Quels sont les symptômes d’un burn-out infirmier ?

Par Alphonse Doutriaux

19 décembre 2022

7 min

Les symptômes du burn-out infirmier sont nombreux et varient d’un individu à l’autre. Le syndrome de l’épuisement professionnel combine différents symptômes et touche tant la sphère physique que psychique. S’ils apparaissent dans le contexte professionnel, ils évoluent progressivement jusqu’à retentir dans la vie privée du patient. Quels sont les symptômes d’un burn-out infirmier ?

Les symptômes émotionnels et cognitifs

Parmi les symptômes constitutifs du burn-out chez les infirmiers, nous retrouvons les symptômes émotionnels qui se traduisent par du stress, de l’agressivité verbale et parfois physique vis-à-vis de ses collègues, de ses patients ou encore de l’entourage. En effet, les signes d’un burn-out infirmier qui se sont développés dans le cadre professionnel vont retentir dans la sphère personnelle.

 

L’apathie est également une caractéristique que l’on retrouve chez certaines personnes et qui s’explique par un état interne perturbé ou une dépression constante impossible à réguler. C’est un état qui mène progressivement à une dévalorisation de soi. Chaque personne est différente et les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre. Il est important de rechercher et questionner sur sa vie professionnelle. Parfois, la personne ne se rend pas compte de son état dépressif ou nerveux, car la perturbation de la sphère affective est plus ou moins importante.

 

Aux symptômes émotionnels s’ajoutent les symptômes cognitifs qui vont inclure des pertes de mémoire, des difficultés d’organisation et de concentration. Des conséquences graves telles que des erreurs médicales peuvent en découler. Face à ces symptômes, le patient peut être amené à consulter des spécialistes (neurologue, psychiatre). Une perturbation de l’humeur va altérer le fonctionnement cognitif, mais est réversible.

 

Les spécialistes en neurologie proposeront un bilan neuropsychologique qui consiste à proposer des exercices qui permettront de donner une idée du fonctionnement du cerveau à un instant T. Cette phonographie des capacités du cerveau va permettre d’écarter les hypothèses les plus graves en établissant une histoire de ces symptômes, à savoir s’ils sont apparus récemment, de façon progressive ou encore brutalement. Les troubles de la mémoire peuvent être d’origine plus organique et dans certaines maladies neurologiques nous retrouvons la dépression.

 

Si le bilan ne démontre pas d’altération organique visible, il s’agit probablement d’un burn-out : une perturbation psychoaffective qui retentit sur la sphère cognitive et va au-delà de l’état dépressif. À ce stade, des recherches plus poussées devront être réalisées. Le neuropsychologue travaille avec des médecins généralistes, des neurologues, mais aussi des psychologues pour aboutir à une évaluation approfondie. Il est à noter qu’un bilan normal n’induit pas qu’il n’y a pas de difficultés, mais il permet de rassurer les personnes sur le fonctionnement brut du cerveau en éliminant des causes plus graves.

Les symptômes comportementaux, interpersonnels et motivationnels

Les symptômes comportementaux et interpersonnels du burn-out chez les infirmiers sont visibles et caractérisés par une agressivité, un isolement social, une surréaction à des événements ou des propos. Le repli sur soi est également un symptôme caractéristique du burn-out, car la personne souffrante a besoin de préserver ce qui lui reste d’énergie.

 

L’alerte est souvent donnée par l’entourage qui s’étonne de telles réactions. En général, la personne ne se rend pas compte de son état. Les signes du burn-out infirmier s’installent en général progressivement et insidieusement. Les patients ne savent pas qu’ils souffrent d’un burn-out et le changement de personnalité est lié à la perturbation de l’humeur. Il y a une communication entre les pensées, l’humeur et le comportement, car des zones du cerveau sont impliquées dans la régulation de l’humeur.

 

Quant aux symptômes motivationnels, ils se définissent par la perte de confiance en soi, la perte d’initiative, désengagement et la perte de motivation dans son travail. Les « angoisses du dimanche soir » peuvent être un signe distinctif. Ces changements de comportement sont des signes cliniques du burn-out qui s’installent progressivement. Souvent, c’est l’entourage du patient qui alerte sur la situation.

 

Pour essayer d’améliorer son état, le patient pourrait avoir des comportements addictifs en prenant des substances soit licites telles que du café à haute dose ou des somnifères soit des substances illicites tranquillisantes ou stimulantes. Une prise en charge doit avoir lieu rapidement pour éviter que la personne n’entre dans un cercle vicieux de souffrances physiques, psychologiques et cognitives qui aggraverait la situation.

Les symptômes physiques non spécifiques

Les symptômes physiques du burn-out infirmier sont difficiles à déceler, car ils sont nombreux et variables d’un individu à l’autre. Ils sont également non spécifiques. Néanmoins, un symptôme prédomine : l’épuisement indicible. Du jour au lendemain, la personne ne va plus pouvoir se lever de son lit, faire ses tâches quotidiennes et se rendre au travail. L’épuisement psychique et physique est accentué par un manque de repos souvent dû à des insomnies associées. Pour déceler le burn-out chez les infirmiers, le médecin doit orienter l’interrogation du patient, car il peut être aiguillé par l’amélioration de ces symptômes en dehors du milieu professionnel, en vacances ou le weekend par exemple.

 

Les symptômes liés à l’anxiété vont inclure une oppression thoracique, des palpitations, des troubles digestifs, une dyspnée, les douleurs articulaires, une lombalgie, des maux de tête ou encore des vertiges. Ces symptômes sont non spécifiques et une interrogation du patient est nécessaire pour faire une analyse du contexte professionnel. Les médecins doivent rechercher s’il s’agit d’un épuisement professionnel devant une maladie chronique préexistante qui s’aggravait avec des crises plus fréquentes et qui répondent moins bien aux traitements habituels. Il est également recommandé de rechercher si cet épuisement ne viendrait pas des addictions du patient, car le recours à ces produits aura des conséquences spécifiques.

 

L’intérêt de rechercher dans le contexte professionnel évite de partir dans une grande exploration, car si chaque symptôme mérite son examen clinique, le burn-out n’a pas de marqueur spécifique. En effet, en 2017, l’HAS (Haute Autorité de Santé) a informé que plus de 32 biomarqueurs ont été étudiés pour essayer de relier les signes cliniques du burn-out à une augmentation de certains marqueurs. Il en ressort qu’aucun n’est spécifique, mais des études sont encore en cours. Le burn-out reste à ce jour un diagnostic clinique.


Les signes d’un burn-out infirmier sont parfois difficiles à identifier. Les symptômes sont nombreux et touchent différentes sphères qu’elles soient cognitives ou physiques. Une prise en charge rapide est nécessaire pour soulager le patient qui parfois, par besoin de se protéger, entre dans un cercle vicieux qui aggrave sa situation. Conclure un contrat de collaboration infirmier pour les libéraux est un moyen d’éviter d’être isolé et de partager les tâches afin de prévenir le burn-out chez les infirmiers. Il peut également éviter, dans un scénario plus dramatique, de songer au rachat de sa patientèle IDEL. De plus, une formation en ligne pour infirmiers axée sur le bien-être des patients pourrait aider à mieux identifier les symptômes du burn-out.

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