SOPK et infertilité : quel rôle pour le médecin généraliste dans l’orientation ?

Par Thomas Cornet

6 juin 2025

6 min

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est l’une des premières causes d’infertilité féminine, mais son impact sur la fertilité varie considérablement d’une patiente à l’autre. En médecine générale, il n’est pas toujours évident de savoir quand orienter vers une AMP et quand adopter une approche plus progressive. Pourtant, en première ligne, le médecin généraliste joue un rôle déterminant : écoute, évaluation clinique, accompagnement dans le désir de grossesse, surveillance des signes d’ovulation spontanée et coordination des premiers bilans.

 

Cet article vous aide à repérer les situations relevant d’une orientation spécialisée rapide et celles compatibles avec une surveillance en ville, pour mieux accompagner vos patientes dans leur projet parental.

 

En première ligne face à l’infertilité

En tant que médecin généraliste, vous êtes souvent le premier interlocuteur des patientes en désir de grossesse. Lorsqu’un SOPK est déjà connu ou suspecté, il peut être tentant d’orienter rapidement vers une consultation spécialisée en AMP (Assistance Médicale à la Procréation). Pourtant, notre formation sur l’infertilité, qui consacre une large partie au SOPK, insiste sur l’importance de distinguer les situations qui relèvent d’une prise en charge spécialisée urgente de celles pouvant bénéficier d’un accompagnement de premier recours. Cette approche graduée permet d’optimiser les parcours de soins, tout en valorisant le rôle central du médecin généraliste dans le suivi initial.

Comprendre les mécanismes d’infertilité dans le SOPK

Le SOPK est l’une des premières causes d’anovulation chronique. Les troubles de l’ovulation, liés à l’excès d’androgènes et à la dysrégulation de la sécrétion de LH, rendent la conception difficile sans traitement.

Mais attention : SOPK ne signifie pas stérilité.

Beaucoup de patientes conservent une ovulation spontanée, bien que souvent irrégulière. D’autres peuvent retrouver une fertilité fonctionnelle grâce à des mesures simples, telles que la perte de poids, l’amélioration de l’hygiène de vie ou encore une prise en charge nutritionnelle individualisée. Ces stratégies de première intention permettent parfois d’éviter un recours immédiat à l’AMP.

Graphique de la fécondité selon l’IMC chez les femmes avec et sans SOPK, accompagné des causes d’infertilité liées au SOPK

Impact du SOPK sur la fécondité selon l’IMC et principales causes d’infertilité associées. Source : formation infertilité de Walter Santé 

Maîtrisez la prise en charge de l'infertilité

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Quand attendre : les situations compatibles avec une surveillance en ville

Selon le SOPK, certaines situations peuvent être gérées par le médecin généraliste sans orientation immédiate :

 

  • Patiente < 35 ans avec SOPK modéré et cycles irréguliers
  • Pas de co-facteur d’infertilité connu (pas d’endométriose, pas d’antécédent infectieux, pas de facteur masculin identifié)
  • Existence de cycles longs mais avec signes d’ovulation (douleurs, glaire cervicale, courbe thermique)
  • Volonté de la patiente d’essayer sans aide pendant quelques mois


Dans ce cas, un accompagnement diététique, une perte de 5-10 % du poids chez les patientes en surpoids peut suffire à induire une ovulation.

Bon à savoir

Une perte de poids modeste (5-7 %) peut restaurer l’ovulation chez certaines patientes OPK.

Quand orienter vers une consultation en AMP (Assistance Médicale à la Procréation)

Il existe plusieurs situations où l’orientation est recommandée sans attendre :

 

  • Patiente > 35 ans avec SOPK et absence d’ovulation depuis > 6 mois
  • Absence de grossesse après 12 mois de tentatives régulières
  • Hirsutisme sévère ou signes d’hyperandrogénie invalidants
  • Trouble métabolique associé (diabète, HTA, dyslipidémie)


Dans ces cas, le rôle du médecin généraliste est de coordonner le bilan préalable (hormones, échographie, spermogramme) et de rassurer la patiente sur les options thérapeutiques existantes.

Identifier les bons indicateurs cliniques

Lors du suivi, surveillez :

  • L'évolution du cycle naturel (apparition de signes d’ovulation)
  • Le poids, l’IMC et le tour de taille
  • La charge mentale et émotionnelle du projet parental
  • La qualité de vie et la relation de couple

 

Astuce

Discutez avec la patiente de ce qu’elle est prête à changer avant d’introduire des traitements plus invasifs.

Un rôle d'éducation et de coordination

Le SOPK insiste sur la valeur de la relation médecin-patiente dans la durée. Le médecin généraliste est le mieux placé pour :

 

  • Expliquer les bases physiopathologiques de l’anovulation
  • Cadrer les attentes par rapport au temps de conception
  • Relayer les recommandations hygiéno-diététiques
  • Coordonner le suivi médical avec le centre AMP si besoin

Important

Ce qu’il faut retenir

  • Le SOPK est une cause fréquente mais réversible d’infertilité
  • Un bilan de première intention bien fait permet d'éviter des retards de prise en charge
  • Le médecin généraliste peut suivre de nombreux cas en amont d’une orientation
  • L’écoute et l’information sont les premières aides à proposer
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Approfondir vos compétences

Vous trouverez un module complet dédié au SOPK dans notre formation Infertilité médecin généraliste proposée par Walter Santé. Ce module aborde en détail :

 

  • des vidéos pédagogiques sur la physiopathologie et les différents phénotypes du SOPK ;
  • des cas cliniques commentés pour une mise en situation concrète ;
  • une mise à jour des recommandations de la HAS et des sociétés savantes.

 

C’est le meilleur moyen de renforcer vos connaissances et de mieux accompagner vos patientes dans leur projet parental. En complément de cette formation sur l’infertilité, vous avez également accès à un large choix de formations adaptées aux médecins généralistes, pour vous permettre de remplir votre obligation triennale de DPC.

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