Qu'est-ce que l'inversion de cheville ?
L’inversion de cheville est définie par l’association de mouvements simultanés impliquant :
- un mouvement de la face plantaire en médial, soit vers l’intérieur ;
- un soulèvement du bord médial du pied.
En tant que kiné, vous savez qu’une inversion entraîne fréquemment une entorse de la cheville.
La flexion plantaire
L’inversion de la cheville est très fréquemment liée à une flexion plantaire. En effet, le mécanisme lésionnel le plus fréquent lors d’une première entorse est une inversion de cheville plus ou moins placée en flexion plantaire. La cheville peut présenter différents types de lésions ligamentaires ou une certaine laxité. Il est donc possible d’avoir un bloc sous-talien intact et une lésion atteignant uniquement les ligaments tibio-fibulo-talien.
Dans ce cadre, et hors d’une pratique sportive, l’escalier est la première cause d’accident domestique donnant lieu à des lésions de la cheville. Dans 80 % des cas, il y a une flexion plantaire. Cette flexion touche généralement le ligament cervical en complément du ligament tibio-fibulo antérieur.
La flexion dorsale
Dans des cas plus rares, il peut y avoir une flexion dorsale associée. Cette lésion impacte plus le ligament calcanéo-fibulaire, soit le faisceau moyen.
Le faisceau calcanéo-fibulaire est un élément de transition entre l’articulation talo fibulo talienne et l’articulation sub-talaire, soit l’articulation talo-calcaléenne. Il peut être intact et que la cheville présente une laxité sous-talienne. Il y a parfois des lésions complexes isolées du complexe sous-talien, mais il y a souvent une collusion entre ces différentes lésions ligamentaires.
C’est pourquoi il est difficile de dissocier les lésions de la cheville de celles de la région sous-talienne. Les articulations tibio-fibulo-talienne et sub-talienne font partie d’un complexe fonctionnel indissociable.
La progression lésionnelle
En inversion, une progression lésionnelle est souvent constatée. En inversion, ça va surtout être en avant et en bas. C’est-à-dire que ça touche le LTFA et les ligaments de la sous-talienne.
S’il y a une flexion dorsale, les lésions vont apparaître plutôt en bas et en arrière, impactant le ligament calcanéo-fibulaire.
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Comment la diagnostiquer ?
Voici les étapes qui vous permettent de diagnostiquer une inversion de la cheville en kinésithérapie :
- si les lésions le permettent, le (la) patient(e) est observé(e) en train de marcher ;
- des lésions visibles à l’œil nu ou sous la palpation (entraînant douleur, chaleur, etc.) sont recherchées dans la zone de la cheville ;
- l’amplitude des mouvements passifs est testée en dorsiflexion, flexion plantaire, éversion et inversion.
La palpation
Au niveau latéral, la palpation comprend la malléole latérale, le péroné et les trois ligaments suivants :
- talo fibulaire antérieur ;
- talo fibulaire extérieur ;
- fibulo calcanéen.
Le dôme de l’astragale est également palpé si la cheville du (de la) patient(e) est extrêmement gonflée.
Au niveau médial, la palpation comprend l’extrémité de la malléole médiale, le tibia et l’os naviculaire, ainsi que le complexe ligamentaire deltoïdien médial.
La recherche des lésions ligamentaires
On pratique le test de recherche d’un tiroir antérieur pour évaluer l'instabilité de la cheville après une entorse, notamment dans le cas d'une entorse latérale. Pour faire passer ce test, le kiné doit stabiliser la jambe du (de la) patient(e) d’une main et recouvrir le talon avec son autre main. Il tire ensuite le talon vers l’avant du pied. Cela permet d’évaluer la laxité. Elle doit être nulle si les ligaments sont intacts.
Pour vérifier les lésions du tendon d’Achille, le kiné pratique le test de Thompson. Pour effectuer ce test, le kiné serre les muscles du mollet du (de la) patient(e) alors qu’il (elle) est en décubitus ventral. En cas d’absence de flexion plantaire normale lors de cette manœuvre, le professionnel peut diagnostiquer une déchirure complète ou significative du tendon d’Achille.
Découvrez aussi à quoi sert et comment pratiquer le test Y balance dans notre article dédié.
Quelle est la prise en charge adaptée pour l'inversion de cheville ?
La prise en charge classique pour une inversion de cheville se résume ainsi :
- PRICE : protection, rest, ice, compression, elevation, soit : protection, repos, glace, compression et élévation ;
- une mobilisation précoce pour les entorses les moins graves ;
- une immobilisation totale associée à une chirurgie dans le cas d’entorses sévères.
La plupart des entorses impliquant l’inversion de cheville évoluent favorablement avec un traitement minime et une mobilisation précoce. Les attelles peuvent soulager la douleur, mais n’influencent pas la réparation des tissus ligamentaires. Des béquilles sont utilisées pour toutes les entorses jusqu’à ce que la marche soit normale.
Au-delà de cette prise en charge classique, le traitement dépend de la gravité de l’entorse. Ainsi :
- dans le cas d’une entorse légère, le kiné applique la méthode PRICE et favorise la mobilisation dès que le (la) patient(e) le tolère, avec des exercices de kinésithérapie spécifiques aux entorses de cheville ;
- si l’entorse est modérée, elle est traitée par PRICE avec immobilisation de la cheville en position neutre au moyen d’une attelle postérieure, suivie de séances de mobilisation et d’une rééducation par kinésithérapie ;
- une entorse grave implique une immobilisation totale, voire la pose d’un plâtre et, éventuellement, une réparation chirurgicale avant les séances de kinésithérapie. C’est le cas, par exemple, des entorses péronéo-tibiales.
Quelle différence entre l'inversion et l'éversion ?
L’inversion de la cheville associe une rotation médiale de l’articulation transverse du tarse à une adduction de l’articulation sub-talaire. Ainsi, le bord latéral extérieur du pied est dirigé vers le sol, tandis que la partie latérale du pied est soulevée du sol. L’inversion de cheville implique :
- l’articulation subtalaire ;
- l’articulation talo-naviculaire ;
- l’articulation calcanéo-cuboïdienne.
L’éversion de la cheville associe un mouvement de rotation latérale de l’articulation transverse du tarse, durant laquelle la face plantaire latérale vers le sol et une abduction de l’articulation subtalaire. La partie latérale externe du pied est soulevée du sol. Elle implique donc les articulations suivantes :
- subtalaire ;
- talonaviculaire ;
- calcanéo- cuboïdienne.
Ce mouvement de torsion externe est à l’inverse de celui de l’inversion. L’éversion associe une flexion dorsale et le valgus du pied.
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