Diagnostic grossesse extra-utérine : symptômes et examens cliniques

Par Thomas Cornet

14 février 2025

5 min

Une grossesse extra-utérine est suspectée chez toute femme en âge de procréer présentant, de façon inexpliquée, des douleurs pelviennes, des métrorragies, une syncope ou un choc hémorragique. Le phénomène touche 100 à 175 patientes sur 100 000 femmes de 15 à 44 ans. Détecter une grossesse extra-utérine reste toutefois un diagnostic délicat : la GEU est en effet parfois asymptomatique mais toujours dangereuse.

Définition de la grossesse extra-utérine

Une grossesse extra-utérine ou ectopique correspond à l'implantation d'une grossesse à un autre endroit que le milieu normal de nidation, c’est-à-dire l’endomètre utérin : soit au niveau d’une trompe de Fallope, la corne de l'utérus, le col de l’utérus, un ovaire ou la cavité abdominale ou pelvienne. La grossesse extra-utérine est donc un phénomène potentiellement mortelle pour la femme enceinte et le diagnostic doit être posé rapidement. L'œuf fécondé grossit de jour en jour et finit par faire rompre l’organe dans lequel il est niché, ce qui entraîne un saignement massif dans la cavité abdominale. Au-delà des risques pour la vie de la patiente, la GEU est un facteur de risque d’infertilité ultérieure. Ce type de grossesse est non évolutif ; elle finit toujours par se rompre ou involuer. 

Quels sont ses symptômes ?

Les symptômes de la grossesse extra-utérine sont variables et peuvent être inexistants, jusqu’à la survenue de la rupture.

Important

Voici les principaux symptômes associés à la grossesse extra-utérine, détaillés dans les formations pour médecins généralistes : 

  • des douleurs pelviennes, sourdes, aiguës ou crampiformes, souvent d’un seul côté ;
  • des saignements vaginaux, souvent peu abondants et de couleur foncée. Ce symptôme n’est pas significatif pour les patientes qui présentent des règles irrégulières ;
  • une douleur à la mobilisation du col ;
  • une sensibilité unilatérale ou bilatérale des annexes au toucher vaginal ;
  • une masse annexielle ;
  • une légère augmentation de volume de l’utérus (moindre par rapport au retard de règles).

Les recommandations de la HAS concernent l'examen pelvien, qui doit être mené avec la plus grande précaution pour éviter qu’une pression excessive ne rompe l’organe où l'œuf s’est implanté par erreur.

La rupture d’une GEU, qui est un cas d’urgence absolue, présente quant à elle les symptômes suivants : 

  • une douleur sévère soudaine ;
  • une syncope ou une symptomatologie de choc hémorragique ou de péritonite.
Maîtrisez la réalisation de l'IVG médicamenteuse

Maîtrisez la réalisation de l'IVG médicamenteuse

Diagnostic de la grossesse extra-utérine

Le diagnostic d’une grossesse, intra ou extra-utérine fait partie de la formation continue des médecins généralistes. La première étape du diagnostic de grossesse extra-utérine consiste en un test urinaire de grossesse. Lorsque le taux de bêta-hCG urinaire est négatif, il n’est pas utile de pratiquer d’autres examens, sauf récidive ou aggravation des symptômes. Si au contraire le taux de bêta-hCG urinaire est positif (mais aussi si les signes cliniques suggèrent fortement une GEU et que la grossesse semble être trop précoce pour être détectée par la bêta-hCG urinaire), un bilan bêta-hCG sérique quantitative et une échographie pelvienne doivent être effectuées.

Pour le cas où l'échographie détecte une grossesse intra-utérine, une grossesse extra-utérine simultanée (ou grossesse hétérotopique) est très peu probable (sauf en cas de procréation médicalement assistée). Attention cependant, les grossesses tubaires et interstitielles peuvent passer pour des grossesses intra-utérines à l’échographie.

Bon à savoir

Les signes diagnostiques échographiques d'une grossesse extra-utérine sont :

  • l’absence de sac gestationnel avec un sac vitellin ou un embryon (avec ou sans battement cardiaque) dans la cavité utérine ;
  • une masse pelvienne complexe (mixte solide et kystique), en particulier au niveau des annexes ;
  • un liquide libre échogène dans le cul-de-sac.

Si la mesure de bêta-hCG sérique est supérieure à 3500 mUI/mL (taux appelé zone discriminatoire), l'échographie doit détecter un sac gestationnel avec un sac vitellin, qui confirme une grossesse intra-utérine. Si le taux de bêta-hCG est inférieur à 3500 mUI/m et que l'échographie ne montre pas de sac vitellin, il peut s'agir d'une grossesse précoce intra-utérine ou une grossesse extra-utérine. C’est alors qu’une cœlioscopie diagnostique peut s'avérer nécessaire.

Si une grossesse extra-utérine n'est pas confirmée et que l’état de la patiente est stable, on met en place une surveillance des concentrations plasmatiques de bêta-hCG en ambulatoire. Ce taux double en principe tous les 1,4 à 2,1 jours jusqu'au 41e jour. En cas de grossesse extra-utérine, les taux peuvent être inférieurs aux attentes en fonction des dates et ne doublent pas aussi rapidement.

Comment repérer une GEU asymptomatique ?

Rappel

72% des patientes avec une GEU diagnostiquée avaient des douleurs, des saignements ou des antécédents de GEU. Mais lorsque la grossesse est très précoce, il y a  assez peu de symptômes, et même parfois la grossesse extra-utérine est totalement asymptomatique.

Ni l’examen clinique, ni l’interrogatoire ni le dosage de HCG ne sont totalement contributifs pour éliminer une GEU avant 5 SA et même presque 6 SA. On apprend donc en formation continue pour médecins généralistes que c’est sur un suivi, une évolution, que l’on parvient à un diagnostic et non sur une seule mesure. On doit pouvoir constater une stagnation ou une augmentation modérée du taux de bêta-HCG plasmatique.

Dans les formations à l’IVG à distance, il est rappelé l’action de la mifépristone et du misoprostol mais aussi qu’il ne faut pas se lancer dans une IVG médicamenteuse en cas saignements : il s’agit d’abord d’écarter le risque de GEU.

Téléchargez le programme de la formation IVG médicamenteuse en PDF

 

Commentaires

Publier un commentaire

Un doute, une question, nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Sur le même thème

Thomas Cornet

14 février 2025

L’interruption volontaire de grossesse par voie médicamenteuse est possible en ville, par un médecin ou une sage-femme, selon certaines conditions. Côté patiente, l’IVG est remboursé à 100%. Côté praticien, il existe des cotations IVG spécifiques pour les divers actes de prise en charge de l’IVG médicamenteuse.

Thomas Cornet

14 février 2025

L’avortement médicamenteux est une alternative à la méthode chirrugicale. Il s’agit d’une fausse couche induite par des médicaments : la mifépristone et le misoprostol. Ils ont chacun un mécanisme d’action différent et se complètent. Tous les protocoles d’IVG médicamenteuse en France à l’heure actuelle, jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée, déclinent ces deux molécules.

Thomas Cornet

14 février 2025

La formation continue des médecins et les formations IVG destinées aux sage-femme ont pour but d’intégrer les meilleures pratiques en lien avec l’IVG médicamenteuse, proposée en cabinet ou en téléconsultation. Cette dernière est une nouvelle modalité qui facilite l’accès à l’IVG pour un grand nombre de femmes.

Thomas Cornet

14 février 2025

La Haute Autorité de Santé (HAS) fournit un ensemble de recommandations au sujet de l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse. Elle a défini une stratégie médicamenteuse précise ainsi que nombreuses conditions de prise en charge. Enfin, il existe des critères d’évaluation de l’efficacité des IVG médicamenteuses.