Les techniques de rééducation de la cheville
Malgré toutes les bonnes pratiques en ligamentoplastie, il est souvent nécessaire d’entamer une rééducation de la cheville consécutivement à une entorse.
Depuis les travaux de Freeman, le renforcement proprioceptif se fonde sur le fait qu’il existe des capteurs dans la cheville qui envoient des informations au cerveau qui est alors en mesure de donner des ordres pour s’opposer à la torsion de la cheville. Il s’agit donc de mettre le patient en déséquilibre grâce à un plateau en demi-sphère, appelé plateau de Freeman, qui provoque des déstabilisations multidirectionnelles.
Plus tard, c’est par l’utilisation de mousses et de ballons que ces déstabilisations ont été générées pour améliorer la proprioception de la cheville.
La rééducation de la fonction musculaire
Parmi les outils les plus fréquemment utilisés pour la rééducation de la fonction musculaire de la cheville et approfondis dans les formations DPC pour kinés, il faut compter :
- l’électrostimulation ;
- les résistances manuelles pour guider le mouvement et permettre aux muscles de reprendre leur activité ;
- les résistances élastiques afin de donner de l’endurance à la musculature.
Ces éléments, utilisés durant de nombreuses années, n’ont pas donné de résultats très satisfaisants car il été difficile d’objectiver et de quantifier les paramètres de proprioception et de force musculaire.
Puis l’apparition d’une étude fondamentale de Postle a entériné la désillusion : il n’existe pas de différence significative entre les sujets ayant suivi une rééducation avec les outils classiques et les sujets sans rééducation. La conclusion est qu’il n’est pas possible de lutter contre les récidives d’entorse grâce à la rééducation.
Il reste que la fonction musculaire va suivre une une prise en charge très spécifique : la production de force va devoir s’exprimer sur des modes isométriques. Cela permettra de pouvoir parcourir en statique les différentes courses (interne, externe) à explorer fonctionnellement.
Ainsi qu’explicité dans les formations Cheville en ligne, ce travail isométrique se réalise avec des résistances manuelles pour que le/la patient(e) prenne conscience des mouvements d’inversion et d'éversion, puis il y a relais en position assise par des mouvements dynamiques sur des éléments permettant la mobilisation en dorsi-flexion, flexion plantaire et sur les mouvements tridimensionnels d’inversion et éversion.
Les critères d'adhésion du patient au traitement
La limitation dans le nombre de séances de kinésithérapie entraîne la nécessité d’une alliance thérapeutique : il s’agit que le patient s’engage dans ses soins.
À cette fin, l’OMS a reconnu plusieurs critères, explicités dans les formations kiné en e-learning.
- Le patient est au centre : ce dernier doit accepter ses traumatismes ; le kiné doit ainsi intégrer ses craintes, croyances et motivations. Par exemple, si l’on décide de prioriser les exercices et que le patient est persuadé qu’il lui faut des massages, cela va être un frein à l’adhésion au traitement ; il faut donc prendre le temps d’expliquer pourquoi on fait les choses.
- La maladie : le traumatisme est plus ou moins sévère (entorses de grades 1 à 3) et plus les pathologies sont longues, plus le patient va être en situation de doute.
- Le traitement : plus il est compliqué, moins le patient va y adhérer. Plus l’exercice est facile, plus le patient va se l’approprier et l’exécuter, et plus les résultats seront bons.
- Les facteurs socio-économiques : la prise en charge durant un arrêt de travail, la réaction de son employeur, le blocage d’une promotion, le cas d’un parent solo : tous ces éléments peuvent constituer un frein ou une motivation à progresser plus rapidement. On ne traite pas une entorse de la cheville mais un patient qui a une entorse de la cheville.
- Le système de soin : en France on a la chance d’avoir un accès aux soins relativement facile et un système qui prend en charge le coût économique de la séance, surtout avec le tiers-payant. C’est un réel avantage qui n’existe pas dans d’autres pays, y compris limitrophes (Belgique, Espagne) : là-bas les patients ont moins facilement accès aux soins, ce qui constitue un vrai frein et a amené ces pays à autonomiser les patients plus rapidement.
Conseil de Cédric Robert, l'un des formateurs de notre formation Cheville - Walter Santé
Notre système a contribué au fait qu’on a parfois pas de limite dans le temps donc on ne donne pas d’objectifs très importants pour chaque séance. Les nouveaux référentiels avec des limitations de séances (8 ou 10) vont peut-être refaire naître de la motivation.
Le contrôle de l'assiduité du patient
Si le kinésithérapeute souhaite ajuster les exercices de rééducation de l’entorse de la cheville des patients, cela va passer par plusieurs étapes :
- il faut commencer par s’assurer que le patient ait compris l’exercice, et donc faire de nombreuses répétitions ;
- il s’agit ensuite de s’assurer que le patient soit capable d’évaluer l’exercice et de s'autocorriger pour garantie la qualité du mouvement ;
- à la séance suivante, le kiné contrôle les mouvements, et peut à nouveau fournir une démonstration ;
- la régulation prendra de moins en moins de temps au fil des séances ;
- pour s’assurer de la quantité, il est possible pour le kiné de donner une feuille, où noter les exercices et demander au patient d’y consigner le jour et l’heure ainsi que la durée de l’exercice ou le nombre de répétitions.
L’assiduité du patient passe aussi par le fait de lui expliquer que remettre les exercices à plus tard décale dans le temps le retour aux activités d’avant (sport, travail). Il est indispensable de trouver des leviers sans culpabiliser le patient. Les formations kiné à distance insistent sur ce point.
Téléchargez le programme de la formation Cheville en PDF
Programme formation Cheville et autonomisation
+ de 1000 téléchargements