Bilan étiologique d’une syncope : examens à réaliser

Par Thomas Cornet

1 août 2025

4 min

En consultation spécialisée comme en hospitalisation, vous êtes régulièrement sollicité pour une syncope inexpliquée. Pourtant, trop souvent, l’évaluation initiale se limite à un interrogatoire sommaire et un ECG normal. Résultat : pas de diagnostic posé, pas de traitement instauré, et un patient qui récidive.

 

La syncope n’est jamais anodine. Dans une population à risque, elle peut être le signe précurseur d’un trouble du rythme sévère, d’une hypoperfusion cérébrale chronique, ou d’un événement neurologique sous-jacent.

 

En tant que neurologue, votre rôle est d’assurer un bilan syncope rigoureux, structuré, et adapté à chaque profil clinique. La formation Walter Santé vous propose une méthodologie complète et applicable à vos cas du quotidien. Voici les étapes à retenir.

Structurer le bilan syncope en 3 temps

Un bilan étiologique de syncope efficace repose sur une approche par étapes. L’objectif n’est pas d’explorer tout, mais d’orienter intelligemment selon les hypothèses retenues.

Étape 1 : Interrogatoire et examen clinique

C’est l’élément clé du raisonnement diagnostique. Il permet, à lui seul, de poser une hypothèse dans plus de 50 % des cas.

 

Les éléments à rechercher sont :

 

  • Le contexte de survenue : effort, position, émotion, douleur, miction ?

  • La présence ou l’absence de prodromes : nausées, chaleur, flou visuel ?

  • La durée et les conditions de récupération

  • Les antécédents familiaux de mort subite, les comorbidités cardiovasculaires ou neurologiques

  • Les traitements en cours (diurétiques, antihypertenseurs, anticholinergiques…)

Lors de l’examen clinique, n’oubliez pas :

 

  • La mesure tensionnelle couché et debout pour rechercher une hypotension orthostatique

  • La palpation des pouls, l’auscultation cardiaque et la recherche de souffles vasculaires

  • Le massage carotidien (chez les >40 ans, sans sténose connue)

Ce premier niveau d’analyse oriente vers l’hypothèse la plus probable : réflexe, orthostatique, cardiaque, neurologique, ou autre.

Étape 2 : Examens de première intention

Ils permettent de confirmer ou d’infirmer les hypothèses principales, avec un excellent rapport coût-efficacité.

ECG standard

Obligatoire pour tout bilan syncope. Il recherche :

 

  • Une bradycardie ou un BAV

  • Une tachycardie ventriculaire ou des troubles de repolarisation

  • Un intervalle PR ou QT anormal

  • Des signes d’hypertrophie ou de syndrome de Brugada

Un ECG normal n’élimine pas une cause cardiaque mais oriente la suite.

Holter ECG sur 24 à 72h

Utile si la syncope est fréquente ou si une anomalie rythmique est suspectée. En cas de syncope rare, optez plutôt pour une boucle implantable (ILR).

EEG (en option)

À réserver aux cas où l’on suspecte une étiologie comitiale (crise partielle complexe, état post-critique), pas en routine. Un EEG normal n’élimine rien.

Bilan orthostatique

  • Mesure tensionnelle couchée, immédiatement après levée, puis à 3 minutes

  • À compléter par un tilt-test si doute ou tableau atypique

Biologie

Selon les cas : ionogramme, glycémie, bilan rénal, dosage des médicaments, D-dimères si suspicion d’embolie.

Formation Syncopes

Formation Syncopes

Affiner le diagnostic étiologique, évaluer le risque, adapter la prise en charge et accompagner le patient sur le long terme.

Étape 3 : Examens spécialisés à la demande

Échocardiographie transthoracique

Indiquée si souffle, antécédent cardiovasculaire ou suspicion d’origine mécanique (rétrécissement aortique, CMH, thrombus intracardiaque...).

Test d’effort

Pour suspecter une ischémie ou un trouble rythmique à l’effort. Pratiqué en milieu spécialisé, avec ECG continu.

Monitorage implantable (loop recorder)

C’est l’examen de référence en cas de syncope inexpliquée récidivante, avec un rendement diagnostique jusqu’à 80 %.

Imagerie cérébrale

IRM ou scanner à n’utiliser que si :

  • signes focaux associés,

  • suspicion de syncope d’origine neurologique (HTIC, dissection, AVC du tronc).

Pas d’indication systématique si l’interrogatoire évoque une syncope réflexe.

Cas clinique de synthèse

Un homme de 66 ans, avec antécédents d’HTA et de diabète, consulte après deux épisodes de perte de connaissance à l’effort, sans prodrome, avec récupération rapide. ECG normal.

 

  • Interrogatoire : syncope sans signe vagal, pendant la marche.
  • Bilan orthostatique : RAS
  • Holter ECG : pauses sinusales intermittentes
  • Orientation : boucle implantable + avis rythmologique

 

Diagnostic final : syncope cardiaque par dysfonction sinusale.

Astuce : ne sautez pas les étapes

Un bilan syncope bien conduit évite les erreurs fréquentes :

 

  • passer à côté d’une origine cardiaque chez un patient jeune,

  • imager un cerveau pour une syncope réflexe classique,

  • poser une étiquette psychiatrique en l’absence d’élément objectif.

C’est votre rôle, en tant que neurologue, de trier efficacement. La formation Walter vous propose un cadre reproductible et concret pour cela.

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Thomas Cornet

1 août 2025

En consultation neurologique, les pertes de connaissance inexpliquées sont fréquentes et parfois déroutantes. Parmi elles, les syncopes vagales sont à la fois fréquentes et bénignes dans leur mécanisme, mais elles peuvent facilement être mal interprétées.

 

Cette incertitude diagnostique peut conduire à des examens inutiles, voire à des traitements inappropriés, et alourdir le parcours de soin. Elle génère également une inquiétude importante chez les patients, souvent persuadés qu’il s’agit d’un trouble neurologique grave ou d’un trouble cardiaque.

 

En tant que neurologue, votre rôle est donc décisif. Vous êtes à même de poser un diagnostic fiable, de hiérarchiser les causes possibles, et surtout, de rassurer le patient tout en assurant sa sécurité. La maîtrise des différents types de syncopes, et en particulier de la syncope vagale, est essentielle dans votre pratique clinique.

Thomas Cornet

1 août 2025

Chaque jour, des patients consultent pour des pertes de connaissance fugaces, décrites comme des “absences”, des “chutes inexpliquées” ou des “trous noirs”. En tant que neurologue, vous êtes souvent sollicité pour écarter un trouble épileptique ou neurologique sous-jacent. Mais parfois, le danger ne vient pas du cerveau : il vient du cœur.

 

Lorsqu’il s’agit d’une syncope cardiaque, l’enjeu dépasse largement le diagnostic différentiel. Ce type de perte de connaissance, souvent brutale, sans prodrome, peut être le signe d’un trouble rythmique sévère ou d’une cardiopathie sous-jacente à haut risque vital. Trop souvent, ces syncopes sont banalisées, ou explorées tardivement, exposant le patient à une issue dramatique.

 

Votre rôle est alors double : repérer les signes d’alerte, même subtils, et agir rapidement. Cet article vous donne les clés pour identifier une syncope cardiaque en consultation neurologique, interrompre les examens inutiles, et sécuriser le parcours de soin grâce à une orientation ciblée et prioritaire.

 

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1 août 2025

Chez de nombreux patients âgés ou polypathologiques, les pertes de connaissance inexpliquées s’accumulent. En tant que neurologue, vous êtes souvent sollicité pour explorer ces épisodes. Et bien que les examens soient parfois normaux, le patient continue de chuter, de se relever confus, ou de se plaindre de vertiges.

 

Ce type de tableau peut générer une certaine frustration clinique. L’épilepsie est souvent écartée. L’IRM est normale. L’EEG aussi. Pourtant, le patient revient. Ce qui est souvent négligé ? L’hypotension orthostatique.

 

Cette forme de syncope, pourtant fréquente, est sous-diagnostiquée. Elle mérite une attention particulière, car elle relève d’une dysrégulation du système nerveux autonome, domaine dans lequel le neurologue a un rôle-clé à jouer.

Thomas Cornet

1 août 2025

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement confronté à des motifs flous mais fréquents : chute inexpliquée, malaise, perte de connaissance. Derrière ces termes imprécis peut se cacher une pathologie bénigne… ou une urgence vitale. Pourtant, faute de témoignage direct ou d’examen concluant, le diagnostic reste souvent incertain.

 

Cette incertitude diagnostique peut entraîner une dérive : examens répétés, traitements inadaptés, retards de prise en charge, voire erreurs d’orientation. Le risque n’est pas seulement clinique, il est aussi organisationnel et humain, pour vous comme pour le patient.

 

Pour éviter ces pièges, il est essentiel de structurer votre démarche face à une perte de connaissance brutale. Cet article vous aide à distinguer une vraie syncope d’un trouble neurologique, métabolique ou cardiaque, en affinant votre interrogatoire, votre raisonnement et vos décisions d’exploration. Vous y trouverez des repères cliniques concrets pour sécuriser vos diagnostics différentiels et mieux orienter le parcours de soin.

Thomas Cornet

1 août 2025

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement sollicité pour évaluer une chute inexpliquée ou une perte de connaissance chez une personne âgée. Le problème, c’est que la distinction entre chute mécanique et véritable syncope est souvent difficile à établir. Le patient n’a parfois aucun souvenir de l’épisode. L’entourage parle de « malaise » ou de « faiblesse ». Et bien souvent, vous êtes consulté plusieurs jours après l’événement, sans trace clinique évidente.

 

Cette situation est pourtant loin d’être bénigne. La syncope chez la personne âgée est un facteur de morbi-mortalité sous-estimé. Elle est fréquemment mal orientée, parfois attribuée à tort à une chute simple, à un trouble de la marche ou à un syndrome confusionnel. Résultat : des examens non ciblés, une absence de traitement adapté… et un risque de récidive.

 

Notre formation Syncope vous donne les outils pour affiner votre raisonnement et repérer les red flags. Voici les éléments clés.

Thomas Cornet

1 août 2025

En consultation spécialisée comme en hospitalisation, vous êtes régulièrement sollicité pour une syncope inexpliquée. Pourtant, trop souvent, l’évaluation initiale se limite à un interrogatoire sommaire et un ECG normal. Résultat : pas de diagnostic posé, pas de traitement instauré, et un patient qui récidive.

 

La syncope n’est jamais anodine. Dans une population à risque, elle peut être le signe précurseur d’un trouble du rythme sévère, d’une hypoperfusion cérébrale chronique, ou d’un événement neurologique sous-jacent.

 

En tant que neurologue, votre rôle est d’assurer un bilan syncope rigoureux, structuré, et adapté à chaque profil clinique. La formation Walter Santé vous propose une méthodologie complète et applicable à vos cas du quotidien. Voici les étapes à retenir.