Rééducation post-AVC : le rôle du kinésithérapeute

Par Alphonse Doutriaux

29 août 2022

7 min

Le rôle de la kinésithérapeute n’est plus à prouver dans la rééducation post-AVC. Non seulement elle permet de fortement diminuer la mortalité mais aussi la dépendance et le risque d’institutionnalisation. Découvrez les recommandations de la HAS pour la rééducation post-AVC. 

Évaluer la situation du patient

Quelle rééducation après un AVC ? La première étape dans le parcours de rééducation/réadaptation (RR) des patient(e)s victimes d’un AVC ischémique ou hémorragique est l’évaluation initiale. Elle doit avoir lieu dès les premières heures après l’accident vasculaire cérébral par un médecin avec une expertise neuro-vasculaire. Cela peut être un médecin neurologue, un gériatre, un médecin spécialisé en médecine physique et de réadaptation.

 

Cette évaluation à pour but d’estimer : 

 

Ce bilan doit être précis, pour traquer des déficits résiduels qui impactent le plus le patient dans sa vie quotidienne ou professionnelle. 

 

Les patients de catégorie 1 ont besoin d'un bilan précis pour traquer les déficits résiduels, d'autant plus qu'ils ont de très bonnes capacités de récupération. 

Important

Le risque de récidive sous 5 ans reste important pour ces patients. C’est pourquoi, il est essentiel de le sensibiliser sur les potentiels comportements à risque, notamment pour les patients sédentaires. Par exemple, le fait de pratiquer une activité physique réduit de 30 % les risques de récidive. 

La rééducation post-AVC pour un patient de catégorie 1 consiste en une rééducation fine et précise sur des objectifs ciblés et sur des activités physiques (marche, course à pied, saut, fitness...). La rééducation à la marche est souvent privilégiée par le kiné.

Définir ses besoins

Il y a plusieurs stratégies de rééducation et plusieurs parcours de soins différents mis en place. Les professionnels de santé, comme les médecins physiques réadaptateurs ou les rééducateurs paramédicaux, jugent les déficits et les besoins en rééducation/réadaptation. 

 

Il est conseillé d’utiliser des outils standardisés validés afin d’estimer les déficits et en mesurer l’évolution. 

 

Cette réévaluation permet, tout en tenant compte d’une évolution potentielle, de : 

 

  • de conforter le pronostic de récupération établi par l’évaluation initiale ; 
  • d’identifier les difficultés associées au pronostic pour finaliser le programme de rééducation/réadaptation. 

Déterminer un parcours de soin

Afin de déterminer le parcours de soin, des consultations pluridisciplinaires sont nécessaires. Ces dernières doivent impliquer : 

 

  • les équipes des unités neuro-vasculaires (UNV) ; 
  • les équipes d’aval, qui correspondent aux équipes de soins de proximité et aux équipes des soins de suite et de réadaptation. 

Les patients de catégorie 1, autrement dit victimes d’AVC léger avec une seule déficience et une autonomie à la marche, vont être initialement admis en UNV, où l'on va évaluer leurs besoins en rééducation et leur prescrire une rééducation. 

Bon à savoir

Dans 80 % des cas, les patients de catégorie 1 retournent à domicile et suivent une rééducation pendant trois mois en secteur liberal, avec une réévaluation à la fin de cette période. Ils iront alors en libéral ou en hôpital de jour s'ils ont besoin d'une rééducation spécifique.

Lorsqu’un retour à domicile est envisagé, l’assistante sociale et l’ergothérapeute doivent être impliqués. Le retour à domicile doit être envisagé qu’aux AVC léger et aux situations de mono-déficience n’impliquant qu’un seul rééducateur. En cas de retour à domicile, le patient peut faire appel au programme d’aide au retour à domicile (PRADO) AVC mis en place par l’Assurance maladie.  

 

Si le patient ne va pas directement en libéral, il peut aller en HDJ (hôpital de jour), notamment s’il a besoin de rééducation spécifique, comme de l'ergothérapie, qui en libéral, n’est pas remboursé par la sécurité sociale. L’HDJ dure, la plupart du temps, un mois avec, ensuite, une réévaluation et une rééducation en libéral.

Comment rééduquer le patient post-AVC de type 1

Quand commencer la rééducation/réadaptation d’un patient post-AVC de type 1 ? Pour être efficace, celle-ci doit avoir lieu rapidement. Elle doit commencer dans les 24 à 48 heures après l’AVC, si le patient est prêt. Autrement dit, si les paramètres vitaux et l'hémodynamique cérébral du patient ont été stabilisés.

 

Il est crucial de ne jamais manipuler un patient qui n’est pas encore stabilisé. Cela peut entraîner un autre AVC ou pire, le tuer, car le risque vital existe encore à ce moment-là. Pour être sûr de commencer la rééducation au bon moment, il est indispensable de communiquer avec les équipes de santé et lire attentivement le dossier médical du patient. 

 

Il existe quelques contre-indications à une rééducation précoce

  • si le patient a subi une ponction artérielle pour une intervention ;
  • si ses conditions médicales sont instables ;
  • si la saturation en oxygène est faible ;
  • s'il présente une fracture ou une blessure des membres inférieurs.  

Bon à savoir

Quelle doit être la posologie de la rééducation du patient ? La durée minimum d'une séance de rééducation est de 45 minutes. Les séances doivent être au nombre de 5 à 7 par semaine. Il faut, cependant, tenir compte de la fatigabilité du patient pour que ce soit faisable pour le patient.

Le recours aux SSR spécialisés « ASN » doit être favorisé car les SSR polyvalents et les SSR spécialisés « personnes âgées polypathologiques » n’ont pas systématiquement des ressources, comme des rééducateurs spécialisés, adaptées aux besoins des patients victimes d’un AVC.

À la fin de la rééducation de la phase subaiguë, qui dure de 3 à 6 mois, il est nécessaire d’orienter le patient vers la phase chronique du parcours de RR. Celle-ci doit être anticipée et préparée : 

 

  • modalités de retour à domicile ; 
  • aménagement du lieu de vie ; 
  • transfert en institution ;
  • accompagnement des aidants ; 
  • etc. 

La kiné après AVC est reconnue pour être efficace dans la gestion d’un patient post-AVC. En effet, elle permet de largement diminuer la mortalité, la dépendance et le risque d’institutionnalisation. L’organisation des soins a une influence sur les résultats qui sont significativement en faveur de pratiques multidisciplinaires et coordonnées, quelle que soit la sévérité de l’AVC.

Bon à savoir

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