Quels sont les bonnes pratiques de pharmacovigilance ?

Par Alphonse Doutriaux

30 janvier 2025

8 min

La pharmacovigilance est une étape indispensable dans la vie d’un médicament : elle commence dès sa mise sur le marché et se termine lorsqu’il est retiré. Dans cet article et grâce à notre formation pharmacie en ligne, actualisez vos connaissances sur les bonnes pratiques de la pharmacovigilance : définition, objectifs, système d’organisation et déclarations.

Qu'est-ce que la pharmacovigilance ?

La pharmacovigilance est définie comme la surveillance, la prévention, l’évaluation et la gestion des risques des effets indésirables liés à l’utilisation des médicaments. Elle fait partie de la phase 4 de l’évaluation d’un médicament (après l'autorisation de mise sur le marché) et s’exerce en permanence. C’est une étape déterminante du processus de surveillance d’un médicament. Les professionnels de santé doivent être tenus informés des bonnes pratiques de pharmacovigilance afin d’éviter et de réduire les risques des effets indésirables.

 

C'est donc une étape indispensable dans la mise sur le marché d’un médicament. En effet, les essais cliniques, bien qu’ils soient importants, ne sont pas suffisants pour mettre en évidence tous les effets secondaires (nombre de patients, effets indésirables rares, courte durée, partie de la population exclue…). Une fois sur le marché, le médicament est utilisé par une grande partie de la population (ou l’ensemble) et par des patients polymédiqués.

Bon à savoir

Par ailleurs, les effets indésirables graves ne sont pas toujours détectés par les essais cliniques, car ils sont souvent rares. Même les médicaments anciennement mis sur le marché sont soumis à l’étape de pharmacovigilance, afin de mesurer continuellement le rapport bénéfices-risques et le comparer avec d’autres médicaments, par exemple des médicaments nouvellement mis sur le marché.

Les objectifs de la pharmacovigilance

La pharmacovigilance est une évaluation perpétuelle. Elle commence au moment de la mise sur le marché du médicament, jusqu’à la fin de sa vie. Il y a donc des limites aux essais cliniques et une différence avec l’utilisation du médicament dans la réalité.

 

Les essais cliniques permettent de déterminer l’efficacité du médicament par rapport aux effets attendus. Dans la vie réelle, il est possible de mesurer l’effectivité du médicament et d’observer les effets après sa commercialisation, qui sont inconnus des essais cliniques.

 

La pharmacovigilance est utile au niveau individuel (prescrire le médicament avec le meilleur rapport bénéfices-risques pour un patient) et au niveau de la santé publique (laisser ou non un médicament sur le marché).

Important

Les objectifs de la pharmacovigilance sont les suivants :

  • identifier les effets secondaires inconnus (surveillance) ;
  • évaluer le lien de causalité entre l’effet et le médicament (évaluation) ;
  • gérer et prévenir les effets indésirables (gestion et prévention des risques).

 La prévention peut prendre plusieurs formes : encadrer l’utilisation d’un médicament, le suspendre, le retirer ou sensibiliser les patients.

Le système de pharmacovigilance

La pharmacovigilance concerne les pharmaciens et les prescripteurs d’un médicament (médecin, chirurgien-dentiste et sage-femme). En cas de constat d’un effet indésirable grave ou inattendu, susceptible d’être dû à un médicament, par exemple des médicaments bradycardisants, il est obligatoire d'en en faire la déclaration immédiate au Centre Régional de Pharmacovigilance. Par ailleurs, tout autre professionnel de santé peut informer le CRPV en cas de constat d’un effet indésirable.

Bon à savoir

Depuis 2019, les patients peuvent également déclarer les effets indésirables.

L’organisation de la pharmacovigilance en France fonctionne sur le système de notification spontanée : les professionnels de santé ou les patients qui suspectent un effet ou un événement en lien avec un médicament le déclarent au centre de pharmacovigilance dont ils dépendent. Il existe 30 CRPV sur le territoire français. C’est un système décentralisé et régionalisé.

 

Les CRPV collectent et évaluent les effets secondaires et indésirables déclarés, et les enregistrent dans une base de données qui est la propriété de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Ensuite, l’ANSM transmet les déclarations dans une base de pharmacovigilance européenne (European Medicines Agency) et au centre mondial de pharmacovigilance qui dépend de l’OMS.

Important

Chaque CRPV est relié à une ARS (agence régionale de santé) qui a plusieurs missions :

  • collecter et évaluer les informations relatives aux effets indésirables ;
  • enregistrer les effets dans la BNPV (base nationale de pharmacovigilance) ;
  • former et informer les professionnels de santé sur le sujet ;
  • réalisation d’expertises et d’enquêtes ;
  • évaluer le bénéfice-risque d’un médicament.

Apprenez-en plus sur les bonnes pratiques de pharmacovigilance avec notre formation pharmacie en ligne.

Qu'est-ce qu'un effet indésirable ?

Un effet indésirable est une réaction non voulue et nocive qui survient à la prise d’un médicament, dans des conditions normales et recommandées (posologie ou autre), ou an cas de mésusage (non-respect des recommandations). En revanche, les cas de surdosage volontaire ne font pas partie de la pharmacovigilance, mais de la toxicovigilance. Ce sont les CAP (Centres AntiPoison) qui gèrent ces déclarations et ces événements.

 

Lorsque le lien de causalité entre l’effet et le médicament n’est pas établi, on parle d’événement indésirable. Si le lien de causalité est établi, on parle plutôt d’effet indésirable. Le degré de lien de causalité est évalué avec l’imputabilité : des scores déterminent le degré du lien entre les symptômes et le médicament. À ce sujet, vous pouvez lire notre article sur la contre-indication des IPP.

 

D'après notre formation DPC pharmacien, plusieurs facteurs déterminent un effet indésirable :

  • la gravité ;
  • attendu ou non ;
  • de type A ou B ;
  • l’incidence (de très fréquent à très rare) ;
  • la classe d’organe ;
  • l’imputabilité ;
  • l’évitabilité.

Rappel

Un effet indésirable grave peut entraîner le décès de la personne, mettre son pronostic vital en jeu, entraîner une invalidité ou une incapacité significative, une hospitalisation, une anomalie ou une malformation congénitale, ou être médicalement significatif et affecter la qualité de vie du patient.

Déclarer un effet indésirable


Les professionnels de santé et les patients peuvent déclarer un effet indésirable. Plusieurs moyens sont mis à disposition :

  • téléphoner au centre de pharmacovigilance (CRPV) dont on dépend et décrire l’effet indésirable ;
  • envoyer un courrier ;
  • envoyer un mail au CRPV qui enregistre la déclaration ;
  • en ligne, sur le site signalement.social-sante.gouv.fr/.

Bon à savoir

Dans la déclaration en ligne, il est nécessaire de préciser si l’on est un particulier, un professionnel de santé ou un autre professionnel. Toutes les informations obligatoires doivent être renseignées afin de valider la déclaration. Un récapitulatif est proposé avant la validation de la déclaration. Il est possible de télécharger le signalement en PDF afin de conserver une copie.

Les signalements aident les autorités compétentes (EMA, ANSM) à prendre des mesures correctives ou préventives (modification du RCP ou de la notice, suspension ou retrait du marché). Ils servent aussi à informer les professionnels de santé et les patients des risques identifiés et des mesures prises.

 

La formation à la iatrogénie pour pharmacien de Walter Santé est conçue pour développer vos compétences concernant les bonnes pratiques pharmacovigilance et le risque iatrogène. D’une durée de 13 heures, cette formation continue pour pharmacien vous propose d’améliorer votre prise en charge pharmaceutique et de prévenir les événements iatrogènes médicaux. Découvrez le contenu de cette formation DPC pharmacien et les modes de financement disponibles.

Téléchargez le programme de la formation iatrogénie médicamenteuse en PDF

 

Commentaires

Publier un commentaire

Un doute, une question, nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Sur le même thème

Qu'est-ce que le risque iatrogène chez la personne âgée ?

Alphonse Doutriaux

13 février 2024

Le risque iatrogène chez les personnes âgées est influencé par divers facteurs. Cet article explore la définition de la iatrogénie, le rôle préventif du pharmacien et les catégories de médicaments associées à ce risque. Il examine les facteurs contributifs au risque iatrogène chez les personnes âgées ainsi que les approches de prévention à considérer.

Définition et symptômes du syndrome de Cushing iatrogène

Alphonse Doutriaux

13 février 2024

Le syndrome de Cushing, marqué par un niveau élevé de cortisol, présente des symptômes variés, ce qui en fait un défi pour le diagnostic.

Cet article, dédié à la formation continue des pharmaciens et axé sur l'iatrogénie, explore les manifestations, les complications, et les particularités liées à cette condition. Il vise à fournir des connaissances essentielles pour repérer et diagnostiquer le syndrome de Cushing iatrogène.

Le fonctionnement et les effets des médicaments néphrotoxiques

Alphonse Doutriaux

13 février 2024

La néphrotoxicité, causée par certains médicaments, représente une menace sérieuse pour la santé rénale. Ces substances peuvent entraîner des dommages aux reins, organes vitaux impliqués dans la filtration sanguine et l'élimination des déchets. 

Dans cet article, nous explorerons la définition de la néphrotoxicité, ses formes, les symptômes associés, et nous dresserons la liste des principaux médicaments néphrotoxiques.

Traitement de la rhabdomyolyse chez la personne âgée

Alphonse Doutriaux

13 février 2024

La rhabdomyolyse, caractérisée par une destruction musculaire intense, pose un défi particulier chez les personnes âgées en raison de la fragilité accrue de leur système musculaire. 
Ce phénomène libère la myoglobine dans le sang, pouvant entraîner des complications sérieuses telles que des lésions rénales. Il est donc essentiel de développer une compréhension approfondie de cette problématique spécifique à la population vieillissante.

Cet article explore les symptômes spécifiques à la rhabdomyolyse, les méthodes de diagnostic, et les approches de traitement adaptées à cette population, fournissant des éléments essentiels pour la prise en charge de la rhabdomyolyse chez les personnes âgées.