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Par Thomas Cornet
Comment être sûr(e) d’accompagner au mieux les hommes souffrant d’infertilité ? Les médecins généralistes sont au premier plan pour les guider et leur assurer un suivi régulier et professionnel. Spermogramme, spermatogenèse, facteurs et rappels, nous approfondissons la délicate question de l’infertilité masculine.
Sommaire
Tout comme l’infertilité chez la femme, l’infertilité masculine est un sujet épineux. De potentielles difficultés à concevoir un enfant touchent à la virilité de l’homme, c’est pourquoi il est nécessaire de prévoir une prise en charge générale du patient au sein du couple. Les hommes sont très souvent réduits au résultat de leur spermogramme, ou peuvent en tout cas le ressentir comme tel, ce qui génère parfois une grande anxiété. Un accompagnement global s’avère primordial.
Pour déterminer et caractériser une possible infertilité masculine, vous serez amené(e), en tant que médecin généraliste, à considérer les facteurs environnementaux de votre patient. De plus en plus étudiés, ces éléments peuvent avoir un impact sur la fertilité de votre patient, bien qu’il soit difficile d’en définir les contours exacts. Naturellement, vous devrez également être capable de lire un spermogramme, tout en gardant toujours à l’esprit les limites de cet examen. Il ne faut jamais poser de diagnostic de « stérilité » sur un résultat de spermogramme. En effet, même en cas d’azoospermie par exemple, il arrive de trouver des spermatozoïdes et d’avoir un enfant. Il existe des traitements pour l’infertilité masculine.
Approfondissez vos connaissances sur l'infertilité masculine et féminine en suivant la formation DPC sur l'Infertilité de Walter Santé, dispensée par le professeur Blandine Courbière, responsable de l’unité clinique d’Assistance Médicale à la Procréation à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM).
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Découvrir la formationAfin de détecter les causes d’infertilité de l’homme, le patient devra effectuer un spermogramme. La lecture des résultats se fait en comparaison avec les valeurs de référence établies par l’OMS, indiquées avec la conclusion du biologiste. Parmi ces critères se trouvent par exemple le nombre total de spermatozoïdes dans un éjaculat, qui doit être supérieur à 40 millions, ou encore le pourcentage de spermatozoïdes vivants dans l’éjaculat devant être validé (58 %). Il conviendra aussi de prendre connaissance de l’analyse morphologique des spermatozoïdes (spermocytogramme), et plus particulièrement des formes typiques (les meilleurs spermatozoïdes). Selon l’OMS, plus de 4 % de formes typiques doivent être observés sur la centaine extraite des millions prélevés pour le spermogramme.
Bon à savoir
Si le spermocytogramme a été réalisé selon l’ancienne classification (de David), la « norme » sera alors de 30 %.
L’analyse d’un spermogramme est l’une des clés pour identifier certaines causes d’infertilité masculine, mais il faut cependant rester vigilant. La sensibilité du diagnostic varie d’un laboratoire ou d’un technicien à un autre. Les conclusions trop hâtives, basées sur un seul spermogramme, sont à exclure. Il est recommandé par ailleurs de diriger le patient vers des laboratoires dont les biologistes sont diplômés en biologie de la reproduction.
Toutes les clés pour analyser le résultat d'un spermogramme.
Lire l'articleUn cycle de spermatogenèse prend trois mois. Lorsqu’il y a anomalie du spermogramme, il est donc classique de demander un contrôle trois mois après, même s’il reste assez rare que les résultats diffèrent.
Parmi les anomalies de la spermatogenèse et leurs possibles causes :
En cas d’anomalie sévère relevée dans le spermogramme, il est recommandé de demander un contrôle dans un laboratoire de biologie de la reproduction pour confirmation.
Comme évoqué précédemment, poser un diagnostic de stérilité sur la base d’un spermogramme serait prématuré et dangereux. Les causes d’infertilité de l’homme peuvent être multiples ; le médecin généraliste doit rester extrêmement prudent sur l’annonce des anomalies décelées dans le spermogramme d’un patient. Certains hommes s’identifient à leurs spermatozoïdes et sous-estimer les répercussions psychologiques négatives que pourraient avoir de telles révélations serait une erreur. Pour accompagner le patient au mieux, recevez-le pour répondre à ses éventuelles questions.
Dans 50 % des causes d’infertilité, une anomalie du spermogramme est associée ou isolée. Cela est donc relativement fréquent, comme le lien fait entre infertilité et endométriose chez la femme. En effet, l'endométriose peut avoir un impact sur la fertilité féminine. À des degrés d’importance variables, toutes les anomalies de la spermatogenèse peuvent être à l’origine d’une infertilité masculine. Plusieurs solutions sont envisageables pour les couples, suivant la cause initiale : une amélioration par un changement de mode de vie, ou une insémination intra-utérine pour les anomalies modérées, un procédé utile pour concentrer les spermatozoïdes mobiles. Parfois même, des techniques de fécondation in vitro pourront être proposées.
Lorsque les patients consultent, ils ont généralement fait des recherches sur internet au préalable et savent que pour avoir un bilan d’infertilité, ils doivent préciser qu’ils ont deux à trois rapports par semaine depuis un an. Avec tact et diplomatie, le médecin généraliste doit aborder la qualité de la vie sexuelle du couple. On sait qu’après 40 ans, la dysfonction érectile devient plus fréquente. Il est important de ne pas négliger une possible dysfonction sexuelle chez l’homme, qui aurait pour conséquence des difficultés à concevoir un enfant.
Déceler une dysfonction sexuelle chez l’homme n’est pas simple. Souvent vécu comme une honte, ce problème n’est généralement pas abordé naturellement. Ainsi, le simple fait de poser les bonnes questions au cours de la consultation peut permettre de mettre vos patients en confiance. Selon les recommandations américaines, le bilan d’infertilité inclut un échange ouvert avec le patient, afin d’évaluer la fonction sexuelle, sur les sujets suivants : le degré de libido, la fréquence des rapports sexuels, et comment sont vécues les éjaculations. On estime que les troubles de la fonction érectile et éjaculatoire sont présents dans 5 à 20 % de la population générale. Un discours sans tabou ni préjugé est indispensable pour savoir si votre patient fait partie de ce pourcentage.
En parallèle, soyez attentifs aux hommes faisant beaucoup de sport et prenant des substituts par androgènes. Ils ignorent le plus souvent que la testostérone prise bloque l’axe gonadotrope et la spermatogenèse, entraînant ainsi des dysfonctions de la production spermatique.
L’infertilité, chez les hommes comme chez les femmes, est un sujet délicat et complexe. Pour suivre une formation DPC en ligne sur la question, n’hésitez pas à contacter un(e) conseiller(ère) Walter Santé.
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