Syncope ou chute chez le senior : comment orienter ?

Par Thomas Cornet

1 août 2025

5 min

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement sollicité pour évaluer une chute inexpliquée ou une perte de connaissance chez une personne âgée. Le problème, c’est que la distinction entre chute mécanique et véritable syncope est souvent difficile à établir. Le patient n’a parfois aucun souvenir de l’épisode. L’entourage parle de « malaise » ou de « faiblesse ». Et bien souvent, vous êtes consulté plusieurs jours après l’événement, sans trace clinique évidente.

 

Cette situation est pourtant loin d’être bénigne. La syncope chez la personne âgée est un facteur de morbi-mortalité sous-estimé. Elle est fréquemment mal orientée, parfois attribuée à tort à une chute simple, à un trouble de la marche ou à un syndrome confusionnel. Résultat : des examens non ciblés, une absence de traitement adapté… et un risque de récidive.

 

Notre formation Syncope vous donne les outils pour affiner votre raisonnement et repérer les red flags. Voici les éléments clés.

Pourquoi la syncope est-elle souvent négligée chez le senior ?

Le vieillissement modifie à la fois l’expression clinique des syncopes et leur retentissement. Chez les sujets âgés, la perte de connaissance peut être :

 

  • Non reconnue (amnésie post-événementielle, confusion) ;

  • Non rapportée (isolement, trouble cognitif) ;

  • Masquée par une présentation atypique (chute isolée, hypotonie brutale sans prodrome) ;

  • Banalisée en tant que trouble de la marche ou “étourdissement habituel”.

En parallèle, les causes de syncope personne âgée sont multiples, souvent intriquées :

 

  • Médicaments (antihypertenseurs, diurétiques, psychotropes) ;

  • Hypotension orthostatique ;

  • Bradycardie ou troubles du rythme ;

  • Hypersensibilité du sinus carotidien ;

  • Syncope réflexe atypique (sans prodrome clair).

Le diagnostic est donc complexe, mais essentiel : une chute traumatique chez un senior avec perte de connaissance doit toujours faire évoquer une syncope sous-jacente.

Structurer votre démarche diagnostique chez le sujet âgé

La première étape consiste à poser les bonnes questions pour explorer le contexte de survenue. L’interrogatoire doit être structuré, en s’appuyant autant que possible sur le patient et les témoins.

Questions à poser :

 

  • Contexte de la chute : debout, au lever, pendant un effort, au repos ?

  • Facteurs déclenchants : miction, douleur, émotion, repas ?

  • Symptômes d’alerte : flou visuel, sensation de chaleur, vertiges, palpitations ?

  • Récupération : spontanée ou prolongée ? Confusion post-événementielle ?

  • Traitements en cours : hypotenseurs, antiarythmiques, benzodiazépines ?

  • Antécédents : troubles du rythme, diabète, maladie neurologique ?

Même si le patient ne se souvient de rien, l’absence d’argument n’est pas l’absence de syncope. Votre rôle est de croiser les informations cliniques pour proposer une orientation cohérente.

Syncope ou chute : éléments différenciateurs

Éléments

Chute accidentelle

Syncope

Circonstance

Marche, déséquilibre, obstacle

Position debout prolongée, émotion

Prodrome

Aucun

Malaise, flou, sueur

Perte de connaissance

Rare

Présente (même brève)

Récupération

Immédiate

Parfois confusionnelle

Lésions associées

Traumatiques (fracture, hématome)

Moins fréquentes

💡 La formation rappelle qu’une chute sans souvenir ni obstacle doit toujours faire suspecter une syncope.

Les causes spécifiques de syncope chez le senior

Bradycardie ou BAV

Chez le sujet âgé, la dégénérescence du tissu nodal est fréquente. Elle peut entraîner des pauses sinusales ou des blocs AV transitoires, souvent asymptomatiques entre les épisodes. Le diagnostic repose sur un ECG, un enregistrement Holter ou un implant loop recorder si les syncopes sont récidivantes.

Hypotension orthostatique

Liée à une diminution de la sensibilité baroréflexe, elle est fréquente après 65 ans, surtout en cas de :

 

  • Traitement diurétique ou vasodilatateur ;

  • Déshydratation chronique ;

  • Neuropathie diabétique ou parkinsonienne.

La mesure tensionnelle allongé-debout doit faire partie de votre examen systématique.

Hypersensibilité du sinus carotidien

Syndrome fréquent, surtout chez l’homme de plus de 70 ans. Il peut être révélé par une simple rotation de tête, un rasage ou une pression cervicale.

 

Le test de massage carotidien est utile, mais doit être pratiqué sous surveillance ECG et après exclusion de sténose carotidienne.

Syncope vasovagale atypique

Elle est souvent pauvre en prodromes chez les sujets âgés, mais reste fréquente. Le diagnostic repose sur l’exclusion d’autres causes et la répétitivité du contexte.

Cas clinique

Une patiente de 81 ans, hypertendue et diabétique, chute dans sa salle de bains. Pas de témoin. Elle ne se souvient de rien, sauf d’avoir eu “la tête qui tourne” juste avant. Elle est traitée par amlodipine et furosémide.

 

TA debout : 98/60 mmHg. ECG normal.

 

👉 Diagnostic : hypotension orthostatique probable. Recommandation : adaptation thérapeutique, hydratation, port de bas de contention, suivi neurologique.

Ce que vous devez consigner dans votre bilan neurologique

  • Contexte clinique et déroulé de l’événement ;

  • Hypothèse dominante : chute accidentelle, syncope, crise ?

  • Éléments d’orientation (facteurs déclenchants, prodromes, traitement) ;

  • Décision d’orientation : bilan cardio, neurologique, gériatrique ;

  • Éducation et prévention : éviter la récidive.

Un raisonnement clair et documenté est indispensable, notamment dans le cadre médico-légal.

L’apport de la formation Walter Santé

Cette formation DPC vous accompagne dans l’analyse clinique des pertes de connaissance du sujet âgé, avec des vidéos cliniques, des cas pratiques et des protocoles d’évaluation précis.

 

Vous apprendrez à :

 

  • Différencier chute accidentelle et syncope vraie ;

  • Adapter votre raisonnement aux spécificités du senior ;

  • Cibler les examens utiles sans sur-prescription ;

  • Améliorer votre traçabilité clinique.

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Thomas Cornet

1 août 2025

En consultation neurologique, les pertes de connaissance inexpliquées sont fréquentes et parfois déroutantes. Parmi elles, les syncopes vagales sont à la fois fréquentes et bénignes dans leur mécanisme, mais elles peuvent facilement être mal interprétées.

 

Cette incertitude diagnostique peut conduire à des examens inutiles, voire à des traitements inappropriés, et alourdir le parcours de soin. Elle génère également une inquiétude importante chez les patients, souvent persuadés qu’il s’agit d’un trouble neurologique grave ou d’un trouble cardiaque.

 

En tant que neurologue, votre rôle est donc décisif. Vous êtes à même de poser un diagnostic fiable, de hiérarchiser les causes possibles, et surtout, de rassurer le patient tout en assurant sa sécurité. La maîtrise des différents types de syncopes, et en particulier de la syncope vagale, est essentielle dans votre pratique clinique.

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1 août 2025

Chaque jour, des patients consultent pour des pertes de connaissance fugaces, décrites comme des “absences”, des “chutes inexpliquées” ou des “trous noirs”. En tant que neurologue, vous êtes souvent sollicité pour écarter un trouble épileptique ou neurologique sous-jacent. Mais parfois, le danger ne vient pas du cerveau : il vient du cœur.

 

Lorsqu’il s’agit d’une syncope cardiaque, l’enjeu dépasse largement le diagnostic différentiel. Ce type de perte de connaissance, souvent brutale, sans prodrome, peut être le signe d’un trouble rythmique sévère ou d’une cardiopathie sous-jacente à haut risque vital. Trop souvent, ces syncopes sont banalisées, ou explorées tardivement, exposant le patient à une issue dramatique.

 

Votre rôle est alors double : repérer les signes d’alerte, même subtils, et agir rapidement. Cet article vous donne les clés pour identifier une syncope cardiaque en consultation neurologique, interrompre les examens inutiles, et sécuriser le parcours de soin grâce à une orientation ciblée et prioritaire.

 

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Chez de nombreux patients âgés ou polypathologiques, les pertes de connaissance inexpliquées s’accumulent. En tant que neurologue, vous êtes souvent sollicité pour explorer ces épisodes. Et bien que les examens soient parfois normaux, le patient continue de chuter, de se relever confus, ou de se plaindre de vertiges.

 

Ce type de tableau peut générer une certaine frustration clinique. L’épilepsie est souvent écartée. L’IRM est normale. L’EEG aussi. Pourtant, le patient revient. Ce qui est souvent négligé ? L’hypotension orthostatique.

 

Cette forme de syncope, pourtant fréquente, est sous-diagnostiquée. Elle mérite une attention particulière, car elle relève d’une dysrégulation du système nerveux autonome, domaine dans lequel le neurologue a un rôle-clé à jouer.

Thomas Cornet

1 août 2025

En tant que neurologue, vous êtes régulièrement confronté à des motifs flous mais fréquents : chute inexpliquée, malaise, perte de connaissance. Derrière ces termes imprécis peut se cacher une pathologie bénigne… ou une urgence vitale. Pourtant, faute de témoignage direct ou d’examen concluant, le diagnostic reste souvent incertain.

 

Cette incertitude diagnostique peut entraîner une dérive : examens répétés, traitements inadaptés, retards de prise en charge, voire erreurs d’orientation. Le risque n’est pas seulement clinique, il est aussi organisationnel et humain, pour vous comme pour le patient.

 

Pour éviter ces pièges, il est essentiel de structurer votre démarche face à une perte de connaissance brutale. Cet article vous aide à distinguer une vraie syncope d’un trouble neurologique, métabolique ou cardiaque, en affinant votre interrogatoire, votre raisonnement et vos décisions d’exploration. Vous y trouverez des repères cliniques concrets pour sécuriser vos diagnostics différentiels et mieux orienter le parcours de soin.

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En tant que neurologue, vous êtes régulièrement sollicité pour évaluer une chute inexpliquée ou une perte de connaissance chez une personne âgée. Le problème, c’est que la distinction entre chute mécanique et véritable syncope est souvent difficile à établir. Le patient n’a parfois aucun souvenir de l’épisode. L’entourage parle de « malaise » ou de « faiblesse ». Et bien souvent, vous êtes consulté plusieurs jours après l’événement, sans trace clinique évidente.

 

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1 août 2025

En consultation spécialisée comme en hospitalisation, vous êtes régulièrement sollicité pour une syncope inexpliquée. Pourtant, trop souvent, l’évaluation initiale se limite à un interrogatoire sommaire et un ECG normal. Résultat : pas de diagnostic posé, pas de traitement instauré, et un patient qui récidive.

 

La syncope n’est jamais anodine. Dans une population à risque, elle peut être le signe précurseur d’un trouble du rythme sévère, d’une hypoperfusion cérébrale chronique, ou d’un événement neurologique sous-jacent.

 

En tant que neurologue, votre rôle est d’assurer un bilan syncope rigoureux, structuré, et adapté à chaque profil clinique. La formation Walter Santé vous propose une méthodologie complète et applicable à vos cas du quotidien. Voici les étapes à retenir.