Protéger le nerf alvéolaire lors d’un implant

Par Alphonse Doutriaux

4 juillet 2025

7 min

 En implantologie, la planification du calendrier implantaire est une étape décisive. Le choix du timing de la pose des implants et de leur mise en charge influence directement le succès du traitement. Maîtriser le calendrier implantaire, c’est savoir évaluer la qualité des tissus, la stabilité primaire et l’environnement biologique pour adapter chaque phase aux spécificités du patient.

 

Cet article détaille les stratégies à connaître, issues des recommandations enseignées dans la formation Walter Learning.

Pourquoi le calendrier implantaire est-il essentiel ?

Le calendrier implantaire correspond à la chronologie des interventions : extraction, pose de l’implant, cicatrisation et mise en charge prothétique. Une planification rigoureuse permet d’anticiper les complications, de réduire la durée de traitement et de garantir la stabilité des résultats à long terme. L’objectif est d’optimiser l’ostéointégration et de préserver le volume osseux, tout en s’adaptant à la santé générale et locale du patient.

 

Différents timings existent, chacun avec ses avantages et limites : implantation immédiate, précoce, tardive ou différée après greffe. De même, la mise en charge prothétique peut être immédiate, précoce ou différée selon la stabilité obtenue. Ces choix conditionnent le succès global de la réhabilitation implantaire.

Les différentes options de timing implantaire

L’implantation immédiate : rapidité et préservation osseuse

L’implantation immédiate consiste à placer l’implant le jour même de l’extraction. Elle permet de préserver le volume osseux alvéolaire et de réduire le nombre de chirurgies. Elle limite la résorption osseuse, qui survient dès les premières semaines après l’extraction, et favorise un meilleur maintien des tissus mous.

 

Cependant, cette option impose des conditions strictes :

 

  • absence d’infection active ;
  • stabilité primaire élevée (torque ≥35 Ncm) ;
  • parois osseuses intactes ou quasi intactes.


Elle est particulièrement indiquée dans les zones antérieures, où la préservation esthétique est primordiale. Mais en cas de paroi vestibulaire fine ou d’infection, il est préférable de différer la pose pour éviter les complications.

L’implantation précoce : compromis entre immédiate et tardive

L’implantation précoce intervient 4 à 8 semaines après l’extraction. Ce délai permet une cicatrisation initiale des tissus mous et limite la résorption osseuse. Elle offre un compromis intéressant : les tissus mous cicatrisés protègent le site opératoire, tout en limitant la perte osseuse excessive.

 

Les avantages de l’implantation précoce incluent :

 

  • meilleure gestion des tissus mous ;
  • réduction des risques infectieux par rapport à l’implantation immédiate ;
  • planification plus flexible.


Elle est adaptée aux cas nécessitant une stabilisation des tissus mous, comme après une extraction traumatique ou en cas de risque esthétique modéré.

L’implantation tardive : la sécurité au prix du temps

L’implantation tardive se réalise 3 à 6 mois après l’extraction, voire plus. Elle permet une cicatrisation osseuse complète, idéale pour les sites infectés ou après des extractions difficiles. Cependant, elle s’accompagne d’une résorption osseuse accrue, notamment dans les zones esthétiques, nécessitant parfois des greffes osseuses pour restaurer le volume perdu.

 

Elle est indiquée en cas de :

 

  • infections chroniques ;
  • pertes osseuses sévères ;
  • extraction compliquée ayant abîmé les parois alvéolaires.


Cette approche est souvent privilégiée dans les zones postérieures mandibulaires, où les contraintes esthétiques sont moindres et où la sécurité prime.

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Tableau récapitulatif des timings implantaires

Timing

Délai après extraction

Avantages

Inconvénients

Indications principales

Immédiate

Le jour même

Préserve l’os, réduit durée traitement

Exige stabilité primaire élevée, site sain

Zones antérieures esthétiques

Précoce

4 à 8 semaines

Bonne cicatrisation tissus mous, limite résorption

Risque résorption modérée, demande suivi précis

Extraction traumatique, risque esthétique

Tardive

≥3 à 6 mois

Cicatrisation complète, sécurisée

Résorption importante, greffe souvent nécessaire

Sites infectés, extraction complexe

Les options de mise en charge prothétique

Après la pose implantaire, la mise en charge prothétique désigne le moment où la prothèse est fixée sur l’implant. Là encore, trois options existent.

Mise en charge immédiate

Elle consiste à poser la prothèse en moins de 48 heures après la chirurgie. Cela raccourcit le traitement et améliore le confort du patient, qui ne reste pas édenté. Cette option nécessite une stabilité primaire irréprochable (torque ≥35 Ncm, ISQ ≥65) et un site avec os dense (type D1 ou D2). Elle est souvent réservée aux implants antérieurs ou aux protocoles de type All-on-4.

Mise en charge précoce

Réalisée entre 2 à 6 semaines, elle permet de restaurer rapidement la fonction et l’esthétique. Elle est indiquée lorsque la stabilité primaire est bonne, mais que la qualité osseuse ou le contexte clinique ne permettent pas une mise en charge immédiate.

Mise en charge différée

C’est l’option la plus utilisée : elle intervient après une période de cicatrisation de 3 à 6 mois. Elle permet une ostéointégration complète, en particulier en cas de greffe osseuse, d’os de faible densité ou de risque de micromouvements.

Tableau de synthèse : mise en charge prothétique

Type de mise en charge

Délai après pose implant

Critères de faisabilité

Avantages

Limites

Immédiate

0-48h

Torque ≥35 Ncm, os dense (D1/D2)

Esthétique et confort immédiats

Risque en cas de stabilité insuffisante

Précoce

2-6 semaines

Bonne stabilité primaire, cicatrisation initiale

Réduction du temps de traitement

Adaptée seulement si conditions favorables

Différée

3-6 mois

Standard en cas de greffe ou faible densité osseuse

Sécurité maximale, ostéointégration

Durée de traitement plus longue

Les critères pour choisir le bon calendrier implantaire

Le choix du timing repose sur plusieurs critères :

 

  • Stabilité primaire : clé pour une mise en charge précoce ou immédiate.
  • Volume et densité osseuse : un os dense et épais autorise plus de flexibilité.
  • Santé parodontale et générale : parodontites, tabagisme, diabète mal contrôlé sont des facteurs qui imposent prudence et parfois délai.
  • Facteurs esthétiques : dans les secteurs visibles, l’implantation immédiate peut préserver le profil d’émergence.
  • Motivation et hygiène du patient : un patient impliqué est un prérequis indispensable, notamment pour des protocoles accélérés.

Conclusion : un calendrier sur-mesure pour chaque patient

Le calendrier implantaire n’est pas figé : il doit être adapté à chaque situation clinique, selon l’état des tissus, les attentes esthétiques et les risques médicaux. Une planification personnalisée, fondée sur un examen clinique et radiologique rigoureux, permet de sécuriser les traitements, d’optimiser l’ostéointégration et de garantir un résultat stable et esthétique.

 

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