Diagnostic du SOPK : la démarche du médecin généraliste

Par Thomas Cornet

6 juin 2025

6 min

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) représente l’une des premières causes d’infertilité féminine et un motif de consultation fréquent en médecine générale. Pourtant, poser le bon diagnostic du SOPK demeure un défi, notamment face à des profils atypiques comme les patientes non obèses ou peu symptomatiques. En tant que médecin généraliste, vous êtes en première ligne pour repérer un SOPK et orienter le parcours de soin.

 

Comprendre les critères de Rotterdam, savoir quand prescrire une échographie pelvienne et reconnaître les formes discrètes de la maladie sont autant de compétences clés à maîtriser. Cet article vous guide pas à pas dans une approche rigoureuse et individualisée, pour mieux accompagner vos patientes au quotidien.

 

Comprendre le SOPK : un enjeu quotidien en médecine de ville

En tant que professionnel de santé de premier recours, vous êtes souvent le premier à recueillir une plainte évocatrice de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : troubles du cycle menstruel, acné persistante, prise de poids inexpliquée ou difficultés à concevoir. Pourtant, le diagnostic peut se révéler complexe, notamment chez les patientes non obèses ou présentant des manifestations cliniques atypiques.

 

Le SOPK est une endocrinopathie fréquente, qui concernerait entre 8 et 13 % des femmes en période de fertilité, selon les critères diagnostiques retenus et les définitions des populations étudiées. Sa complexité réside dans la variabilité de ses expressions cliniques, ce qui expose à la fois au risque de surdiagnostic et à celui d’un retard de prise en charge. La formation infertilité insiste sur l’importance d’adopter une démarche clinique rigoureuse, adaptée au profil de chaque patiente, pour optimiser le parcours de soins.

 

Les critères de Rotterdam : socle diagnostic du SOPK

Depuis 2003, les critères de Rotterdam sont ceux recommandés par les sociétés savantes pour identifier un SOPK. Il faut au moins deux des trois critères suivants :

 

  • Anovulation ou oligo-ovulation : cycles irréguliers ou aménorrhée
  • Hyperandrogénie clinique ou biologique : acné, hirsutisme, chute de cheveux, ou élévation des androgènes circulants
  • Aspect polykystique des ovaires à l’échographie pelvienne : > 20 follicules ou volume ovarien > 10 ml

Échographie pelvienne montrant un aspect typique d'ovaires polykystiques chez une patiente atteinte de SOPK

Échographie typique d’ovaires polykystiques (SOPK). Source : formation infertilité Walter Santé

Bon à savoir

Le diagnostic n’est retenu qu’après exclusion d'autres causes comme l’hyperplasie surrénalienne, les tumeurs ovariennes, ou l’hyperprolactinémie.

Maîtrisez la prise en charge de l'infertilité

Maîtrisez la prise en charge de l'infertilité

Adapter l’anamnèse à la diversité des phénotypes

Le SOPK insiste sur la variabilité des présentations cliniques, notamment :

 

  • Certaines patientes ont un SOPK sans surpoids ni insulino-résistance
  • D’autres présentent des symptômes modérés, souvent normalisés par les patientes elles-mêmes
  • Les troubles du cycle peuvent être masqués par la prise prolongée de contraception orale


Posez des questions ciblées :

 

  • Quelle est la régularité réelle des cycles sans contraception ?
  • Y a-t-il une pilosité excessive ou des antécédents d’acné ?
  • Quelle est la perception de son poids et de son image corporelle ?

L’échographie pelvienne : un outil à manier avec prudence

L’aspect "polykystique" à l’échographie est fréquent chez les jeunes femmes, sans valeur diagnostique isolée. Ne basez jamais votre diagnostic sur ce seul critère.

 

En pratique :

 

  • Ne demandez une échographie que si au moins un autre critère est présent
  • Interprétez les résultats à la lumière de l'âge et du contexte clinique
  • En cas de doute, orientez vers un gynécologue ou une endocrinologue

Rappel

Un ovaire polykystique n’est pas toujours pathologique. Le terme "multifolliculaire" est souvent utilisé de manière interchangeable à tort.

Ne pas négliger les conséquences du sous-diagnostic

Un SOPK non identifié peut entraîner :

 

  • Des retards de prise en charge du désir de grossesse
  • Un risque accru de troubles métaboliques : diabète de type 2, dyslipidémies
  • Une souffrance psychologique sous-estimée : anxiété, troubles de l’estime de soi


Adopter une démarche empathique et pédagogique est essentiel. Expliquez le caractère chronique du trouble, rassurez sur les possibilités de traitement, et proposez un suivi régulier. Ces compétences peuvent être développées dans la formation sur l’infertilité, qui aborde notamment le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).

Astuce

Face à une adolescente avec cycles irréguliers et acné sévère, évitez de conclure trop vite. Un suivi prolongé, hors contraception, permet d’observer l’évolution naturelle des cycles.

Important

Ce qu’il faut retenir : 

 

  • Le diagnostic de SOPK repose sur les critères de Rotterdam : il en faut deux sur trois
  • L’échographie n’est qu’un élément du diagnostic, à interpréter avec précaution
  • Une approche clinique individualisée est indispensable
  • Le médecin généraliste joue un rôle clé dans le repérage, le dialogue et la coordination des soins
Formations Médecins Généralistes

Formations Médecins Généralistes

Découvrez les formations DPC Médecins Généralistes en ligne de Walter Santé.

Envie d’approfondir ?

Découvrez notre formation infertilité Walter Santé qui évoque la prise en charge du SOPK :

 

  • Module vidéo avec cas cliniques
  • Fiches pratiques et rappels physiopathologiques
  • Mise à jour sur les recommandations et stratégies thérapeutiques


Mettez à jour vos compétences et améliorez le parcours de vos patientes SOPK dès aujourd’hui ! 

 

Vous pouvez également remplir votre obligation triennale en suivant d’autres formations destinées aux médecins généralistes.

Téléchargez le programme de la formation Infertilité en PDF

Commentaires

Publier un commentaire

Un doute, une question, nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Sur le même thème

Thomas Cornet

6 juin 2025

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est l’une des premières causes d’infertilité féminine, mais son impact sur la fertilité varie considérablement d’une patiente à l’autre. En médecine générale, il n’est pas toujours évident de savoir quand orienter vers une AMP et quand adopter une approche plus progressive. Pourtant, en première ligne, le médecin généraliste joue un rôle déterminant : écoute, évaluation clinique, accompagnement dans le désir de grossesse, surveillance des signes d’ovulation spontanée et coordination des premiers bilans.

 

Cet article vous aide à repérer les situations relevant d’une orientation spécialisée rapide et celles compatibles avec une surveillance en ville, pour mieux accompagner vos patientes dans leur projet parental.

 

Thomas Cornet

6 juin 2025

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est aussi une pathologie métabolique, souvent marquée par une insulinorésistance silencieuse. En tant que médecin généraliste, vous êtes un acteur clé de la prévention, du repérage précoce et de l’éducation thérapeutique de ces patientes. Même sans surpoids, les femmes atteintes de SOPK présentent un risque accru de diabète, de syndrome métabolique et de maladies cardiovasculaires. Grâce à une prise en charge en ville, basée sur un bilan métabolique adapté et un suivi régulier, il est possible de prévenir efficacement les complications.

 

Cet article vous donne les repères cliniques et outils pratiques pour optimiser votre accompagnement au long cours.

 

Thomas Cornet

18 octobre 2022

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une pathologie courante et pourtant méconnue ayant un impact direct sur l’infertilité. Détecté assez tôt, il peut être soigné. C’est la raison pour laquelle le rôle médecin généraliste est primordial. Découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur le SOPK.  

Thomas Cornet

18 octobre 2022

Avant de pouvoir accompagner vos patients dans un projet de grossesse dans le cadre de l'infertilité, il est indispensable de conduire un bilan d’infertilité. La prise en charge de ce bilan consiste en une série d’examens. Découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur la première consultation du couple infertile en médecine générale.