Anaïs Galtier - Walter Santé 2023 ©
Commençons par votre parcours professionnel !
J'ai été diplômée en 2014. J'ai commencé à travailler avec des enfants déficients intellectuels sévères et en centre de rééducation post-AVC avec des troubles de la déglutition, mais aussi des troubles cognitifs importants et des troubles du langage. Et puis très vite, je suis retournée à mes amours étudiantes, c'est-à-dire que je suis retournée travailler au CHU de Toulouse, là où j'avais fait mon plus long stage : à l'unité de la voix et de la déglutition à l'hôpital Larrey.
J'ai ensuite travaillé auprès de personnes ayant été traitées pour un cancer des voies digestives supérieures, d'abord à l'Oncopole de Toulouse dans le service réhabilitation. Je suivais des hospitalisations de jour, comme à l'hôpital Larrey : je participais à l'évaluation des troubles de la déglutition, de la voix et de la parole des patients, mais uniquement traités pour des cancers ORL. J'avais en fait la même activité sur les deux services, sauf qu’à l’hôpital Larrey on était chez le tout venant, soit dans le cadre de pathologies neurologiques ou musculaires, soit hors cadre pathologique.
Après quoi je suis revenue à l’hôpital et j'ai travaillé à mi-temps au centre de rééducation intensif des laryngectomisés, qui accueille des patients ayant été traités pour des cancers ORL principalement, mais aussi quelques tumeurs cérébrales ou nasales. On s'occupe de rééduquer de façon intensive toutes les séquelles sur la déglutition, la phonation, la parole et parfois la cognition.
En quoi est-il important pour un orthophoniste de se former aux troubles de la déglutition ?
Déjà, les troubles de la déglutition sont l’un des troubles les plus fréquents chez nos patients. Souvent, chez un patient neurologique, par exemple, on aura des troubles de la déglutition qui vont apparaître à un moment donné, qui feront partie du tableau et qu'il faudra prendre en compte. Je rappelle que la déglutition, c'est une fonction vitale : si on ne peut plus manger, on peut plus se nourrir, donc on meurt.
La population âgée reste la plus touchée par les troubles de la déglutition. La population partout en Europe vieillit, on a donc beaucoup de personnes âgées plus ou moins isolées et qui vont souffrir de ces troubles. Et il est important de les prendre en charge, de les accompagner.
Quelles sont les causes principales des troubles de la déglutition ?
Il y en a plusieurs. Elles sont diverses et variées, mais si on devait classifier en grandes catégories, je dirais qu’il y a d’abord toute la partie de traitement ORL, et notamment de la cancérologie ORL, qui va avoir un impact directement sur les structures en jeu dans la déglutition. Là, on est vraiment sur une lésion mécanique de la fonction.
Il y a aussi toutes les causes neurologiques, qu'elles soient développementales ou acquises, et qu'elles soient stables dans le temps ou dégénératives. La commande de la déglutition ne se fait pas correctement ou ne se fait plus.
Il y a des causes iatrogènes : ce sont les causes engendrées par un matériel plutôt médical qui est là pour améliorer autre chose, mais qui finalement, par le contact prolongé, va avoir un impact sur la fonction.
On aura aussi des causes musculaires (dégénérescences musculaires) et des causes accidentelles (accidents de la vie, accidents de la voie publique, tous les traumatismes crâniens, etc.).
On a les causes développementales, on naît parfois avec des troubles de la déglutition parce qu'il s'est passé un événement au moment de la naissance ou autour de la naissance qui a causé des lésions. On est ici sur quelque chose de plutôt cérébral. Et puis, il y a aussi des maladies génétiques : des personnes qui naissent avec des difficultés au niveau de la déglutition. Enfin, chez les personnes âgées, le vieillissement normal des structures est une cause de troubles de la déglutition.
Quelles sont les étapes essentielles de la prise en charge éducative ?
On doit d’abord évaluer les difficultés du patient. Au-delà d'aller définir des mécanismes physiopathologiques, il est important de savoir quelles sont ses difficultés, comment ces troubles ont une répercussion sur son bien-être physique, psychologique, etc. En fonction de notre observation et de notre examen clinique, on peut déterminer comment on peut agir sur ces troubles en tant qu’orthophoniste pour que le patient puisse mieux vivre avec ou comment on peut les faire régresser s’il y a des possibilités pour le patient de récupérer.
Quelles sont les spécificités du bilan orthophonique dans le cadre de la prise en charge des troubles de la déglutition ?
D’abord, l'entretien, l'interrogatoire est très important. Ensuite, il faut observer d'une part les structures isolément et comment elles fonctionnent entre elles, en dehors de la fonction et en situation écologique également.
Il est important de faire le lien entre la plainte du patient et la description des troubles, ce qu’on peut observer et les véritables conséquences que ça a sur sa vie de tous les jours au moment des repas. Il ne faut pas perdre de vue que dans notre démarche thérapeutique il est important de prioriser les soins qu'on va apporter au patient. Si on a des troubles de la déglutition avec un risque de fausse route ou une fausse route avérée, et qu'il y a un vrai problème sur la sécurisation de la déglutition et un impact sur la fonction respiratoire, alors il faut d'abord sécuriser la déglutition, mettre en place des stratégies pour ce faire avant même de commencer la réhabilitation et de travailler en rééducation spécifique pour essayer d'améliorer ses compétences.
D'abord, on protège, on sécurise, et ensuite on permet au patient de se nourrir : on est toujours dans l'adaptation. On lui permet d'avoir ce qu'il peut manger et ensuite on travaille à l'amélioration des compétences ou en tout cas à son maintien.
Quelle formation continue supplémentaire conseillez-vous aux orthophonistes pour améliorer leurs pratiques ?
En plus de suivre cette formation en ligne sur la prise en charge des troubles de la déglutition, on peut se tourner vers certaines universités, dont celle où je travaille, qui proposent un diplôme universitaire sur la déglutition. Il se déroule en cinq séminaires et permet d'aller encore plus loin avec des médecins phoniatres qui interviennent, mais aussi des neurologues, des ORL, des orthophonistes, des kinésithérapeutes, diététiciens-nutritionnistes, etc.
Ce qui est important c’est de toujours remettre en question ses savoirs (savoir-être et savoir-faire) et de se former, d'aller chercher des nouveaux outils autour de soi.
Est-ce que vous avez un conseil à donner à nos apprenants ?
Vous avez la chance d'avoir une formation qui est “rembobinable”. Quand vous vous penchez sur un chapitre ou sur une partie, soyez bien disponible à ce moment-là. Parce que si vous faites autre chose en même temps, vous ne retiendrez pas bien les informations. Plus vous vous rendez disponible au moment de la formation, plus vous gagnez du temps.
La formation en ligne, c'est une très belle opportunité, ça a beaucoup d'avantages. C'est compliqué car on ne peut pas répondre aux questions dans l'immédiat, mais ça reste un bon outil pour se former même quand on n’a pas vraiment le temps. Certains collègues en libéral qui travaillent de 8h du matin à 8h du soir et du coup, n’ont pas vraiment le temps de se former en présentiel.
L’avantage sur la plateforme de Walter Santé, c'est que même s' il n'y a pas d'interaction directe pendant la formation, il existe un forum dans lequel les apprenants peuvent échanger entre eux, se poser des questions.
💡 Retrouvez Anaïs Galtier dans la formation Troubles de la déglutition de Walter Santé, éligible DPC et FIF PL.
Téléchargez le catalogue de nos formations DPC en PDF
Catalogue de formations DPC
+ de 10000 téléchargements