pratiques en ligamentoplastie, il est souvent nécessaire d’entamer une rééducation de la cheville consécutivement à une entorse.

 

Depuis les travaux de Freeman, le renforcement proprioceptif se fonde sur le fait qu’il existe des capteurs dans la cheville qui envoient des informations au cerveau qui est alors en mesure de donner des ordres pour s’opposer à la torsion de la cheville. Il s’agit donc de mettre le patient en déséquilibre grâce à un plateau en demi-sphère, appelé plateau de Freeman, qui provoque des déstabilisations multidirectionnelles.

Rappel

Plus tard, c’est par l’utilisation de mousses et de ballons que ces déstabilisations ont été générées pour améliorer la proprioception de la cheville.

La rééducation de la fonction musculaire

Parmi les outils les plus fréquemment utilisés pour la rééducation de la fonction musculaire de la cheville et approfondis dans les formations DPC pour kinés, il faut compter :

  • l’électrostimulation ;
  • les résistances manuelles pour guider le mouvement et permettre aux muscles de reprendre leur activité ;
  • les résistances élastiques afin de donner de l’endurance à la musculature.

Ces éléments, utilisés durant de nombreuses années, n’ont pas donné de résultats très satisfaisants car il été difficile d’objectiver et de quantifier les paramètres de proprioception et de force musculaire.

 

Puis l’apparition d’une étude fondamentale de Postle a entériné la désillusion : il n’existe pas de différence significative entre les sujets ayant suivi une rééducation avec les outils classiques et les sujets sans rééducation. La conclusion est qu’il n’est pas possible de lutter contre les récidives d’entorse grâce à la rééducation.

Il reste que la fonction musculaire va suivre une une prise en charge très spécifique : la production de force va devoir s’exprimer sur des modes isométriques. Cela permettra de pouvoir parcourir en statique les différentes courses (interne, externe) à explorer fonctionnellement. 

Bon à savoir

Ainsi qu’explicité dans les formations Cheville en ligne, ce travail isométrique se réalise avec des résistances manuelles pour que le/la patient(e) prenne conscience des mouvements d’inversion et d'éversion, puis il y a relais en position assise par des mouvements dynamiques sur des éléments permettant la mobilisation en dorsi-flexion, flexion plantaire et sur les mouvements tridimensionnels d’inversion et éversion.

Les critères d'adhésion du patient au traitement

La limitation dans le nombre de séances de kinésithérapie entraîne la nécessité d’une alliance thérapeutique : il s’agit que le patient s’engage dans ses soins.

 

À cette fin, l’OMS a reconnu plusieurs critères, explicités dans les formations kiné en e-learning.

  • Le patient est au centre : ce dernier doit accepter ses traumatismes ; le kiné doit ainsi intégrer ses craintes, croyances et motivations. Par exemple, si l’on décide de prioriser les exercices et que le patient est persuadé qu’il lui faut des massages, cela va être un frein à l’adhésion au traitement ; il faut donc prendre le temps d’expliquer pourquoi on fait les choses.
  • La maladie : le traumatisme est plus ou moins sévère (entorses de grades 1 à 3) et plus les pathologies sont longues, plus le patient va être en situation de doute.
  • Le traitement : plus il est compliqué, moins le patient va y adhérer. Plus l’exercice est facile, plus le patient va se l’approprier et l’exécuter, et plus les résultats seront bons.
  • Les facteurs socio-économiques : la prise en charge durant un arrêt de travail, la réaction de son employeur, le blocage d’une promotion, le cas d’un parent solo : tous ces éléments peuvent constituer un frein ou une motivation à progresser plus rapidement. On ne traite pas une entorse de la cheville mais un patient qui a une entorse de la cheville.
  • Le système de soin : en France on a la chance d’avoir un accès aux soins relativement facile et un système qui prend en charge le coût économique de la séance, surtout avec le tiers-payant. C’est un réel avantage qui n’existe pas dans d’autres pays, y compris limitrophes (Belgique, Espagne) : là-bas les patients ont moins facilement accès aux soins, ce qui constitue un vrai frein et a amené ces pays à autonomiser les patients plus rapidement.

Conseil de Cédric Robert, l'un des formateurs de notre formation Cheville - Walter Santé

Important

Notre système a contribué au fait qu’on a parfois pas de limite dans le temps donc on ne donne pas d’objectifs très importants pour chaque séance. Les nouveaux référentiels avec des limitations de séances (8 ou 10) vont peut-être refaire naître de la motivation.

Le contrôle de l'assiduité du patient

Si le kinésithérapeute souhaite ajuster les exercices de rééducation de l’entorse de la cheville des patients, cela va passer par plusieurs étapes :

  1. il faut commencer par s’assurer que le patient ait compris l’exercice, et donc faire de nombreuses répétitions ;
  2. il s’agit ensuite de s’assurer que le patient soit capable d’évaluer l’exercice et de s'autocorriger pour garantie la qualité du mouvement ;
  3. à la séance suivante, le kiné contrôle les mouvements, et peut à nouveau fournir une démonstration ;
  4. la régulation prendra de moins en moins de temps au fil des séances ;
  5. pour s’assurer de la quantité, il est possible pour le kiné de donner une feuille, où noter les exercices et demander au patient d’y consigner le jour et l’heure ainsi que la durée de l’exercice ou le nombre de répétitions. 

Astuce

L’assiduité du patient passe aussi par le fait de lui expliquer que remettre les exercices à plus tard décale dans le temps le retour aux activités d’avant (sport, travail). Il est indispensable de trouver des leviers sans culpabiliser le patient. Les formations kiné à distance insistent sur ce point.

Téléchargez le programme de la formation Cheville en PDF

Commentaires

Publier un commentaire

Un doute, une question, nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Sur le même thème

Entorse de cheville : quels sont les différents types ?

Alphonse Doutriaux

17 août 2022

L’entorse de la cheville représente un des motifs les plus fréquents de consultation en médecine générale, en traumatologie et en kinésithérapie. Cet article se propose d’aborder les différents types d’entorse sous un spectre anatomique, leurs causes ainsi que leur degré de gravité : entorse bénigne, entorse moyenne ou entorse sévère.

L'instabilité chronique de la cheville

Alphonse Doutriaux

17 août 2022

Il s’agit d’un phénomène malheureusement bien connu des professionnels en kinésithérapie : l’instabilité de la cheville, d’autant plus si elle possède un caractère chronique, pèse beaucoup sur la qualité de vie du patient et requiert alors un suivi adapté. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur cette affection et sur l’importance capitale de son diagnostic précis.

Cheville instable et rôle du kiné

Alphonse Doutriaux

17 août 2022

La kinésithérapie tient une place essentielle dans la prise en charge de la cheville instable, notamment en ce qui concerne la rééducation de cette dernière. Quel est donc le rôle du kiné, et de quels outils dispose-t-il pour cette thérapie spécifique ?

Diagnostic d'une entorse de la cheville

Alphonse Doutriaux

17 août 2022

Le diagnostic d’une entorse de cheville est fondamental pour assurer au patient un traitement et une prise en charge adaptés : zoom sur les bonnes pratiques et les codes indispensables à connaître sur le sujet.