Diagnostic et traitement de l'acrocyanose

Par Thomas Cornet

18 janvier 2024

7 min

Le médecin généraliste est souvent le premier professionnel consulté en cas de suspicion de pathologies cutanées. Afin de renforcer les connaissances dermatologiques de ces médecins, Walter Santé a mis en place une formation Diagnostic dermatologique pour médecin généraliste. Parmi les nombreux syndromes et phénomènes cutanés, on retrouve les acrosyndromes. 

Les acrosyndromes vasculaires sont des troubles vasomoteurs. Ils sont paroxystiques comme la maladie de Raynaud, mais c’est un symptôme également observé lors de l’acrorighose et l’acrocyanose. 

Définition de l’acrocyanose, causes, facteurs de risques et traitement de l’acrocyanose : découvrez les informations essentielles autour de cette maladie.

Qu'est-ce que l'acrocyanose ?

On retrouve plusieurs pathologies vasculaires de la famille des acrosyndromes. Quelle est la définition de l’acrocyanose ? L’acrocyanose est une maladie cardio-vasculaire. Elle est généralement déclenchée par le froid, avec une sensation permanente des mains ou des pieds froids. Elle est permanente et accompagnée d’une hypothermie et d’une hyperhidrose. La pathologie est à prédominance féminine, les femmes jeunes sont majoritairement touchées par ce syndrome et représentent 90 % des malades. 

 

Une érythrocyanose sous malléolaire est présente dans certains des cas, ainsi qu’un livédo réticulé des membres inférieurs. On constate une coloration bleue, rouge ou un discret œdème sur les parties concernées. Une association avec le phénomène de Raynaud ou des engelures est également observée.

 

La physiopathologie est incertaine. Des anomalies neurovégétatives et de la stase veino-capillaire semblent être à l’origine de la pathologie vasculaire. 

Bon à savoir

Il n’y a pas lieu de réaliser d’examens complémentaires, si la pathologie n’est pas associée à un syndrome de Raynaud ou à des engelures.

Quels sont ses symptômes ?

Afin de définir précisément les symptômes de l’acrocyanose, il est conseillé d’approfondir ses connaissances dermatologiques par le biais d’une formation DPC en ligne

 

L'examen clinique et l'interrogatoire sont nécessaires pour identifier l'acrocyanose. Elle est caractérisée par la sensation et la coloration des extrémités du corps. On constate notamment des mains ou des pieds présentant les caractéristiques suivantes :

  • froids ;
  • gonflés ;
  • moites, et parfois associés à une hypersudation ;
  • cyanosés d’une couleur rouge, bleue ou violette. 

Rappel

Il est possible de retrouver une acrocyanose douloureuse si les extrémités sont exposées au froid. Cette hypersensibilité au froid accentue également les symptômes de coloration et la sensation de froid. Cet acrosyndrome est néanmoins indolore à température ambiante. 

Retrouvez ici un exemple d'acrocyanose extrait de notre formation Diagnostic dermatologique :

 

 

La prise en charge et le diagnostic de l’acrocyanose sont essentiels car si cet acrosyndrome est bénin, il peut révéler l’existence d’autres pathologies, comme des maladies cardio-vasculaires, des syndromes myéloprolifératifs, des cryopathies et des artériopathies distales, des neuropathies périphériques (comme la poliomyélite ou la paraplégie) et le syndrome des anticorps anticardiolipines.

Les causes de l'acrocyanose

Les causes de l’acrocyanose sont encore incertaines, mais il est aujourd’hui estimé que le syndrome s’installe en raison de la stase veino-capillaire, qui est caractérisée par des vaisseaux trop petits, ou une anomalie neurovégétative. Les sujets accusent une difficulté de rétractation et de dilatation des artères dans les bras et les jambes. 

 

Comme de nombreux acrosyndromes, il est observé une prédominance de ce trouble chez les patients avec un faible IMC, notamment dans les cas de perte de poids rapide ou de sujets présentant des troubles du comportement alimentaire (anorexie et boulimie majoritairement). La maigreur semble être un facteur de risque important dans l’installation de cette pathologie. 

 

L’exposition au froid et le stress sont deux déclencheurs et facteurs d’aggravation des symptômes de la maladie.

 

Les sujets fumeurs ont davantage de risques de développer cette pathologie en raison des conséquences normatives du tabac sur le réseau vasculaire. 

 

Aussi, les risques sont accrus pour les sujets appartenant à une famille présentant eux aussi les symptômes de l’acrocyanose.

Bon à savoir

Une formation de médecin généraliste est indispensable pour repérer les causes des pathologies vasculaires et pour développer les connaissances liées aux troubles et maladies dermatologiques, comme le diagnostic de l’eczéma de contact, de la vascularite, ou encore de la toxidermie.

Comment traiter cette pathologie ?

Aucun traitement médicamenteux pour l’acrocyanose n’existe à ce jour. Les médecins de formation généraliste recommandent d’éviter le froid ou les situations de stress émotionnel, ainsi que les facteurs de risques énoncés plus haut. Néanmoins, la pathologie étant indolore et bénigne, et relevant seulement d’une gêne esthétique, elle n’exige ni un suivi particulier ni un traitement pour l’acrocyanose.

 

Les DPC de médecin généraliste peuvent préconiser des solutions alternatives, comme l’ionophorèse, en particulier dans les cas où l’acrocyanose est associée à une hyperhidrose. Des crèmes hydratantes ou de la lotion de Merlen peuvent être appliquées afin de prévenir la survenue de plaies ou de craquelures ou pour soulager leur apparition. 

Cependant, les professionnels de santé de formation généraliste doivent impérativement surveiller l’association de l’acrocyanose à d’autres acrosyndromes, notamment ceux de la maladie de Raynaud et des engelures. 

 

Le phénomène de Raynaud nécessite un examen clinique, comme pour l’acrocyanose. Mais la réalisation d’un bilan sanguin en plus est justifiée pour cet acrosyndrome. Ce phénomène est caractérisé par un arrêt brutal et transitoire de la circulation artérielle, généralement des mains, mais parfois des pieds lors d’une exposition au froid ou à l’humidité. On distingue la phase syncopale (asphyxique et blanche), la phase cyanotique (bleue), puis la phase hyperhémique (rouge).

 

Les engelures sont un acrosyndrome cutanéo-vasculaire idiopathique dû au froid et à l’humidité. Elles sont définies par une réaction anormale au froid. Cliniquement, les professionnels discernent des papules, des plaques et des tuméfactions superficielles érythémateuses, et des paresthésies sous forme d’engourdissement ou de douleurs cuisantes. Elles guérissent spontanément au bout de quelques semaines. Dans seulement quelques cas d’engelures sévères ou atypiques, un bilan biologique et une biopsie cutanée sont nécessaires pour éliminer les maladies associées telles que le Lupus. 

Important

Si ces différents acrosyndromes sont généralement bénins et ne nécessitent pas de traitement ou de suivi particulier, ils peuvent être révélateurs d’autres maladies plus délicates.

Dans le but de faire face à la complexité des nombreuses maladies dermatologiques, les formations de médecin généraliste sont essentielles pour développer ses compétences. Différents sujets sont abordés, comme traiter l’atrophie cutanée ou diagnostiquer la sclérodermie afin de distinguer les pathologies dermatologiques et appréhender leur traitement. Il est possible de se renseigner plus précisément sur les formations DPC sur le site internet de Walter Santé pour prendre connaissance du programme de formation et de ses objectifs.

Téléchargez le programme de la formation Diagnostic dermatologique en PDF

Commentaires

Publier un commentaire

Un doute, une question, nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Sur le même thème

Diagnostic, traitement et symptômes de la dyshidrose en dermatologie

Thomas Cornet

18 septembre 2023

Parmi les défis dermatologiques se trouve la dyshidrose, une condition cutanée douloureuse et parfois méconnue. Pour les praticiens médicaux, une compréhension approfondie de cette affection s’avère déterminante au vu de l’impact d’un eczéma dyshidrosique sur la qualité de vie des patients. Dans cet article, nous vous aidons à identifier et à prendre en charge la maladie. Quels sont les symptômes et le traitement d’une dyshidrose ? Comment poser son diagnostic ? Éléments de réponses.

Diagnostiquer et prendre en charge l'érythème noueux

Thomas Cornet

18 septembre 2023

En dermatologie, les maladies inflammatoires sont variées et parfois difficiles à identifier. Pour guider les professionnels de santé désireux de suivre une formation continue de médecine générale sur le sujet, nous évoquons dans cet article l’érythème noueux. Comment se définit cette affection ? Quels symptômes sont à observer ? Nous abordons également les causes et le traitement de l’érythème noueux pour, in fine, vous aider à distinguer cette condition des autres affections cutanées que vous pourriez rencontrer.

Le lichen plan en dermatologie : comment le reconnaître et le diagnostiquer ?

Thomas Cornet

18 septembre 2023

En tant que professionnel de santé, vous portez l’obligation de vous former régulièrement. Grâce à cet article, plongez dans le domaine de la dermatologie avec ce guide du lichen plan cutané. Maladie inflammatoire fréquente, elle peut apparaître de manière diverse sur le corps d’un patient, et il est important de pouvoir la reconnaître rapidement pour une prise en charge efficace. Découvrez les manifestations variées du lichen plan, son traitement, ses complications éventuelles, et obtenez un aperçu des formations DPC pour médecins axées sur les diagnostics dermatologiques.

Le diagnostic et la prise en charge de la maladie de Paget

Thomas Cornet

18 septembre 2023

Les diagnostics dermatologiques peuvent s’avérer complexes. En effet, les atteintes de la peau sont multiples et leur forme est parfois très similaire. Dans cet article, nous vous proposons d’en apprendre plus sur la maladie de Paget. Quelles sont ses caractéristiques ? Que faut-il savoir pour bien la diagnostiquer et quel traitement choisir ? Nous répondons à vos questions et faisons un point précis sur la maladie de Paget du mamelon, qui est la plus fréquente.