Perte de connaissance soudaine : quelles sont les causes à évoquer ?

Par Thomas Cornet

1 août 2025

6 min

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement confronté à des motifs flous mais fréquents : chute inexpliquée, malaise, perte de connaissance. Derrière ces termes imprécis peut se cacher une pathologie bénigne… ou une urgence vitale. Pourtant, faute de témoignage direct ou d’examen concluant, le diagnostic reste souvent incertain.

 

Cette incertitude diagnostique peut entraîner une dérive : examens répétés, traitements inadaptés, retards de prise en charge, voire erreurs d’orientation. Le risque n’est pas seulement clinique, il est aussi organisationnel et humain, pour vous comme pour le patient.

 

Pour éviter ces pièges, il est essentiel de structurer votre démarche face à une perte de connaissance brutale. Cet article vous aide à distinguer une vraie syncope d’un trouble neurologique, métabolique ou cardiaque, en affinant votre interrogatoire, votre raisonnement et vos décisions d’exploration. Vous y trouverez des repères cliniques concrets pour sécuriser vos diagnostics différentiels et mieux orienter le parcours de soin.

Une plainte fréquente, un risque d’erreur diagnostic

Vous êtes neurologue. À votre consultation, un patient vous est adressé pour « malaise », « perte de connaissance », « chute inexpliquée »… Ces termes flous masquent une situation fréquente, mais complexe : la perte de connaissance brutale, souvent non observée et difficile à décrire.

 

Le problème ? Derrière ce motif unique, se cachent des étiologies multiples, relevant tantôt de votre domaine, tantôt de la cardiologie, de la gériatrie ou de la médecine interne. Une erreur d’aiguillage peut entraîner des examens inutiles, une iatrogénie, voire le manque de prise en charge d’un événement potentiellement létal.

 

Pourtant, en tant que neurologue, vous êtes en première ligne pour établir un diagnostic différentiel solide, qui commence par savoir ce qui n’est pas une syncope, et reconnaître les causes neurogéniques réelles.

Qu’est-ce qu’une vraie syncope ?

Avant toute chose, rappelons la définition rigoureuse. Une syncope est une perte de connaissance transitoire, brève et réversible spontanément, liée à une hypoperfusion cérébrale globale, avec chute de tonus musculaire.

 

Cette distinction est essentielle, car bon nombre de patients ou de soignants qualifient à tort de syncope toute perte de contact. Vous devez donc écarter les autres diagnostics avant de poser ce terme.

Ce qui n’est pas une syncope (mais peut y ressembler)

Crise comitiale

La première cause neurologique à évoquer est bien sûr la crise d’épilepsie généralisée, souvent confondue avec une syncope en cas de chute soudaine. Voici les éléments qui orientent vers une étiologie comitiale :

 

  • Présence d’une aura (sensorielle, émotionnelle) avant la crise ;

  • Mouvements toniques ou myocloniques durant la perte de conscience ;

  • Morsure latérale de langue (jamais dans la syncope) ;

  • Phase post-critique confuse ou ralentie ;

  • Amnésie complète de l’événement.

Attention cependant : les syncopes très brutales (cardiaques) peuvent entraîner des mouvements anoxiques toniques mimant une crise. D’où l’importance d’un interrogatoire rigoureux.

AIT du tronc cérébral

Les accidents ischémiques transitoires vertébro-basilaires peuvent entraîner une brève altération de la vigilance, surtout chez les sujets à risque vasculaire. Ce n’est pas une syncope à proprement parler, car il existe généralement des signes focaux associés :

 

  • Dysarthrie

  • Diplopie

  • Ataxie

  • Hémiparésie transitoire

L’absence de perte de tonus musculaire peut vous orienter. Le terrain cardiovasculaire est un élément clé à documenter.

Coma métabolique ou toxique

La perte de connaissance peut également s’expliquer par des causes métaboliques, notamment une hypoglycémie profonde, qui n’est pas réversible spontanément, contrairement à une syncope.

 

💬 Dans la formation : “Si le patient a besoin de sucre pour revenir à lui, ce n’était pas une syncope.”

 

Autres causes métaboliques possibles : intoxication médicamenteuse, hypercapnie, hyponatrémie sévère… Ces étiologies ne relèvent pas en premier lieu du neurologue, mais peuvent se présenter en première intention.

Formation Syncopes

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Affiner le diagnostic étiologique, évaluer le risque, adapter la prise en charge et accompagner le patient sur le long terme.

Structurer votre démarche clinique

L’interrogatoire reste l’outil le plus performant pour démêler les causes. Voici les points clés à explorer systématiquement :

 

  • Circonstances de survenue : à l’effort, au lever, en position debout ou assise ?

  • Prodromes : nausée, sueurs, flou visuel, sensation de malaise ?

  • Durée de la perte de conscience : quelques secondes ou plusieurs minutes ?

  • Phase de récupération : immédiate ou prolongée, avec confusion ?

  • Signes associés : perte d’urines, morsure, mouvements toniques ?

  • Médicaments : hypotenseurs, psychotropes, antiépileptiques ?

L’entourage doit être sollicité si possible pour décrire précisément l’épisode. Une vidéo (smartphone) peut être précieuse pour objectiver la scène.

Les causes neurologiques de perte de connaissance

Hormis les crises d’épilepsie et les AIT, certaines causes plus rares méritent votre attention :

Crises non épileptiques psychogènes (CNEP)

Les CNEP sont fréquentes en consultation de neurologie. Elles se traduisent par des crises impressionnantes, longues, souvent avec mouvements complexes ou résistance aux manipulations, mais sans modification EEG.

Le diagnostic est clinique, confirmé par vidéo EEG si doute.

Maladie de Parkinson et dysautonomie

La dysautonomie neurologique est une cause sous-estimée de chute ou malaise. Elle se manifeste par une hypotension orthostatique neurogène, parfois confondue avec une simple syncope vasovagale. Ce contexte est fréquent chez les patients parkinsoniens ou syndromes parkinsoniens atypiques.

Cas clinique

Une patiente de 70 ans consulte pour des pertes de connaissance récurrentes, toujours en fin de matinée, lors de ses courses. Elle décrit une sensation de chaleur, des acouphènes, puis une chute. Pas de convulsions ni de confusion.

 

Traitement : IEC + furosémide. Pression artérielle à 96/65 en position debout.

 

Diagnostic : hypotension orthostatique iatrogène. Aucune imagerie cérébrale nécessaire, mais arrêt du diurétique et consignes posturales.

 

Ce type de situation est fréquent en consultation et justifie un raisonnement en entonnoir, partant de la clinique vers l’étiologie la plus probable.

 

L'apport de la formation Walter Santé

Cette formation DPC vous permet de :

 

  • Maîtriser la définition rigoureuse de la syncope ;

  • Apprendre à exclure les autres étiologies neurologiques ;

  • Affiner votre interrogatoire et votre stratégie exploratoire ;

  • Gagner en confiance dans vos décisions d’orientation.

Elle est conçue spécifiquement pour les neurologues en exercice, confrontés à la multitude de diagnostics différentiels autour de la perte de connaissance brutale.

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Thomas Cornet

1 août 2025

En consultation neurologique, les pertes de connaissance inexpliquées sont fréquentes et parfois déroutantes. Parmi elles, les syncopes vagales sont à la fois fréquentes et bénignes dans leur mécanisme, mais elles peuvent facilement être mal interprétées.

 

Cette incertitude diagnostique peut conduire à des examens inutiles, voire à des traitements inappropriés, et alourdir le parcours de soin. Elle génère également une inquiétude importante chez les patients, souvent persuadés qu’il s’agit d’un trouble neurologique grave ou d’un trouble cardiaque.

 

En tant que neurologue, votre rôle est donc décisif. Vous êtes à même de poser un diagnostic fiable, de hiérarchiser les causes possibles, et surtout, de rassurer le patient tout en assurant sa sécurité. La maîtrise des différents types de syncopes, et en particulier de la syncope vagale, est essentielle dans votre pratique clinique.

Thomas Cornet

1 août 2025

Chaque jour, des patients consultent pour des pertes de connaissance fugaces, décrites comme des “absences”, des “chutes inexpliquées” ou des “trous noirs”. En tant que neurologue, vous êtes souvent sollicité pour écarter un trouble épileptique ou neurologique sous-jacent. Mais parfois, le danger ne vient pas du cerveau : il vient du cœur.

 

Lorsqu’il s’agit d’une syncope cardiaque, l’enjeu dépasse largement le diagnostic différentiel. Ce type de perte de connaissance, souvent brutale, sans prodrome, peut être le signe d’un trouble rythmique sévère ou d’une cardiopathie sous-jacente à haut risque vital. Trop souvent, ces syncopes sont banalisées, ou explorées tardivement, exposant le patient à une issue dramatique.

 

Votre rôle est alors double : repérer les signes d’alerte, même subtils, et agir rapidement. Cet article vous donne les clés pour identifier une syncope cardiaque en consultation neurologique, interrompre les examens inutiles, et sécuriser le parcours de soin grâce à une orientation ciblée et prioritaire.

 

Thomas Cornet

1 août 2025

Chez de nombreux patients âgés ou polypathologiques, les pertes de connaissance inexpliquées s’accumulent. En tant que neurologue, vous êtes souvent sollicité pour explorer ces épisodes. Et bien que les examens soient parfois normaux, le patient continue de chuter, de se relever confus, ou de se plaindre de vertiges.

 

Ce type de tableau peut générer une certaine frustration clinique. L’épilepsie est souvent écartée. L’IRM est normale. L’EEG aussi. Pourtant, le patient revient. Ce qui est souvent négligé ? L’hypotension orthostatique.

 

Cette forme de syncope, pourtant fréquente, est sous-diagnostiquée. Elle mérite une attention particulière, car elle relève d’une dysrégulation du système nerveux autonome, domaine dans lequel le neurologue a un rôle-clé à jouer.

Thomas Cornet

1 août 2025

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement confronté à des motifs flous mais fréquents : chute inexpliquée, malaise, perte de connaissance. Derrière ces termes imprécis peut se cacher une pathologie bénigne… ou une urgence vitale. Pourtant, faute de témoignage direct ou d’examen concluant, le diagnostic reste souvent incertain.

 

Cette incertitude diagnostique peut entraîner une dérive : examens répétés, traitements inadaptés, retards de prise en charge, voire erreurs d’orientation. Le risque n’est pas seulement clinique, il est aussi organisationnel et humain, pour vous comme pour le patient.

 

Pour éviter ces pièges, il est essentiel de structurer votre démarche face à une perte de connaissance brutale. Cet article vous aide à distinguer une vraie syncope d’un trouble neurologique, métabolique ou cardiaque, en affinant votre interrogatoire, votre raisonnement et vos décisions d’exploration. Vous y trouverez des repères cliniques concrets pour sécuriser vos diagnostics différentiels et mieux orienter le parcours de soin.

Thomas Cornet

1 août 2025

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement sollicité pour évaluer une chute inexpliquée ou une perte de connaissance chez une personne âgée. Le problème, c’est que la distinction entre chute mécanique et véritable syncope est souvent difficile à établir. Le patient n’a parfois aucun souvenir de l’épisode. L’entourage parle de « malaise » ou de « faiblesse ». Et bien souvent, vous êtes consulté plusieurs jours après l’événement, sans trace clinique évidente.

 

Cette situation est pourtant loin d’être bénigne. La syncope chez la personne âgée est un facteur de morbi-mortalité sous-estimé. Elle est fréquemment mal orientée, parfois attribuée à tort à une chute simple, à un trouble de la marche ou à un syndrome confusionnel. Résultat : des examens non ciblés, une absence de traitement adapté… et un risque de récidive.

 

Notre formation Syncope vous donne les outils pour affiner votre raisonnement et repérer les red flags. Voici les éléments clés.

Thomas Cornet

1 août 2025

En consultation spécialisée comme en hospitalisation, vous êtes régulièrement sollicité pour une syncope inexpliquée. Pourtant, trop souvent, l’évaluation initiale se limite à un interrogatoire sommaire et un ECG normal. Résultat : pas de diagnostic posé, pas de traitement instauré, et un patient qui récidive.

 

La syncope n’est jamais anodine. Dans une population à risque, elle peut être le signe précurseur d’un trouble du rythme sévère, d’une hypoperfusion cérébrale chronique, ou d’un événement neurologique sous-jacent.

 

En tant que neurologue, votre rôle est d’assurer un bilan syncope rigoureux, structuré, et adapté à chaque profil clinique. La formation Walter Santé vous propose une méthodologie complète et applicable à vos cas du quotidien. Voici les étapes à retenir.