Diagnostiquer et traiter la dyskinésie scapulaire en tant que kiné

Par Alphonse Doutriaux

27 novembre 2023

8 min

Pour exercer en tant que kiné spécialiste de l’épaule, la connaissance des diverses pathologies associées est essentielle. Dans cet article, nous nous penchons sur la dyskinésie scapulaire. Comment la définir ? À quoi correspondent ses trois types et comment la traiter ? Afin de vous aider à appréhender cette condition et à proposer des soins adaptés à vos patients, nous abordons aussi l’examen clinique et le score de Morgan, outil indispensable à votre diagnostic. Découvrez notre guide complet sur la scapulagie, pathologie enseignée dans toute formation pour masseur-kinésithérapeute axée sur l’épaule.

Définition de la dyskinésie scapulaire

La dyskinésie scapulaire englobe une gamme de mouvements anormaux de la scapula, ou omoplate, lors des mouvements du bras, principalement les élévations et les abductions. Il est important de comprendre que la dyskinésie scapulaire est intrinsèquement liée au rythme scapulo-huméral, défini comme le rapport de mobilité entre la diaphyse humérale et la scapula via l’articulation gléno-humérale. 

Important

Toute modification de ce rythme est traditionnellement considérée comme anormale et peut être associée aux symptômes du patient.

Néanmoins, on remarque une faible corrélation entre la scapulagie et la présence de symptômes. Ainsi, dans l’observation de cette condition, il est nécessaire de conserver un regard critique et de prendre en compte d’autres facteurs tels que l’âge, le sexe, l’état de fatigue, le type de sport pratiqué et la présence ou non de douleur.

Astuce

Afin de maîtriser les pathologies liées à l’épaule et les prises en charge adéquates, nous vous recommandons de suivre des cours de kinésithérapie sur le sujet. Prenez un peu d’avance en découvrant notre article sur le syndrome sous-acromial.

Les 3 types de dyskinésie de la scapula

Selon la classification établie par Ben Kibler, il existe trois principaux types de dyskinésie scapulaire. Ceux-ci aident les professionnels de santé à mieux comprendre les variations possibles et à cibler les altérations spécifiques de la scapula lors des mouvements de l’épaule.

  • Le premier type se manifeste par un décollement excessif du bord inféro-médial de la scapula lors des mouvements d’élévation intérieure ou d’abduction latérale de l’épaule.
  • Le deuxième implique un décollement du bord médial de la scapula sur toute sa surface lors de ces mêmes mouvements.
  • Le troisième type, plus rare, se caractérise par un décollement du bord supéro-médial de la scapula. Il faut souligner qu’il est fréquent de relever des asymétries mineures dans les mouvements de la scapula ; restez donc prudent(e) lors de vos conclusions et tenez compte de l’ensemble du tableau clinique du patient.

Bon à savoir

Une formation en kinésithérapie de l’épaule peut vous permettre de développer vos compétences sur l’anatomie complexe de cette articulation et les pathologies qui lui sont associées. Au-delà de la dyskinésie scapulaire, vous explorerez l’anatomie du deltoïde et la coiffe des rotateurs, et pourrez exercer comme kinésithérapeute spécialiste de l’épaule.

Examens cliniques

La recherche de symptômes de dyskinésie scapulaire se fait lors d’un examen clinique, reposant sur trois aspects essentiels :

  • l’observation visuelle ;
  • les manœuvres correctrices ;
  • la palpation.

L’observation visuelle débute par une évaluation de la posture cervicale et thoracique ; le professionnel de santé cherche des anomalies telles qu’une cyphose thoracique excessive, une lordose cervicale, ou une scoliose rachidienne. L’omoplate doit ensuite être inspectée au repos, afin d’identifier de potentielles altérations statiques, pouvant apparaître sous forme de décollement de l’angle inférieur, d’abaissement ou de latéralisation de l’omoplate par rapport à un repère thoracique.

Bon à savoir

Les scapulagies sont souvent plus visibles lors des mouvements de montée et descente du bras ; le patient doit donc se soumettre à ces exercices pour que vous puissiez dresser un bilan et éventuellement observer une fatigue musculaire.

Les manœuvres correctrices passent par les tests d’assistance scapulaire (SAT) et de rétraction scapulaire (SRT) : ceux-ci permettent d’évaluer l’impact de la dyskinésie scapulaire sur la symptomatologie douloureuse, la fonction et la force musculaire.

 

Enfin, la palpation sera utile pour détecter des douleurs dans des zones précises, comme l’apophyse coracoïde ou l’angle supéro-interne de l’omoplate. 

Important

Il est également crucial de rechercher des rétractions capsulo-ligamentaires postérieures lors de votre bilan kiné de l’épaule.

Le score de Morgan

Le score de Morgan, également connu sous le nom de SICK Scapula score, est un outil clinique essentiel dans l’évaluation de la dyskinésie scapulaire en kinésithérapie. Il offre une méthode systématique pour mesurer et quantifier la sévérité de la dyskinésie de la scapula, fournissant ainsi des informations précieuses pour la prise en charge et le suivi des patients.

 

Ce score comprend plusieurs composantes :

  • les douleurs subjectives du patient ;
  • les constatations objectives faites lors de l’examen clinique ;
  • la gravité de la malposition statique de l’omoplate.

En combinant ces éléments, le score de Morgan délivre un compte-rendu global de la condition du patient. Parmi ses caractéristiques les plus importantes : sa capacité à suivre l’évolution de la pathologie au fil du temps. En effet, il permet aux kinésithérapeutes de surveiller la progression de la maladie et d’évaluer l’efficacité des traitements et des interventions de rééducation.

 

Le score de Morgan peut donc servir de point de référence pour mesurer les améliorations ou les régressions, aidant ainsi les professionnels à adapter les protocoles de traitement en conséquence. En outre, cet outil est également utilisé comme un critère de reprise du sport. Il détermine si un(e) patient(e) atteint(e) de dyskinésie scapulaire est prêt(e) à retourner à ses activités sportives en appréciant la stabilité et la mobilité de l’omoplate.

Rappel

Vous ambitionnez de monter en compétences pour devenir un kinésithérapeute spécialiste de l’épaule ? Rejoignez un cursus adapté ! Walter Santé propose un programme de formation en kinésithérapie, centré sur cette articulation multifonctionnelle. Contactez-nous.

Comment traiter la dyskinésie scapulaire ?

Le traitement de la scapulagie en kiné repose sur une approche multidimensionnelle visant à restaurer la stabilité, la mobilité et la fonction de l’omoplate. Les protocoles de traitement sont conçus sur mesure selon les caractéristiques spécifiques de chaque patient, mais suivent généralement un schéma chronologique qui s’articule autour de plusieurs étapes essentielles.

 

En premier lieu, il s’agit de soulager la douleur et de réduire les tensions musculaires, grâce à des techniques de thérapie manuelle comme des étirements.

 

Puis, le professionnel de santé travaille à corriger les anomalies posturales : pour ce faire, il stimule le rachis thoracique et prescrit des exercices visant à ouvrir la cage thoracique et rétroprojeter la tête. Les rétractions capsulo-ligamentaires postérieures de l’articulation gléno-humérale sont par ailleurs couramment associées à la scapulagie. Les kinés doivent donc opter pour des exercices d’étirement ciblés, tels que le Body-cross stretch et le Sleeper’s stretch, afin d’améliorer la mobilité de l’omoplate et de favoriser la rotation interne.

 

Vient ensuite la prise en charge axée sur la récupération de la stabilité de l’épaule. Cette étape inclut le renforcement du grand dentelé et du trapèze inférieur.

 

Enfin, le praticien ayant suivi une formation de kinésithérapie adaptée termine par des exercices fonctionnels, qui intègrent les muscles des membres inférieurs et du tronc, pour faciliter la protraction et la rétraction de la scapula. Le but est de restaurer une fonction scapulaire optimale lors de mouvements complexes du bras.

Bon à savoir

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