Définition de la dysphonie
La dysphonie, par définition, est un trouble de la voix aigu ou chronique qui peut toucher l’intensité, la hauteur ou le timbre de la voix. C’est une altération de la fonction vocale qui peut être momentanée ou durable, perçue par le/la patient(e) et/ou son entourage.
Une dysphonie de la voix peut avoir plusieurs caractéristiques :
- altération de l’intensité et/ou du timbre ;
- apparition brutale ou progressive ;
- retentissement sur la qualité de vie de la personne ou pas.
La dysphonie ne doit pas être négligée, car elle peut être le signe d’une lésion maligne, comme un cancer. La prévalence de la dysphonie varie entre 0,65 % et 15 % de la population générale (il y a peu d’études qui recensent le nombre de personnes atteintes de dysphonie).
Toutefois, le ratio de femmes est plus important que celui des hommes, car les cordes vocales des femmes comportent moins de collagènes.
Quels sont ses symptômes ?
Les plaintes et les symptômes des patients peuvent être divers :
- perdre sa voix ;
- ne plus reconnaître sa voix ;
- avoir une voix plus faible, souvent en fin de journée ;
- avoir une voix trop aiguë ou trop grave ;
- avoir une voix qui s’éteint à certains moments (restaurants, sorties…) ;
- avoir une voix instable, cassée ou éraillée.
La plainte du/de la patient(e) doit être référencée dans l’anamnèse (le compte-rendu) et doit s’appuyer sur des échelles d’auto-évaluation.
L’hygiène vocale et les comorbidités peuvent aggraver les symptômes de la dysphonie, par exemple :
- les allergènes et le reflux : reflux gastro-œsophagien, hemmage, toux chronique, jetage postérieur, allergies chroniques ;
- le mode de vie : type de travail, fonctionnement familial, environnements fréquentés ;
- le fonctionnement de la voix : surutilisation, utilisation de la voix impliquée ;
- la posture : scoliose, arthrose cervicale ;
- l’hygiène vocale et quotidienne : manque d’hydratation et de sommeil, consommation de tabac/alcool, sport avec effort à glotte fermée ;
- les facteurs anxio-dépressifs : déprime et perte auditive.
Étiologies de la dysphonie
L’étiologie de la dysphonie montre qu’elle est souvent liée à des comorbidités. Une comorbidité est une association de deux maladies ou plus chez une personne, ou la présence d’un ou plusieurs troubles qui se manifestent en même temps qu’une maladie primaire.
Différentes pathologies peuvent être associées à une dysphonie :
- des troubles de la déglutition ;
- des pathologies neurologiques sous-jacentes ;
- une dysarthrie ;
- des troubles respiratoires ;
- des douleurs ;
- une dysplasie ;
- un cancer.
Les étiologies des dysphonies sont nombreuses. Il est possible de les classer ainsi :
- l’étiologie lésionnelle : polypes, nodules, kyste (ou pseudo kyste), sulcus ou vergeture, granulome, dysplasie, carcinome, papillomatose ;
- l’étiologie inflammatoire : laryngite chronique, pseudomyxome, œdème de Reinke ;
- l’étiologie neurologique : paralysie laryngée unilatérale, troubles neurologiques, dysphonie spasmodique ;
- l’étiologie psychogène : mue faussée, aphonie psychogène ;
- l’étiologie iatrogène : post-intubation ;
- l’étiologie physiologique : presbyphonie (vieillissement naturel) ;
- l’étiologie dysfonctionnelle : forçage vocal.
Lors de l’anamnèse, l’orthophoniste doit veiller à noter les comorbidités associées à la dysphonie du/de la patient(e).
Réalisation du bilan vocal
L’orthophoniste doit toujours réaliser un bilan vocal dans la prise en charge de ses patients. La voix des patients peut être enregistrée à l’aide de logiciels d’enregistrement et de mesure. De nombreux logiciels sont disponibles pour réaliser un bilan orthophoniste, comme le logiciel Praat et Vocalab. Praat, par exemple, est un logiciel gratuit et libre de droit, facile à prendre en main.
Il est possible d’enregistrer une multitude de paramètres vocaux, bien qu’il ne soit pas nécessaire de tout mesurer dans la pratique quotidienne orthophonique. Praat permet de créer le spectrogramme d’un(e) patient(e) et de visualiser sa fréquence fondamentale, son intensité vocale et les formants de sa voix, quatre éléments très utiles du bilan orthophonique en cas de dysphonie.
La rééducation et l’éducation thérapeutique du patient
La prise en charge d’un patient souffrant de dysphonie par l’orthophoniste prend la forme d'une rééducation de la voix, mais aussi d’une éducation thérapeutique. L’objectif, ici, est d’apprendre au patient à se servir de sa voix, à jouer de cet instrument vocal, tout en étant son propre thérapeute. Le patient doit nécessairement travailler chez lui, prendre des responsabilités et s’impliquer dans sa rééducation.
Tous les patients ne sont pas tous voués à être rééduqués : leurs plaintes et leurs gênes doivent être assez importantes pour que leur implication soit réelle et efficace.
C’est pourquoi il n’est pas nécessaire de réaliser 30 ou 40 séances de rééducation avec un(e) patient(e). Les résultats ne seront pas meilleurs qu’avec 10 ou 15 séances d'orthophonie. Pour une dysphonie, le traitement doit être court, rigoureux et systématisé. De cette manière, la rééducation est adaptable et reproductible. Il est donc possible, pour un même trouble, de proposer les mêmes séances à plusieurs patients, avec des exercices de rééducation vocale. Il est préférable d’utiliser quelques exercices bien maîtrisés qui peuvent être reproduits au cabinet et au domicile du/de la patient(e), plutôt que de proposer de nombreux exercices et de s’y perdre.
Si, au terme de la rééducation, le patient n’a pas évolué, cela peut être le signe qu'il est nécessaire de le réorienter ou de modifier le parcours de soin.
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